L’ex-entrepreneur Tony Accurso devrait être transféré au pénitencier ce mardi en attendant que la juge qui a entendu sa demande de remise en liberté tranche sur son cas.
«M. Accurso n’est pas une personne à la moralité à toute épreuve», a commenté la procureure de la Couronne Magali Cimon en s’opposant à la demande de l’ex-entrepreneur déchu, ce mardi, à la Cour d’appel du Québec.
La semaine passée, Accurso a écopé de quatre ans d’incarcération pour avoir participé au trucage de contrats publics à Laval.
«On parle d’une période de 14 ans où il a été en pleine possession de ses moyens», a plaidé Me Cimon.
Au fédéral
Après avoir passé quelques jours à la prison de Saint-Jérôme, il a été transféré à celle de Rivière-des-Prairies.
Ces deux établissements sont toutefois sous autorité provinciale. Compte tenu de la période d’incarcération, il doit maintenant être transféré au Centre régional de Sainte-Anne-des-Plaines, qui est géré par le fédéral.
Accurso espérait probablement éviter ce «déménagement», lui qui a demandé sa libération en attendant le cheminement de son appel. Car il conteste non seulement le verdict de culpabilité rendu contre lui il y a deux semaines, mais aussi la peine dont il a écopé.
«Il a été en liberté pendant cinq ans [pendant le processus judiciaire] et, quand le verdict est sorti, il n’a même pas été question de révoquer sa caution, a plaidé son avocat Marc Labelle ce mardi. Ce n’est pas quelqu’un à risque de fuir.»
Confiance
Mais même si Accurso est prêt à déposer une caution de 50 000 $, même si son fils James est prêt à déposer 75 000 $ en garantie et même si un ami de l’ex-entrepreneur soutient qu'il s'engagerait à hauteur de 25 000 $, la Couronne ne veut rien savoir d’une telle libération pendant la suite des procédures.
La procureure a plaidé que les arguments d’appel d’Accurso ne sont pas suffisants pour justifier une telle libération. Remettre Accurso en liberté minerait la confiance du public envers l’administration de la justice, a-t-elle ajouté.
Accurso, de son côté, affirme vouloir sortir de prison pour «continuer à s’occuper de la gestion de ses actifs et placements, ainsi qu’à soutenir ses enfants dans leurs entreprises», qui n’ont pas de lien avec la construction.
Auparavant à la tête d'un empire de la construction dont le chiffre d’affaires atteignait un milliard de dollars, Accurso ne vaudrait plus que quelques millions, selon ce qu’avait dit son avocat lors des plaidoiries sur la peine.
La juge Manon Savard a mis l’affaire en délibéré. Sans dire quand elle trancherait, elle a fait savoir que cela serait fait «dans les meilleurs délais», laissant entendre que cela pourrait être fait dans la semaine.