Résister aux envahisseurs

Résistance au Nord (2)

Tribune libre


Dans une première partie, nous avons résumé ce texte :
État des résistances dans le Sud, volume 15-2008 / 4 de la revue alternatives sud, publiée par Centre Tricontinental (Belgique) et Éditions Syllepse (France).

Nous tenterons ici d’en tirer parti au Nord, comme modèle de résistance aux envahisseurs. Tout comme pour les paysans du Sud, il s’agit de résister à la disparition.


La souveraineté alimentaire, on le voit, ne vient pas d’elle-même. Nos agriculteurs nord-américains l’observent de loin et veulent aussi s’y attaquer. Au Québec, les productions animales furent un temps protégées par une assurance de revenu, pour fournir au consommateur un coût alimentaire raisonnable. Or, la mondialisation par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), conteste sérieusement cette forme de « protectionnisme ». Mais sans elle, la compétition avec les conditions climatiques du Sud condamnerait à la disparition les producteurs d’aliments du Québec. À l’instar des producteurs du monde, les nôtres prônent la souveraineté alimentaire, l’autosuffisance. Les tracteurs sont venus en nombre, cet automne, rue McGill, devant les bureaux du P.M. pour lutter contre les gouvernements de droite, ennemis de l’action communautaire.
Les autres couches de la société québécoise aussi ont senti la nécessité de résister à ces régimes favorables aux profits de capitalistes insatiables. Ils furent particulièrement visibles lors de la visite royale le 10 novembre dernier en face de la caserne des Black Watch. Les privilèges de la monarchie britannique chez nous, habilement occultés par les partis politiques élus sous le parapluie de la « démocratie canadian », ont été l’occasion d’un embryon de coalition visant à mettre en lumière l’invasion croissante de notre minorité par un système trop vorace.

Si rétrograde que l’argument puisse paraître aux yeux des démissionnaires, il faut remonter à la conquête, vieille de 250 ans, pour réaliser que le français n’est que le fait de résistants défaits, du point de vue des concepteurs de la Constitution canadian. Ceux-ci l’ont rédigée suivant les concepts de la monarchie britannique. Et la ruse de Trudeau dans son rapatriement unilatéral, avec une Charte annulant la Charte de la Langue française, fut de cadenasser toute velléité autonomiste des citoyens d’expression française sous la juridiction de la Cour Suprême, mère de toutes les lois du pays.

Sous des apparences conciliantes, le Canada laisse entrer à son parlement un parti officiellement sécessionniste. Et il reconnaît à un parti dit « souverainiste » la légitimité de se faire élire à l’Assemblée nationale, voire d’organiser des consultations populaires sur la volonté du peuple pour l’indépendance. Pourtant, quarante ans d’expérience de ce régime nous démontrent le travail souterrain minant tout effort de retrait de ce pays. À Ottawa, les projets de loi débattus par le Bloc, soit meurent au feuilleton, soit sont battus à la majorité comme le démontre le rédent projet visant au respect de la loi 101 par les instances fédérales sur le territoire québécois. À Québec, les campagnes électorales sont savamment sabotées par une concentration des médias et une démagogie des partis fédéraux noyautés par la riche minorité d’expression anglaise, qui attire facilement les nouveaux arrivants fraîchement assermentés à la Reine. L’argent de nos taxes ne s’arrête pas là. Il nous revient sous forme de « cadeaux » lors des Fêtes nationales, des célébrations historiques et bien sûr, dans les débordements de juridiction comme l’éducation et la culture. Il faut couronner ce sujet par les tactiques Père Noël qu’utilise la Canada au moment crucial d’un référendum : Non respect des règles de financement et contrôle juridique des règles de légitimité de la question posée et de l’interprétation des résultats.

De l’intérieur du Canada, il n’y pas de voie de sortie. Un mur!

Les citoyens l’ont réalisé depuis belle lurette et se sont désintéressés de la chose publique (Res publica). Si besogneux que furent les partis indépendantistes, ils ont justement négligé de démontrer au peuple la vraie signification de la Res publica, de la République, la politique menée par le peuple, pour le peuple. On a plutôt essayé de ruser à l’intérieur de ce labyrinthe qui est en réalité une néomonarchie, où les directives viennent du monarque vers ses sujets.
Peuple désillusionné, parti vers les préoccupations sportives, culturelles, environnementales. Peuple distrait par le pain et les jeux, abondonne au conquérant l’organisation de ses finances, de sa vie. Comme l’oubli dans l’alcool. Pourtant des vigilants sonnent le toxin. On n’a pas « célébré » les 250 ans de la Conquête cet été, On l’a commémorée par la Parole. Ensuite, nous n’avons pas laissé passer ce test ultime que faisait la Couronne sur notre sommeil, le 10 novembre dernier. Nous avons résisté. Et ce n’est qu’un début. Sans tarder, se débarrasser de scrupules légalistes envers la Cour Suprême du Canada. Elle n’a aucune légitimité sur notre Nation.
Ainsi en ont résolu une douzaine d’organismes communautaires prêts à faire l’exercice de redonner confiance en eux-mêmes aux Québécois afin qu’ils cessent de craindre un vote massif pour le pays du Québec, dès que la question leur sera posée clairement. Cet exercice de confiance, nous serons appelés avant longtemps à le pratiquer ensemble, par milliers, en marchant tout le territoire au cri de Fi à la Cour Suprême : Québec libre!
Les organismes qui s’y sont engagés dans un grand rassemblement, à Montréal, le 16 novembre récent, sont :
Société Saint-Jean-Baptiste, Mouvement Montréal Français, Fédération des Travailleurs du Québec, Confédération des Syndicats Nationaux, Centrale des Syndicats du Québec, Parti Québécois, SPQlibre, RPS, Réseau de Résistance du Québécois, Action nationale, Mouvement Souverainiste du Québec, et autres.


LE QUÉBEC EN MARCHE…PIS APRÈS?…
Gérald Larose nous donne des nouvelles fraîches des ÉMEUTES DE LA FAIM, sur Branchez-vous Matin, ce 16 novembre récent : On ne riz pas avec la faim. Et de finauds commentaires prédisent qu’après toute cette mobilisation dans le Sud, toute cette Résistance, spontanée ou planifiée, contre les spéculateurs et charrieurs de populations, la poussière retombera et les affamés disparaîtront des écrans radar, dans l’oubli total…
Semblables finauds commentaires surgiront certainement au sujet des milliers de Québécois qui marcheront bientôt pour leur langue bafouée par une autre nation…
Faut-il parier? Les peuples perdus dans l’oubli, en Somalie ou au Soudan, sont aussi victimes des spéculateurs de l’énergie, pétrole, eau… Ils sont isolés…La nourriture ne leur est plus disponible… jusqu’à l’intolérable pour nous… nous qui savons aussi… qui avons vu les émeutes de désespoir sur tous les continents… nous savons qu’ils vont tôt ou tard rebondir chez nous et réclamer…
Qui serons-nous alors, pour les accueillir, pour compatir? Une nation engloutie par cette masse uniforme de spéculateurs, cette mouvance à pensée unique qui ne jure que par l’effort individuel? Ou bien aurons-nous su Résister à cet envahisseur? Aurons-nous décidé de maintenir notre culture propre, notre identité française, compatissante et accueillante, libre de ses méthodes d’entraide?
Parions que des milliers de Québécois qui auront marché ensemble, sur tout leur teritoire, avant l’arrivée de 2010, pour Désobéir aux diktats de la Couronne, ne voudront plus reculer.

Squared

Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    19 novembre 2009

    Juste pour vérifier si les Vigilants se donnent la peine de tourner la première page de Tribune libre, je demande le vote sur la question implicite du dernier paragraphe de cet article :
    Dans 15 ans, quand débarqueront chez nous les réfugiés du changement climatique,
    Qui serons-nous alors, pour les accueillir, pour compatir? Une nation engloutie par cette masse à pensée unique qui ne jure que par l’effort individuel? Ou bien aurons-nous su Résister à cet envahisseur? Aurons-nous décidé de maintenir notre culture propre, notre identité française, compatissante et accueillante?

    Au vote : A : Assimilés.
    B : Québécois.