Comme il fallait s’y attendre, de nombreux Wallons dans la société civile (non dans les partis politiques), saluent le très important texte que des Bruxellois de tout premier plan ont fait paraître dans le journal “Le Soir” pour faire part de leur volonté d’arriver à une Belgique avec trois Régions autonomes (Bruxelles, Flandre et Wallonie) et, somme toute, rejeter (sauf pour les 70.000 Germanophones à l’est de la Wallonie) le principe des Communautés de langues. Bruxelles en effet est une Ville qui, même si elle est francophone à plus de 90%, est aussi une Ville où la Flandre est présente et ne peut que le rester en regard des principes de justice. Cela suppose que les autorités bruxelloises de l’Etat bruxellois autonome (la Région en vocabulaire belge) puissent traiter de toutes les matières concernant les Bruxellois, tant francophones que néerlandophones, au sein du même gouvernement et ne laissent pas ce soin à ce que l’on appelle en Belgique les “Communautés” qui sont compétentes en matière de langue, de culture et d’enseignement.
Les Wallons autonomistes réclament la même chose depuis... une éternité. Dès les premiers projets wallons de réforme de l’Etat belge (alors unitaire), avant même 1914, les militants wallons ont toujours estimé qu’il y avait en Belgique trois entités possibles: la Flandre, Bruxelles, la Wallonie.
Sans doute, certains Wallons de Bruxelles ont-ils autrefois (et aujourd’hui) rejeté cela, estimant qu’il fallait que la Wallonie garde des liens avec eux. Sans doute aussi, plus fortement, la Flandre veut-elle défendre ses positions à Bruxelles comme la sorte de puissance “extérieure” qu’est sa Communauté qui, au fond, ne fait pas confiance aux ministres flamands de la Région bruxelloise pourtant très bien représentés (de par la Constitution), dans le gouvernement régional bruxellois.
Mais il faut balayer ces peurs tant du côté flamand que du côté bruxellois francophone. Il n’est pas nécessaire que les Wallons ou les Francophones de Bruxelles soient liés au sein d’une entité fédérée pour que leur solidarité s’exprime. Et c’est la même chose côté flamand.
Les Wallons vont répondre OUI aux Bruxellois
Avec des amis des différents Manifestes wallons (celui de 1983 et celui de 2003), nous préparons une réponse positive à ce que j’ai appelé le “nationalisme” bruxellois qui n’est que l’expression de la vraie spécificité de Bruxelles entre la Flandre et la Wallonie, une spécificité telle qu’elle exige qu’y soit créé un Etat fédéré distinct, qui existe déjà en partie.
Nous souhaitons, nous, que la Wallonie joigne à ses compétences déjà très nombreuses, l’enseignement et la culture qui est gérée (d’ailleurs pas très bien), par cette institution gigogne auquel plus personne ne comprend rien, même chez nous, et qui est de plus en plus impopulaire (lors des sondages trimestriels de La Libre Belgique, sur la popularité des divers gouvernements, elle suscite un maximum d’indifférence pure et simple: les gens n’en sont même ni contents ni mécontents, ils l’ignorent).
Quelles sont nos forces, notre représentativité? Celles d’un Manifeste. Il y a – comme dans l’Appel bruxellois du 20 décembre dernier – un certain ton, une certaine qualité des signataires qui font qu’un simple ensemble de phrases, signées par quelques dizaines de personnes, apparaît immédiatement comme un drapeau. C’est le cas de l’Appel bruxellois. Et cela a été le cas de nos Manifestes que la dernière Histoire de Wallonie plaçait au rang des événements les plus importants de la vie de la Wallonie.
En disant que c’est important, je ne fais pas l’important, je considère mes amis et moi-même comme la simple étoffe d’un drapeau, rien de plus: celui de la Wallonie sans doute, mais aussi et plus profondément, celui de citoyens qui entendent bien ne pas se faire confisquer la parole par les partis politiques. C’est le sentiment des Bruxellois dont je parle, cela ne m’étonne pas.
Dire que cet événement était inattendu serait faux: il est dans la logique de la position de la région bruxelloise sur l’échiquier belge. Mais en même temps, tout événement important est inattendu car tout ce qui vit doit aussi surprendre et même un événement attendu finit par surprendre, comme la naissance d’un nouvel être humain qu’on attendait ou le sursaut d’un peuple.
Réponse wallonne au “nationalisme bruxellois”
Chronique de José Fontaine
José Fontaine355 articles
Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur...
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Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur et Mirwart) et directeur de la revue TOUDI (fondée en 1986), revue annuelle de 1987 à 1995 (huit numéros parus), puis mensuelle de 1997 à 2004, aujourd'hui trimestrielle (en tout 71 numéros parus). A paru aussi de 1992 à 1996 le mensuel République que j'ai également dirigé et qui a finalement fusionné avec TOUDI en 1997.
Esprit et insoumission ne font qu'un, et dès lors, j'essaye de dire avec Marie dans le "Magnificat", qui veut dire " impatience de la liberté": Mon âme magnifie le Seigneur, car il dépose les Puissants de leur trône. J'essaye...
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