« Et ce, même si j’aurai vécu 33 de mes 49 ans d’existence au Québec. »
Comme Québécois d’origine extérieure, ces 33 ans vous autorisent largement à vous exprimer en public autant que vous voulez. Et votre influence aurait même été salutaire si vous nous aviez confié ce billet avant les élections. En effet, nous pensons que plusieurs nouveaux arrivants s’intéressent à notre cause en référant à leurs expériences antérieures. Et quelques-uns ont osé parler des pressions que leur religion a pu exercer d’un côté ou de l’autre. Plusieurs dames se sont même portées candidates, se méritant alors des menaces. Nous aurions aimé entendre un tollé de gens comme vous pour dénoncer ces abus, issus de vieilles cultures.
Ce rappel n’a pas pour but d’infirmer votre autre argument, la mollesse des « de souche ». Bon, quelques-uns retouchent un peu, ici, vos pourcentages mais il est toujours vrai de dire qu’il suffirait (encore pour un temps) que les indigènes votent massivement pour que l’affaire se règle, puisque le Canada n’oserait pas contester à la face du monde un désir massif d’autodétermination.
Or, le Canada est plus subtil. S’imposent des considérations historiques, qui peuvent échapper à des gens qui ne côtoient pas assidûment les Canadiens d’expression française. Il faut avoir traversé plusieurs décennies sur le territoire du Québec, seule population de langue française parmi un Canada toujours condescendant envers ceux qui résistaient avec des fourches contre l’Empire (1837-38) pendant qu’à Montréal, on fréquentait déjà l’Université McGill (1821) en anglais. À cette même époque, les fondateurs de la Montréal française vivotaient du Vieux Port, vers le faubourg St-Laurent et le Plateau. Mais les Anglais, ragaillardis par l’écrasement des Patriotes, ont recruté des alliés de Toronto (Simpson) pour ouvrir les grands magasins de la Ste-Catherine et développer les industries ferroviaires dans l’est de la ville, profitant de la main d’œuvre des migrations de « Canadiens- français » ruraux analphabètes.
Ces informations peuvent aider à comprendre l’agressivité latente entre les fondateurs et les populations immigrées d’Angleterre à l’époque. Des tampons sont venus modérer les ardeurs comme les sports professionnels. On voudra connaître les circonstances de l’émeute du forum à la suite de l’injustice à Maurice Richard… les Québécois se sensibiliseront dès lors à toute injustice contre leur groupe, langue des écoles et du commerce, manipulations des boîtes de scrutin dès le XXième siècle (télégraphes), placements obligatoires d’Anglos aux finances, clubs politiques exclusifs, retards scolaires jamais rattrapés à cause de pauvreté familiale et pauvre ambition économique, non étrangère à l’Église catholique.
Tout cela nous mène à un peuple à la fierté rabaissée, à la compétition faible jusqu’à la Révolution tranquille de 1960. De nombreux soubresauts du peuple Québécois ont ensuite été réprimés par le Canada : Octobre ’70, référendums considérés comme guerre contre le Canada, combattus sans « fair play ». Le rapatriement de la Constitution sans l’accord du Québec. Et tout le temps, la concentration des médias aux mains des magnats de la haute finance… La jeunesse actuelle s’est emparée du I-Pod individuel pour se distraire, et s’isoler de ces luttes jamais victorieuses qui ont assommé leur enfance. Boomers vieux combattants, nous les avons négligés, ne leur avons pas transmis l’histoire, qu’ils en sont venus à considérer comme sans intérêt. Votent même contre Nous. Enfin, comme vous le soulignez, nombreux parmi nous, de guerre lasse, sont passés du côté « successful ». L’Empire britannique pratiqua ainsi dans toutes ses colonies, ce qui est convenu d’appeler «Indirect rule » : favoriser les notables en place pour en faire la courroie de transmission des ordres supérieurs. Dans les usines, c’étaient les « foremen » souvent plus rudes que le Maître. Ça leur donnait de la prestance. Ces transfuges portaient les valises du boss dans les grands clubs sociaux. I can speak english faster than you. Leurs descendants insistent pour envoyer leurs enfants à l’école anglaise et de fait, ils influencent leur entourage vers ce phénomène galopant de l’assimilation.
Tout ça explique, sans excuser, nos tergiversations. Nous comptons maintenant sur vous, sympathisants venus du monde, pour nous sauver « in extremis » de l’échec de la colonisation française en Amérique.
Gardons le dialogue
Réponse à cet "importé" qui ne veut pas raser les murs
Étudions l'Histoire du Québec
Tribune libre
Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles
Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latin...
Cliquer ici pour plus d'information
Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
5 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
20 avril 2014Au dénommé « l’importé »,
Une chose est sûre : on ne s’entendra pas!
Terminer sur un blocage comme « pas de paternalisme », c’est déjà du patriarcat colonialiste d’on ne sait où…
Celui qui a vécu ici sans aucune sensibilité pour notre Histoire et qui récidive dans la mathématique tronquée ne peut prétendre aucune empathie pour notre destin. Ça expliquerait que même les journaux fédés refusent votre propos. Vous arrivez ici en disant avoir voté oui en ’95 mais vous n’avez entamé aucune action solidaire. Vous prétendez nous appuyer mais refusez de vous intégrer au peuple d’accueil qui accepte la collaboration des nouveaux arrivants.
Vous finassez sur le pourcentage du noyau dur et vous nous comparez aux pourcentages soviétiques, toujours risibles.
Donc je ne me trompais pas dès le début, vous venez ici nous défier d’être « plus ouverts » comme le font les intégristes. Ça explique les 33 ans de « condescendance ». Les Français qui venaient dans les années ’50 s’étaient essayés à écraser notre fierté. Ils sont repartis. Ceux qui viennent maintenant s’intègrent ou ne collent pas. Et pour ceux que ça intéresse, notre « noyau dur » connaît maintenant un regain de natalité. Et notre combativité s’améliore de jour en jour. Le Québec aux Québécois… de cœur.
Haytoug-L. Chamlian Répondre
19 avril 2014. "Je peux me tromper mais votre réplique cinglante appelle à l’incompréhension qui éloigne parfois les nouveaux arrivants des Québécois."
Heureusement - tant pour moi, que pour vous -, en effet, vous vous trompez, cher Hugues.
Ma réplique n'était nullement cinglante, et j'ai fort bien compris tout ce qu'il y a à comprendre, dans le sujet dont nous discutons.
. "Mon propos fait preuve de la plus grande ouverture possible à votre lettre déjà pas mal biaisée quant à la vérité statistique."
La "vérité statistique" de ma lettre ne change rien, en tout état de cause, à son sens essentiel.
Tout comme vous l'avez-vous-même relevé, avec justesse, dans votre article principal ci-dessus.
Vous savez fort bien que le fameux "noyau dur" ne dépasse pas 35%.
Mettons que le noyau-moins-dur d'élèverait, dans les meilleures "conditions gagnantes" possibles, à 65%.
Comparez cela, je vous en prie, avec les 85% à 99% (vote mono-ethnique de la population originelle) en faveur de l'indépendance des anciennes républiques de l'URSS… Par exemple... Plus le sang largement versé, pour certaines d'entre elles…
. Pour ce qui est de "la plus grande ouverture possible à [votre] propos initial en question", c'est que… voilà… ladite plus-grande ouverture-possible (dont je vous remercie quand même), elle s'apparente à une condescendance que j'ai trop souvent connue durant mes 33(sur 49) dans ce bled original, cher Hugues.
Mais j'ai quand même fait l'effort (moi aussi!) de passer outre, car en ce moment, nous devons tous nous ménager, les uns les autres, les "naufragés de l'Histoire", comme dirait l'autre.
. J'ai 49 ans, certes, comme vous l'invoquez. Mais j'ai aussi 7000 ans derrière moi, Hugues. Alors, de grâce, pas de paternalisme, s'il vous plaît.
Haytoug
Archives de Vigile Répondre
19 avril 2014M. Oughgo, Merci, vous avez fait un bon texte clair.
En peu de mots, vous avez résumé l'histoire des canadiens Français depuis des décennies.
Il y a aussi une chose tres importante qu'il faut souligner, c'est que les Québécois se sont fait endoctrinés par la religion catholique.
La religion catholique a toujours enseignée a leurs adeptes, que les pauvres avaient davantage de mérites, que les riches.
Par cet enseignement, ils ont voulu que les adeptes ouvrent leurs goussets pour leurs en donner pour qu'ils puissent en transmettent aux plus pauvres de notre société, ce qui est honorable en soit et je ne le conteste pas, je l'approuve.
D'ailleurs ce fut l'occident qui a fourni le plus grand nombre de missionnaires dans le monde, et il y a passé des milliers de milliards de dollars.
Cependant, cette générosité des catholiques se retournent contre eux, sans qu'ils ne s'en rendent compte encore.
Les enseignements catholiques charité chrétienne, furent inversés, car notre générosité doit aller aux nôtres avant les autres.
Ces enseignements de charité chrétienne, se transmettent encore en grande pompe, parmi les nôtres, car j'ai souvent des réflexions du genre;
Mais, il faut bien les aider. Comme si c'était des enfants ou encore NOS enfants a qui ont a des devoirs.
Un exemple très concret me vient a l'esprit: En sept. 2012, rapidement après les élections, Mme Marois, M. Lisée, se rendent au Congo, avec en main un cheque de plus de 240,000 dollars(argent emprunté, car nous sommes endetté).
Je venais tout juste de lire l'article "Aide Internationale; Un Raket"
et cet article mentionne que la majorité du temps, cet argent donné sert a acheter des Mercédès aux dictateurs.
En même temps, il y a une émission qui passe a TVA,
"Aider aux suivants" Une dame qui a un handicap, elle est naine et s'occupe seule de trois enfants et a de la misère a joindre les deux bouts.
Ne pensez-vous pas que simplement un petit montant de ce cheque de 240,000 aurait pu permettre a cette petite famille de respirer?
Les occidentaux sont tellement généreux, qu'ils sont prêt a donner leurs bouts de terre aux étrangers et de ne pas en garder pour leurs propres descendants, parce qu'ils associent ce geste au même niveau, que de la charité chrétienne.
http://iluvsa.blogspot.ca/2009/05/from-titans-to-lemmings-suicide-of.html
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
19 avril 2014Haytoug, l'Arménien, "should know better".
Votre réponse précipitée, accrochée à ma seule dernière phrase, après un condensé de notre histoire en une page, ça, ça me laisse pantois, pour vous paraphraser!
Si vous ne me mentionniez pas vos 49 ans, votre attitude me semblerait immature. Plus encore, l'histoire de votre peuple, victime d'un génocide camouflé, porte en général vos congénères à des échanges en profondeur, à la compassion.
Je peux me tromper mais votre réplique cinglante appelle à l'incompréhension qui éloigne parfois les nouveaux arrivants des Québécois. Mon propos fait preuve de la plus grande ouverture possible à votre lettre déjà pas mal biaisée quant à la vérité statistique. Votre attaque spontanée sur ma main tendue porte le Québécois sur son réflexe de l'huître qui se ferme. Nous sommes encore un noyau "de souche" assez déterminés pour se relever d'une défaite autant due à la fourberie fédérale qu'à une pauvre stratégie péquiste. Cinquante ans, pour une lutte de libération, c'est pas si long. Et des groupes de jeunes se montrent ouverts à notre restructuration. Alors si vous voulez y participer, vous êtes les bienvenus, qui que vous soyez de par le monde. Autrement, le Québec saura bien faire, s'il ne se laisse pas faire. Hasta la victoria, siempre.
Haytoug-L. Chamlian Répondre
19 avril 2014Mon cher Hughes (merci pour l'effort, au niveau de votre prénom), votre conclusion rend quand même perplexe. Je comprends l'intention, elle et bienveillante et louable, mais ça me laisse quand même pantois… Les Québécois de souche compteraient donc sur les nouveaux arrivants, pour les sortir du pétrin canadien ?! Mais c'est là un constat terrifiant. Les Québécois de souche doivent régler ce problème entre eux. Sinon, il ne se réglera pas. Jamais. --- Haytoug
P.S. La réponse - fort érudite et édifiante - de Hughes se rapporte à mon texte suivant :
http://www.vigile.net/Alors-que-le-vote-ethnique-fait-ce
(lequel, soit-dit en passant, continue - jusqu'à ce moment - d'être rejeté, même sous forme de commentaire sous d'autres articles, par les médias considérés "majeurs", accrochés sans vergogne à leur monopole de la parole publique.)