Chez moi, à L’Île-des-Sœurs, pendant mes promenades, je rencontre de plus en plus souvent de jeunes Saoudiens. Ça, c’est nouveau ! Ce royaume jadis refermé sur lui-même demande maintenant à sa jeunesse de sortir pour découvrir le monde.
Pour essayer de comprendre ce qui se passe, j’ai lu l’essai de la journaliste chevronnée Christine Ockrent : Le prince mystère de l’Arabie : Mohammed ben Salman, les mirages d’un pouvoir absolu. Ce livre raconte l’incroyable ascension de ce jeune homme capable de brutalité tyrannique, mais qui ambitionne de moderniser son royaume.
Mes nouveaux voisins saoudiens semblent tous aller à McGill ou Concordia. Dommage : on risque de leur transmettre une idée très négative du Québec... Mais ce n’est pas ce dont je veux parler aujourd’hui.
Urgence d’instruire
C’est à la requête de leur prince qu’autant de jeunes Saoudiens vont s’asseoir sur les bancs d’école un peu partout à travers le globe, ai-je appris en lisant Mme Ockrent. Ils seraient quelque 200 000 étudiants saoudiens en ce moment à l’étranger !
Mohammed ben Salman fait la gageure de transformer son peuple en vue de l’après-pétrole. De richissime et arriéré, ce pays gâté pourri doit devenir intelligent, créatif, débrouillard, travaillant. Et ce, en une seule génération !
Scepticisme
Est-ce seulement possible de redresser ce pays corrompu par des décennies d’argent facile qui compte quelque 15 000 princes chèrement payés à ne rien faire ? Je suis sceptique. Imaginez une culture où personne ne travaille ou ne fait le ménage depuis trois générations. Des étrangers sous-payés, quasiment des esclaves, s’occupent de tout.
Le pari du prince semble d’autant plus désespéré que sa famille régnante se maintient grâce à une alliance avec l’islamisme wahhabite, hostile à la modernité... Lorsque les pétrodollars cesseront de pleuvoir, les riches s’exileront avec leurs millions. Sur place, la populace croupira. Triste, mais prévisible. Il n’y aura pas d’Arabie nouvelle, selon moi...