"C'est Parizeau qui avait raison." (René Lévesque)
A propos de l'étapisme, "c'est Parizeau qui avait raison" a dit René Lévesque peu avant sa mort. Or cette information a une importance capitale pour le mouvement indépendantiste et pour le choix d'un chef pour le Parti québécois.
Deux phrases qui sont toujours valables résument la pensée de Jacques Parizeau sur le mode d'accession du Québec à son indépendance.
"En régime britannique, le parlement de Québec peut tout faire sauf changer un homme en femme."
"On est entré dans la confédération canadienne sur un vote des députés, on va en sortir sur un vote des députés sans référendum."
Fondamentalement, Parizeau était opposé à l'étapisme. Il a été obligé de l'accepter parce que René Lévesque a suivi Claude Morin et parce que le Parti québécois a adopté cette position sur le référendum à un congrès national. Il a ensuite accepté le référendum de 1980 tout en n'étant pas d'accord avec la formulation de la question qui mettait l'accent sur le mandat de négocier. Il a accepté de faire le référendum de 1995 tout en étant obligé de faire une dure lutte contre Lucien Bouchard qui insistait pesamment sur le partenariat.
Contre l'étapisme, "c'est Parizeau qui avait raison" dit René Lévesque. Je ne sais pas si on se rend compte de l'importance de cet aveu de René Lévesque et de ses conséquences pour les indépendantistes. Cela veut dire que l'étapisme de Claude Morin basé sur le référendum dans la phrase "sans référendum point de salut" a été désavoué par l'auteur de la nationalisation de l'électricité qui a fondé le Parti québécois.
( Parenthèse. Pierre Drouilly et moi avons écrit un livre "Les illusions du pouvoir" en 1981 pour dénoncer l'étapisme à la Claude Morin. Eh bien René Lévesque que nous avons beaucoup admiré nous donne raison.)
Cette phrase de René Lévesque, c'est une condamnation du référendisme qui consiste à mesurer le degré de conviction indépendantiste d'un candidat à la direction du Parti québécois à la rapidité avec laquelle il veut faire un référendum.
Le référendum tel que conçu par le duo Claude Morin-René Lévesque est le coronavirus du mouvement indépendantiste et de la démocratie québécoise. Pendant l'histoire du Parti québécois, à partir de la carte de rappel d'octobre 1973 où est né l'étapisme, Jacques Parizeau a été mis en minorité devant le "sans référendum point de salut" de Claude Morin. La "démocratie" au sein du Parti québécois à laquelle comme bien d'autres j'ai participé n'est pas une vache sacrée. Peu de temps avant sa mort, René Lévesque a dit à des proches y compris Bernard Landry: "C'est Parizeau qui avait raison". Ce qu'il nous dit c'est que sur l'étapisme il aurait dû écouter Parizeau plutôt que de suivre les conseils de Claude Morin.
Les aspirants au poste de chef du Parti québécois qui sont encore englués dans le référendisme devraient y penser deux fois avant de nous entraîner à nouveau dans cette voie sans issue qui a conduit le mouvement indépendantiste "à un champ de ruines". Seul Frédéric Bastien s'en éloigne.
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