Le ministre Christian Dubé a récemment déposé un projet de loi pour inciter les médecins à accueillir davantage de patients.
Il faut dire que, dans un système qui se targue d’être « universel », il est carrément surréaliste que 1,5 million de Québécois soient privés de médecins en dépit des innombrables réformes qui se sont succédé au fil des décennies. On dirait même que plus ça change, plus l’accès se dégrade.
Ambition
M. Dubé veut que les Québécois obtiennent un rendez-vous en moins de 36 heures. Son ambition est admirable. Mais s’il pense y arriver grâce à davantage de micromanagement ou en comptant sur la collaboration des médecins, il se fourvoie royalement !
Le problème du système de santé n’est pas d’ordre managérial. Accroître la surveillance des omnipraticiens et multiplier les portails web ne résoudra rien. Le problème est de nature structurelle, et le principal responsable est le Collège des médecins qui, pour avantager ses membres, limite les admissions dans les écoles de médecine et la reconnaissance des diplômes des médecins immigrants.
Nos omnipraticiens refusent de travailler davantage ? Soit ! Ne nous lançons pas sur la pente savonneuse de la coercition. Par ailleurs, qui voudrait consulter un médecin qui accueil-lerait ses malades à contrecœur ? En revanche, brisons enfin les chaînes avec lesquelles le Collège des médecins nous asservit impitoyablement.
Courage
Si M. Dubé veut atteindre ses objectifs, il doit trouver le courage d’ignorer les ukases du lobby des médecins. Il doit augmenter substantiellement les admissions dans les facultés de médecine sans réduire les normes de réussite. Il doit faciliter la reconnaissance des diplômes des médecins qui ont déjà immigré, mais qui sont bloqués par l’Ordre. Et il doit privilégier l’immigration d’autres médecins.
Avec pareil virage, parions que les médecins s’arracheront bientôt les patients. Autrement, attendons-nous à ce que les efforts du ministre se terminent au musée des réformes stériles et des illusions perdues.