Comme je le dis toujours, je suis le premier à vouloir, dans tous les domaines, le renforcement de l’État québécois puisque je suis indépendantiste. C’est le but même du projet.
Si, comme tant d’autres, je dépense tant d’énergie, de travail et d’argent à faire la promotion de l’indépendance, c’est parce que je crois qu’on peut gagner. Or, la recette proposée dans le texte paru sur Vigile le 8 décembre 2015 et intitulé ¨La stratégie référendaire; un cul-de-sac¨ est la plus sûre pour perdre... encore une fois!
Cette recette est une simple copie conforme de la stratégie de perdant de Lucien Bouchard qui, alors qu’il avait une majorité de ¨oui¨ dans les sondages au début de 1996, a préféré s’occuper lui aussi ¨des vrais affaires¨ et ¨renforcer l’État¨ plutôt que de foncer vers la victoire. Et lors de sa réélection de 1998, alors qu'il avait bien en mains les rênes de l’État et qu’il avait atteint son déficit zéro, il nous a annoncé qu’on n’avait plus le pourcentage pour faire l’indépendance avant de finalement se sauver quelques années plus tard. Et on a perdu… encore!
Notons ici qu’il n’y a pas de ¨stratégie référendaire¨; il y a un référendum, point!
On ne volera pas leur pays aux Québécois. On ne leur en passera pas une petite vite pour leur faire accepter indirectement un projet dont ils ne voudraient pas directement. Le référendum avec une question claire est donc la seule et unique étape absolument essentielle du processus d’indépendance. Tout le reste en découlera, en particulier tous les gestes d’État énumérés dans l’article cité.
Il existe en effet une seule chose qui soit reconnue internationalement comme étant au-dessus de la constitution d’un pays démocratique, c’est la volonté claire et majoritaire de la population obtenue par voie référendaire. Voilà pourquoi il est essentiel de commencer par là dès le début d’un premier mandat et ce, pour trois raisons principales. La première, c’est qu’on évitera ainsi de réduire l’appui à l’indépendance en gérant une moitié d’État et en coupant à droite et à gauche. La deuxième, c’est que cela nous donnera un mandat en entier pour réaliser l’indépendance. La troisième, c’est qu’avec un ¨oui¨ majoritaire, on aura enfin la légitimité nécessaire pour renforcer l’État en posant tous les gestes illégaux et inconstitutionnels qui sont proposés dans le texte auquel je me réfère.
En effet, n’importe quel avocat vous dira qu’il serait illégal, inconstitutionnel et même illégitime AVANT un vote ¨oui¨ majoritaire de vouloir éliminer la monarchie, remplacer la Cour suprême du Canada ou même restaurer la loi 101 originale dont la plupart des dispositions ont été plus ou moins invalidées par cette même Cour suprême. Comme on n’aurait pas obtenu la permission de la population pour agir de la sorte, cette dernière nous désavouerait et voterait même massivement pour le ¨non¨. Et ce serait une déroute… encore!
Quant à l’idée de lancer une nouvelle commission Keable, de déclarer officiellement que le Québec est une nation distincte, que l’État québécois la représente ou que le Québec ne reconnaît pas la légitimité de la loi constitutionnelle de 1982 qui lui a été imposée, tout cela pourrait et DEVRAIT être réalisé en quelques jours au tout début d’un premier mandat.
La solution pour gagner et pour arrêter de gaspiller éternellement nos énergies en pure perte, c’est que les indépendantistes se servent des trois prochaines années passées dans l’opposition pour convaincre la population que l’indépendance sera une affaire payante et avantageuse. Et ce devrait être le rôle confié à l’Institut de recherche sur l’indépendance du Québec que veut créer PKP. L’idée ici serait de lancer le plus tôt possible le mouvement de ralliement au projet indépendantiste de façon à ce qu’il arrive à son point culminant juste après la prise du pouvoir de PKP. Par bonheur, l’Internet, de nos jours, nous permet de le faire en rejoignant les citoyens sans avoir à passer par les media traditionnels que contrôlent les fédéralistes.
Après avoir pris le contrôle de l’appareil de l’État au cours des premiers mois passés au pouvoir, comme Parizeau l’avait fait en 1994-1995, PKP devrait tenir son référendum et le gagner avant de foncer vers l’indépendance pour enrichir le Québec et ce, sans jamais regarder dans ses miroirs. Napoléon disait que, dans ces cas-là, la meilleure stratégie pour vaincre un adversaire se résumait à deux mots : activité-vitesse. C’est là que devrait être mise en action la fameuse ¨stratégie d’État¨ dont on parle…
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10 commentaires
Pierre Cloutier Répondre
12 décembre 2015Message à René Boulanger
On a eu droit à la souveraineté-association de René Lévesque, puis l'étapisme de Claude Morin, puis le beau risque de René Lévesque, puis l'affirmation nationale de Pierre-Marc Johnson, puis après le court épisode Parizeau qui s'est tenu debout, on a eu les conditions gagnantes de Lucien Bouchard, un court intermède de "projet de pays" avec Bernard Landry (2005), puis la "feuille de route" provinciale d'André Boisclair pour terminer avec la "gouvernance souverainiste" de Pauline Marois.
Vous ne trouvez pas que ça suffit d'essayer encore une fois de nous larguer votre vieille salade qui n'est pas fraîche du tout en tentant de nous faire croire que vous avez inventé les boutons à 4 trous?
La plupart des mesures que vous proposez ne sont pas réalisables dans le cadre du carcan fédéral et vous le savez fort bien. Et avec votre programme, on en a pour des années. Et à 71 ans, j'ai le temps de mourir 3 fois.
Quand on veut un pays, on a le courage minimal de le mettre sur la table, le matin, le midi, le soir, la semaine et la fin de semaine au lieu de fuckailler avec le puck avant d'aller s'écraser sur la bande. On a déjà donné. Merci. Ce sera le pays et rien d'autre. Je trouve cela pénible et pathétique.
Archives de Vigile Répondre
12 décembre 2015Pour répondre à messieurs Nantel et Cloutier, notre analyse est basée sur la portée qu'on pourrait donner à la loi 99, si elle était modifiée dans un sens indépendantiste.
Malheureusement. M.Cloutier, dans une communication qu'il m'a déjà fait parvenir ne donne pas beaucoup de valeur à cette loi. De plus, les québécois français au Québec ne sont pas 82% de la population comme en 95 mais un peu moins de 79%. La réalité a donc changé. Lord Durham a trouvé des émules chez les Libéraux et eux ne se privent pas de se servir de l'état pour avancer leurs pions et minoriser les Québécois francophones.
Pour terminer, un référendum aurait bel et bien lieu mais à la fin d'un processus de redressement de l'état québécois. Qui ne devrait pas être très long, s'il n'en tenait qu'à moi.
René Boulanger
Archives de Vigile Répondre
11 décembre 2015À notre époque où le droit international est de plus en plus malmené, au point ou il est légitime de se demander s'il n'est pas façonné au fur et à mesure des intérêts de ceux qui sont en mesure de l'imposer, le Québec doit-il être le premier des rigoristes ou être davantage attentif aux opportunités géo-stratégiques dont il pourrait profiter ?
Difficile de répondre à cette question une fois pour toute, toutes les spéculations sont possibles. Pour élargir le débat, il faut toutefois savoir que certains États peuvent exister de longues années sans reconnaissance internationale et exercer néanmoins une large souveraineté de facto. La faiblesse du droit international en 2015, ouvre des fenêtres d'opportunité impensables en 1980, voire en 1995. Le Québec est-il concerné ?
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Palestine-Transnistrie-Somaliland-Haut-Karabagh-les-Etats-de-facto-et-la-communaute-internationale-29726.html
Archives de Vigile Répondre
11 décembre 2015'' Cette recette est une simple copie conforme de la stratégie de perdant de Lucien Bouchard ... ''
Il était un perdant lui-même.
Pierre Schneider Répondre
11 décembre 2015Je suis impatient car j'attends cette indépendance depuis plusieurs décennies. Cependant, je retiens des leçons du référendisme prôné par Claude Morin. Dont le fait que le gouvernement d'Ottawa ne respecte pas les règles et ce n'est pas Trudeau Jr qui va changer la donne.
Je veux bien croire qu'un référendum soit un pré-requis en droit international, il n'en demeure pas moins que je crois que cette consultation doit être la dernière étape d'un processus passant par l'adoption d'une constitution provisoire d'une République québécoise.
Pas besoin pour ce faire d'y consacrer des pages et des pages avec toutes les causes interprétatives, mais ce peut être rassembleur si on y exclut tout débat idéologique.
Certains États ont écrit des constitutions résumées sur moins de cinq pages. Des énoncés de principes, quoi.
Une fois cette étape essentielle franchie et adoptée par une majorité de députés de l'Assemblée nationale, on peut alors faire ratifier ce nouveau statut par de consultation populaire avec certitude qu'Ottawa ne pourra intervenir, ce qui est le noeud du problème.
Entretemps, on aura pu faire la plus grande opération de propagande pour le pays du Québec jamais vue depuis plus de 50 ans.
Et tout ce ceci dans un premier mandat. Oh que OUI.
Pierre Cloutier Répondre
11 décembre 2015La stratégie de MM. Laporte et Boulanger est basée sur ce qui se passe en Catalogne, mais les Catalans ne peuvent pas faire de référendum puisque la Constitution espagnole le leur interdit. Le contexte n'est pas le même et c'est pour cela qu'ils ont adopté cette stratégie indirecte plutôt que la stratégie directe. Pas besoin d'avoir un doctorat en sciences politiques pour comprendre cela.
Ce que ces auteurs proposent c'est un plan B, un chemin de traverse qui veut essayer de faire avaler au peuple québécois une pilule qu'ils jugement prétendument amère, en présumant de la réponse négative du peuple et sans avoir mis l'indépendance sur la table et sans combattre.
Ces gens-là ne se sont pas encore remis de leur choc post-traumatique du référendum volé de 1995 et ils ont peur. Peur de quoi au juste? Peur de se faire dire non? So what? Cela ne va pas empêcher la terre de tourner et ces gens, comme moi, de mourir. La vie est courte, vous savez. Pourquoi alors avoir peur?
Quand on veut un pays, il faut avoir le courage minimal de le mettre sur la table. Le matin, le midi, le soir, la semaine et la fin de semaine.
Toutes les mesures qu'ils proposent peuvent être faites, de toute façon, après un référendum gagnant et bon nombre peuvent être réalisées même après un référendum perdant.
La bataille que l'on perd est celle qu'on ne livre pas.
Ils jouent aux grands stratèges d'État et rêvent au pouvoir - le petit pouvoir professionnel provincial - qui a permis à 2 générations de petits arrivistes, carriéristes et opportunistes de squatter le PQ, ceux-là même, à l'exception de Parizeau et de Landry - le projet de pays de 2005 - qui nous ont pondu la souveraineté-association de René Lévesque, l'étapisme de Claude Morin, le beau risque de René Lévesque, l'affirmation nationale de Pierre-Marc Johnson, les conditions gagnantes de Lucien Bouchard et la gouvernance prétendument souverainiste de Tante Pauline.
Maintenant, on essaie de recycler une vieille recette à l'ancienne servie à la moderne et appelée pompeusement doctrine d'État. Que du vent.
On a assez donné et j'espère de tout coeur que PKP ne se laissera pas berner par ce chant des sirènes. On nous fait perdre carrément notre temps. Que les fédéralistes doivent être contents avec de tels adversaires en face d'eux!
On dirait la 5e colonne en action.
Pierre Cloutier
Archives de Vigile Répondre
11 décembre 2015Je suis tout à fait d'accord avec vous, monsieur Nantel. Il est primordial de procéder de façon directe, honnête et légale. Bien beau être pressé mais pas au risque de tout faire rater. Le référendum avec une seule question claire et nette est le moyen le plus démocratique d'atteindre notre but.
Jean-Jacques Nantel Répondre
11 décembre 2015Quand j'entends dire qu'on devrait présenter au référendum une constitution complète avec toutes sortes de clauses plus ou moins désagréables selon qu'on est de la droite ou de la gauche avec, dissimulée à l'alinéa 19.3, une déclaration d'indépendance, je me demande toujours si je voterais ¨oui¨ à un tel référendum.
Car il s'agit clairement d'un truc malhonnête et illégitime pour imposer à la population une foule de changements dont elle ne voudrait pas si on le lui demandait directement. En fait, un référendum aussi intrinsèquement malhonnête aboutirait à une défaite certaine puisque même moi, un pur et dur, j'hésiterais à voter ¨oui¨.
Ce qui est HONNÊTE, c'est de poser une question à la fois - et une question claire - pour que la population décide si oui ou non elle veut que le Québec devienne un pays. Une fois cette question-là réglée, on passerait HONNÊTEMENT à un autre sujet qui serait lui aussi soumis à un vote par référendum.
Notons que les Américains ont depuis longtemps trouvé une solution élégante au problème des référendums multiples: il suffit de tous les faire en même temps au moment d'une élection; c'est-à-dire de présenter par exemple un référendum sur la peine de mort puis un autre, distinct, sur l'avortement, etc. etc.
Ceci étant dit, le référendum sur la souveraineté, à cause de son extrême importance stratégique, devrait ne comporter qu'un seul sujet et une seule question. Car il ne faut pas donner nous-mêmes à des indépendantistes des raisons de voter ¨non¨.
Dieu qu'on en gaspille du temps et de l'énergie sur de faux ¨problèmes¨ qui ont depuis longtemps été discutés et réglés. Les fédéralistes font vraiment un excellent travail de sape...
Marcel Haché Répondre
11 décembre 2015Non mais…Relisez donc encore une fois. J.J.Nantel, le texte de M. René Boulanger, que vous vous efforcez ici de dénoncer bien maladroitement.
Boulanger n’affirme pas du tout qu’il ne faut plus jamais tenir de référendum. Mais c’est rigoureusement vrai par ailleurs que le référendisme est dans un cul-de-sac.
Il propose simplement de remettre le référendum à sa place : à son point culminant d’une lutte politique de Libération. Il y a beaucoup à faire, en effet, avant l’atteinte d’un point culminant.
S’il s’était agi de simplement promettre au québécois qu’ils seraient plus riches avec l’Indépendance, pour que l'Indépendance advienne,déjà les indépendantistes des années soixante auraient été assez futés pour le faire et la faire...
Peter Benoit Répondre
11 décembre 2015Je pense qu'une fois l'Institut mis en place, la suite des choses va vraiment dépendre de la vitesse qu'on produira et diffusera les études qui, à mon avis, seraient sujet à modifications par les commentaires judicieux des citoyens. Et il faudra avoir la réponse à toutes les questions, notamment la monnaie et la gestion de la dette.
La force de cet Institut est qu'il provoquera un débat permanent sur l'indépendance et faire contrepoids aux fédéralistes. La seule condition que je me permets de souligner est qu'il faut que ces études soient bien faites et sérieuses; c'est à partir de ce moment qu'une mobilisation efficace pourra se faire.
Il ne faut pas prendre les fédéralistes pour des imbéciles: Ils ont le souvenir douloureux de la manœuvre "activité-vitesse" de Parizeau en 1994-1995. En 1998, il y avait essentiellement le PLQ et le PQ, mais 20 ans plus tard à la prochaine élection, le vote francophone est plus divisé: PQ, CAQ et QS. Notre stratégie doit donc s'adapter.
PKP a déjà écarté l'idée d'une élection référendaire que les fédéralistes aimeraient
bien tenir. Je pense qu'il faut proposer une constitution dès la première année d'un gouvernement PKP et la débattre. Un vote positif sur cette nouvelle constitution permettrait de déclarer le Québec un pays. Je trouve plus "vendeur" un vote sur une nouvelle constitution qu'un vote sur référendaire sur un pays imaginaire.
Cette nouvelle constitution définirait le rôle des régions, spécifierait les droits des anglophones, des Premières nations, etc. et serait moderne, laïque et républicaine avec possiblement des articles transitoires avec le Canada pour un passage harmonieux vers le pays. Ce serait un vote concret.