Hé, me dit un ami hier, Dubuc te critique ce matin !
Je réponds : Encore ! Bizarre, pourtant j’ai lu La Presse et je n’ai rien vu.
Non, précise-t-il, pas Alain, Pierre.
Ma curiosité est piquée. Pierre Dubuc contribue de manière constante et constructive depuis plusieurs années aux débats du mouvement souverainiste et social-démocrate. De plus, il a récemment noté que lui et moi étions d’accord sur la faute politique que constituaient les fusions municipales à Montréal. [Je suis donc intéressé par son propos->23579]. Et doublement peiné de trouver ce que j’y trouve. Mais d’abord, un détour.
Une de mes premiers billets sur mon blogue de L’actualité portait sur la polémique entre Denise Bombardier et Pierre Floglia. Extrait :
Je suis cependant déçu, dans sa chronique fort bien écrite, d’avoir lu ceci au sujet des témoignages de lecteurs cités par Foglia. Mme B :
Ce sont «des voix qui dérangent parce qu’elles disent tout haut des vérités qu’on n’entend jamais», écrit le chroniqueur.
Or, voici ce que Foglia avait écrit:
Des voix qui dérangent parce qu’elles disent tout bas des vérités qu’on n’entend jamais? Que ce soit bien clair : pas une foutue seconde.
J’ai donc un fort sentiment de Déjà Vu, à la lecture du billet, très moyennement argumenté, de Pierre d’hier. Il utilise la même technique que Mme B. Jugez-en. Il résume ainsi ma pensée :
Pour nous montrer qu’il est prêt à la bagarre sur cette question, il écarte d’un geste impérial la réaction prévisible de la communauté anglophone dont il nous dit qu’elle sera « en furie ».
Or voici ce que j’ai écrit :
La communauté anglophone ne serait-elle pas en furie ? The Gazette et Alliance Québec, oui, c’est dans leur code génétique. Mais 61% des non-francophones y sont favorables, selon Léger Marketing, ce qui est considérable. Les parents anglophones sont aussi intéressés que leurs voisins francophones à voir leurs enfants bien maîtriser leur langue seconde.
Je me serais attendu à davantage d’honnêteté intellectuelle de la part de ce Dubuc-là. Pierre ne conteste pas que l’immense majorité des francophones, 76%, sont d’accord avec ma proposition. Mais il adopte la posture de l’avant-garde nationaliste, affirmant, et je cite, qu’il faut en matière linguistique « protéger contre eux-mêmes » nos pauvres concitoyens qui ne savent pas ce qui est bon pour eux.
Il veut s’appuyer ensuite sur l’exemple de la loi 101. Il écrit : « Il fallait du courage au Dr Laurin et au Parti Québécois pour faire adopter cette loi dont ils savaient qu’elle serait impopulaire auprès d’une frange importante de l’électorat francophone. » En effet, il fallait du courage pour introduire une changement majeur, structurel, qui allait faire entrer dans les écoles primaires et secondaires francophones un grand nombre d’allophones et plusieurs anglophones – ceux arrivés après 1977 – avec les résultats positifs que l’on applaudit tous aujourd’hui. Laurin a mis un terme à la culture du repli et du refus d’accueillir l’autre dans nos institutions qui prévalait depuis des générations. Pierre applaudit, là, ce qui le traumatise dans ma proposition sur les Cégeps. C’est son opinion, respectable.
Cependant il fait une erreur de fait que je lui souligne amicalement. Loin de « protéger contre eux-mêmes » les francophones, le Dr Laurin avait fait réaliser et publier des sondages qui montraient que plus des deux tiers des francophones étaient favorables au projet de loi 101, et cet appui ne s’est jamais démenti. Il n’était pas électoraliste pour autant. Mais en phase avec l’opinion. A méditer.
Réplique amicale de JF Lisée à Pierre Dubuc
Cégep en français
Jean-François Lisée297 articles
Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.
Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québ...
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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.
Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.
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