La saison des élections est arrivée au Québec et, avec elle, celle des promesses. Ne voulant pas perdre de temps à faire un bilan des quatre dernières années qui, dans son cas, serait plutôt mince, l'Action démocratique a la première brisé la glace cette semaine. Au prochain scrutin, le parti de Mario Dumont espère pouvoir tirer son épingle du jeu avec un programme où quiconque est désabusé des libéraux et des péquistes trouvera une raison de voter ADQ.
Parti bon premier lors de la dernière campagne électorale, le chef adéquiste se retrouve cette fois dans la situation inverse. Il ne sera pas celui contre qui toutes les flèches sont dirigées, mais plutôt celui qui attaque. Depuis le début de sa carrière, c'est dans ce rôle qu'il a toujours été le meilleur.
Le programme dévoilé lundi par Mario Dumont pourrait presque être qualifié d'inoffensif. Le seul élément qui nous rappelle l'ADQ de 2003 est l'abolition des commissions scolaires, dont on saisit mal le fondement. Pas d'épouvantails à moineaux comme l'impôt à taux unique ou les bons d'étude pour le secteur privé cette fois. Ses propositions cherchent plutôt à attirer les électeurs insatisfaits. L'illustre bien la stratégie d'affirmation nationale, qui prévoit notamment l'adoption d'une constitution québécoise et la désignation du Québec comme État autonome. On ne peut être plus racoleur à l'endroit des nationalistes et des souverainistes.
Sur le plan social, l'ADQ reprend par contre ses vieux thèmes qui lui permettront de rejoindre sa base naturelle conservatrice. Ainsi, il s'engage à «aider les familles, toutes les familles», par une allocation familiale «significative» destinée aux enfants ne fréquentant pas une garderie. Aucune surprise non plus avec cette promesse de forcer le retour en emploi des bénéficiaires d'aide sociale aptes au travail.
N'aspirant pas à occuper le fauteuil de premier ministre, Mario Dumont peut par ailleurs se risquer à «appeler un chat un chat», comme il le dit. Il n'hésiterait pas pour sa part à s'attaquer au sujet tabou qu'est pour les péquistes et les libéraux le dégel des frais de scolarité à l'université. D'emblée, il aborde aussi la nécessité d'augmenter les tarifs des services publics, qu'il s'agisse de ceux d'Hydro-Québec, de la Société d'assurance automobile ou des garderies.
Toutes ces propositions, exprimées en langage simple et direct propre au populiste qu'est Mario Dumont, sont résumées en quelques lignes. Pas question de se lancer dans des explications qui donneraient prise aux critiques. L'objectif est de créer autour de l'ADQ un clair-obscur consistant à soulever l'intérêt des électeurs sans attiser leurs craintes. On veut qu'ils se sentent à l'aise, s'ils n'ont jamais voté pour ce parti, de le faire cette fois.
Le pari du chef adéquiste est de faire de son parti une solution de rechange attrayante pour les électeurs qui se situent dans la catégorie des indécis ou dans celle des déçus des vieux partis. Il compte en particulier sur ceux qui ont découvert, après avoir élu Jean Charest en 2003, qu'ils «n'avaient pas voté pour ça» et sur les partisans du Parti québécois que la performance d'André Boisclair à la tête de leur parti laisse pantois. Bref, l'ADQ comme stationnement où des électeurs insatisfaits gareraient leur vote. Cette stratégie fut déjà tentée à l'élection de 1998, sans grands résultats toutefois. Si cela ne marchait pas en 2007, Mario Dumont devrait tirer une certaine conclusion. Cette élection, qui sera sa quatrième, pourrait bien être sa dernière chance.
bdescoteaux@ledevoir.ca
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