Allô modèle québécois et ses vaches sacrées
Le patronat et leurs élus ont eu le monde à l’usure en les bombardant de mensonges du genre «le Québec va faire faillite si on ne coupe pas dans les programmes sociaux» supposément de luxe. Et à force de répéter en permanence ces faussetés, grâce à l’appui de certains universitaires, groupes de recherche et journalistes, les gens se sont malheureusement résignés à attendre vingt heures à l’urgence; à ne pas avoir de médecin de famille; à supporter les reports d’opérations ou de scans; à avoir des écoles publiques surpeuplées pleines de moisissures et n’ayant aucun service spécialisé. Pendant ce temps, le PLQ juge approprié d’accorder des baisses d’impôts qui vont profiter surtout aux nantis tout en augmentant les frais de garderie...
Les vrais faits en santé et en éducation au Québec
Les données de Statistique Canada récemment publiées dans Le Devoir du 13 décembre 2017 sont limpides : «Éducation. Le bonnet d’âne pour le Québec. La province arrive dernière au Canada pour les investissements par étudiant». Ça peut-tu être plus clair? Et en plus, selon le Conseil supérieur de l’éducation : «Les écoles québécoises sont les plus inégalitaires au pays» (La Presse Canadienne, 2 novembre 2016).
En santé maintenant, c’est encore le Québec qui est la province qui dépense le moins annuellement par habitant selon les données de l’Institut canadien d’information sur la santé : «C’est au Québec que les dépenses en santé par habitant sont les moins élevées» et aussi : «Provinces où les dépenses par habitant sont les plus faibles. Québec le plus bas suivi de la Colombie-Britannique» (La Presse, 31 octobre 2012 et 2014). Et depuis 2014, en raison des milliards retranchés en santé publique par le PLQ, le Québec a consolidé sa place de bon dernier. En fait, ça fait longtemps que c’est le Québec qui est le plus chiche comme l’indique cet article du Journal de Montréal du 4 novembre 2004 : «Les dépenses par habitant pour la santé sont plus faibles au Québec». Le Québec est donc le pire au Canada qui lui-même n’est pas un modèle comparé aux autres pays : «L’accès des Canadiens aux soins demeure sous la moyenne» (Le Devoir, 29 février 2016).
Par contre c’est au Québec qui a le plus de privé
C’est au Québec qu’il y a le plus de privé en éducation et c’est ici qu’on subventionne le plus, avec des fonds publics, les écoles privées qui n’ont de privé que le nom : «De plus en plus d’enfants envoyés à l’école privée. Au Québec, qui connaît déjà le plus haut taux de fréquentation de l’école privée au pays, l’augmentation s’est chiffrée à 18.1% de 2000 à 2013. Même en Ontario où l’État ne subventionne pas l’école privée, la fréquentation a connu une croissance de 9.4%» (Le Journal de Montréal, 7 octobre 2015). Est-ce qu’il y a moyen de faire une fois pour toutes comme en Ontario, aux États-Unis et en Europe occidentales et couper les centaines de millions de dollars que le gouvernement du Québec verse annuellement aux écoles privées? Il me semble qu’il ne faut pas être bien courageux pour faire ce qui se fait ailleurs, surtout lorsque les lucides et le patronat nous disent que le Québec est plus pauvre que les autres. Ça ne date pas d’hier non plus que c’est le Québec qui est le champion du privé en éducation comme le démontre cet article de La Presse daté du 1er novembre 2005 : «Financement (public) des écoles privées. Le Québec toujours en tête». Et d’après un comité mis en place par le PLQ lui-même : «Les écoles privées financées à 75% (par l’État)» (La Presse, 12 juin 2014).
Idem pour le privé en santé au Québec comme le laissent voir ces articles publiés en 2007 (22 mars) et en 2010 (23 avril) dans La Presse : «Santé. Le Québec champion du privé» et «Cliniques de santé privées. La Québec est la province qui fait le plus de place au privé». Ah oui : «C’est au Québec qu’on attend le plus pour voir un médecin (et encore plus aujourd’hui)» (La Presse, 28 juin 2011). Tout simplement merveilleux. Et vous en voulez plus? Eh bien il y a ceci : «Santé Québec. Parmi les pires urgences en Occident» (Le Journal de Montréal, 3 juin 2016). Bravo, le Québec est sur la «map» et dans le «Guiness Book» des records! Terminons avec : «Des cancéreux de Québec et de l’Est (Beauce) traités à Montréal» (Le Soleil, 21 février 2013). Très bien, car ça permet à ces mourants de changer leur mal de place et ça représente des grosses retombées économiques pour Montréal. Peut-être même plus que le Festival dont il faut se forcer pour trouver ça drôle. Tiens, une dernière sur le sujet : «Tannés, 1000 patients quittent l’urgence sans soins chaque jour» (Le Journal de Montréal, 6 mai 2016). Ce que les gens ne sont pas patients : attendre 20 heures avec un enfant malade à l’urgence, y’a rien là comme le dit le poète. «Les délais d’attente explosent en chirurgie» (Le Journal de Montréal, 7 octobre 2015). Excellente nouvelle. Ça allège les finances publiques et ça permet au PLC d’accorder des baisses d’impôts. Faut être solidaire dans la vie et poser des gestes concrets de fraternité et de reconnaissance envers nos créateurs de richesse quitte à crever : «Mort en attendant l’opération» (La Presse, 6 mars 2010).
Et faut encore couper selon le PLQ et la CAQ
Mes amis, vous voyez bien que tant le PLQ que la CAQ n’en veulent pas de garderies, de santé et d’écoles publiques sauf les services publics que le privé ne veut pas comme les cas d’enfants dits problématiques à l’école et le traitement de maladies longues et coûteuses comme les cancers. Même si le Québec est bon dernier en financement par habitant de son système de santé public, ce n’est pas assez pour des individus comme l’ex-ministre libéral des Finances du Québec, Raymond Bachand : «Dompter le monstre de la santé. Seule une réforme (dans quel genre vous pensez?) permettra l’équilibre budgétaire (le déficit zéro à tout prix par idéologie et pour répondre aux ordres), croit l’ex-ministre Bachand» (La Presse, 26 mai 2014). Un ex-ministre libéral qui qualifie notre système de santé public de «monstre», rien que ça. Aux States, je me demande comment il qualifierait le système de santé privé supposément concurrentiel, mais qui est de loin le plus cher au monde?
Même le chef de la CAQ, François Legault qui est censé incarner le renouveau utilise les mêmes propos dégradants : «Le monstre (santé publique) doit être rendu plus efficace» (Le Devoir, 14 mars 2014). En le privatisant, je suppose? Que c’est donc original comme approche. Je vous le dis, le PLQ et la CAQ, c’est du pareil au même.
Et la solution de Barrette est : «Un débat sur le panier de services s’impose, dit Gaétan Barrette» (Le Devoir, 13 novembre 2015). S’impose qu’il a dit, et rien de moins. On n’a donc pas le choix. D’après vous, est-ce que ça ressemble à un vibrant plaidoyer à la privatisation?
Et maintenant du côté de l’école publique
Les écoles privées financées par l’État à plus de 75% (si on ajoute les fondations d’écoles privées dont les dons sont déductibles d’impôts) et le sous-financement de l’école publique font que : «L’école publique perd du terrain. La population scolaire du réseau privé a connu un bond de 18% depuis 2000» (Le Devoir, 7 octobre 2015). Bravo, c’est exactement ce que veulent le PLQ et la CAQ : sous-financer tous les programmes sociaux et qu’ils offrent des services pitoyables afin de pousser alors le monde vers la santé, les écoles et les garderies privées financées massivement par tout le monde même par ceux qui recourent au public. Alors que le PLQ a sabré 4 milliards$ dans nos services publics : «Les écoles privées gardent leurs subventions. Le ministre libéral de l’Éducation renonce à réduire de 50% ou plus les subventions aux écoles privées» (La Presse, 30 octobre 2014). C’est ce même ministre libéral de l’Éducation, Yves Bolduc, qui a affirmé que : «Augmenter la taille des classes ne nuira pas à la réussite scolaire» (La Presse, 16 décembre 2014). Une vraie honte d’avoir eu ou d’avoir encore des ministres comme Yves Bolduc, Raymond Bachand et Gaétan Barrette. Mais comme le poète le dit : «On a ce que l’on mérite». Québec dernier au pays pour le financement par habitant de l’éducation et de la santé publics, premier pour le privé en santé et éducation et selon la revue McLean, le Québec est la province la plus corrompue du Canada.