Le premier ministre Philippe Couillard a procédé à un remaniement ministériel majeur, accompagné d’un discours d’assermentation qui avait des allures de discours d’ouverture et qu’il aura fini par ne jamais prononcer. Il a mis la table pour les prochaines élections en dénonçant à plusieurs reprises le repli sur soi qu’il accuse ses adversaires de préconiser. Ce faisant, il attise la division qu’il prétend combattre.
Dans son long discours d’assermentation, Philippe Couillard est revenu trois fois sur l’importance de « favoriser la vie des familles ». Il a aussi insisté sur la qualité d’écoute que son gouvernement doit manifester. « Il nous faut écouter et bien comprendre la population », a-t-il déclaré. Après trois ans à la gouverne de l’État et à un an des élections générales, cela s’impose en effet.
On peut voir là les effets directs de la déconfiture de son parti à l’élection partielle de Louis-Hébert aux mains de la Coalition avenir Québec. Le parti de François Legault et la candidate caquiste, Geneviève Guilbault, ont réussi à damer le pion au Parti libéral dans ce terreau des plus fertiles sur le plan électoral, celui des familles de la classe moyenne. Le chef libéral est déterminé à ce que ça ne se reproduise pas, à plus grande échelle, de surcroît, lors du prochain scrutin.
Philippe Couillard a amorcé son discours en vantant les bons coups de son gouvernement : le Québec est maintenant l’une des économies les plus performantes au Canada et ses finances publiques sont en ordre. Mais il n’a pu éviter de mentionner ce qui ne va pas, du moins pas encore, c’est-à-dire la santé, une responsabilité que Gaétan Barrette continue pourtant d’assumer. « Il reste et restera beaucoup à faire », a-t-il dit. N’en doutons pas.
Dans ce type de discours, les « changements », surtout s’ils sont « rapides » et « profonds », sont une denrée des plus utiles. Le Québec doit se transformer, a soutenu le premier ministre. « Notre rôle est de favoriser cette transformation. »
Sans mentionner la CAQ et le Parti québécois, et bien qu’il soit évident qu’il s’agit de sa cible, Philippe Couillard a avancé que « certains préfèrent tenir un discours pessimiste et de repli sur soi », posant ses troupes comme « des agents d’inclusion plutôt que d’exclusion ». Il a promis de présenter sous peu une politique sur l’intercultularisme, une notion qui, en principe, se distingue du multiculturalisme par une volonté d’intégrer les nouveaux arrivants, tout en respectant la diversité.
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