Le départ de Bernard Drainville nous fournit une occasion de revenir sur l’un des moments forts de sa carrière politique: le dépôt de sa Charte des valeurs. Sa proposition était-elle parfaite? Sans doute pas. Mais force est de constater que rien d’autre ne s’est fait depuis et que le problème est toujours entier trois ans plus tard.
Bernard Drainville a eu raison de le dire en termes clairs hier: «Rien n’est réglé!» Le Québec est loin d’être à l’abri d’une nouvelle crise des accommodements. Les règles dans la fonction publique, dans les écoles, dans le système de santé demeurent à la discrétion des gestionnaires locaux.
Un gouvernement pas intéressé
À voir la maladresse avec laquelle le gouvernement Couillard a manœuvré avec le projet de loi 59 sur les discours haineux, j’imagine mal la même équipe s’atteler sur un projet de loi touchant nos valeurs communes. D’ailleurs la dernière fois où monsieur Couillard a voulu aborder la question, disons qu’il a trébuché dans son tchador. Parlez-en à madame Fatima Houda-Pepin.
Rien n’est réglé et je persiste à croire que la démarche enclenchée par Bernard Drainville à l’époque était valable. Bien sûr que la conclusion de l’épisode aurait dû être un compromis avec un parti d’opposition qui aurait permis au final d’adopter une version plus modérée de la Charte.
Madame Marois a préféré profiter du momentum donné par la Charte pour se lancer dans une campagne électorale mal avisée et mal préparée. Le résultat fut un fiasco. Le démissionnaire Drainville a entièrement raison d’être frustré que certains péquistes tentent de faire passer la défaite de 2014 sur son dos. La Charte, c’était lui. Mais l’embardée de la campagne électorale devancée, c’était Pauline Marois.
L’appui du peuple
Je me suis permis de retourner dans les données de sondage des dernières années. Deux observations:
1- Tous les sondages de l’époque ont démontré un appui majoritaire des Québécois à la Charte, même avant un compromis pour élargir la base d’appui.
2- Les mois qui ont suivi le dépôt de la Charte, alors que ce sujet dominait l’actualité, constituent la seule pointe depuis le début de la décennie où le PQ est passé clairement premier et s’est approché des 40 %.
Le constat me semble clair: le travail était peut-être perfectible, mais les bases étaient solides.
Si bien des péquistes ont mal évalué la contribution de Drainville à l’époque, certains évaluent mal l’ampleur de la perte aujourd’hui. Il était le plus connu des députés péquistes, l’un des plus appréciés du public, l’un des plus expérimentés, l’un des plus travaillants et l’un des meilleurs orateurs.
Après celui de Pierre Karl Péladeau, son départ fait tout un trou. Imaginez maintenant le défi du prochain chef péquiste qui devra convaincre de nouvelles personnalités du même calibre de joindre son équipe. Tout un contrat!
Bernard Drainville a tout fait pour ménager ses ex-collègues en partant, par courtoisie et loyauté. Mais son geste et ses commentaires en disent long sur son niveau d’optimisme pour les prochaines années du PQ.
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