Rapport Bouchard-Taylor: Pauline Marois se dit «inquiète»

Commission B-T : suites données au Rapport


Caroline Touzin - Si le rapport de la commission Bouchard-Taylor continue d'occuper toute la place au Québec, il en va autrement dans le reste du Canada. Les recommandations sur les accommodements raisonnables y ont fait l'objet de plusieurs articles, mais de bien peu d'analyses. Une explication? Selon la chef du Parti québécois, Pauline Marois, ce n'est pas le contenu du rapport qui déçoit, mais ce qui ne s'y trouve pas. Comme les Premières Nations.


Le Parti québécois n'est pas déçu du rapport Bouchard-Taylor, mais plutôt «de ce qui ne s'y trouve pas» pour solutionner le «malaise identitaire» des Québécois.
Les commissaires Gérard Bouchard et Charles Taylor auraient dû proposer de définir les valeurs communes des Québécois dans des lois, selon la chef péquiste Pauline Marois. «C'est la principale faiblesse du rapport», a-t-elle souligné hier en conférence de presse à Montréal.
Les coprésidents ont aussi mal compris «la réhabilitation du Nous», a-t-elle ajouté. Elle explique que pour MM. Bouchard et Taylor, le «Nous» est à proscrire puisqu'il fonde «le devenir de notre société sur un rapport systématique majorité/minorités». «Ce Nous est inclusif et il s'inscrit dans l'interculturalisme qui doit viser l'intégration. C'est un Nous québécois, peu importe les origines», a répliqué la chef péquiste.
La chef péquiste a néanmoins salué le «travail colossal» des commissaires, avant de les critiquer. «En arrivant à la conclusion qu'aucun remède n'est nécessaire puisqu'il n'y a pas de maladie, les inquiétudes exprimées par les nombreux participants à la Commission se trouvent écartées du rapport. En définitive, ce qui nous semble inquiétant, ce n'est pas ce qu'il y a dans le rapport, mais ce qui ne s'y trouve pas», a expliqué Mme Marois.
Le Parti québécois s'est aussi moqué de la pleine page de publicité achetée par le gouvernement du Québec dans plusieurs médias, hier. «Quand on choisit le Québec, on choisit aussi les Québécois et leurs valeurs», pouvait-on y lire. Le premier ministre Jean Charest tente d'«épater la galerie» plutôt que de prendre la problématique «à bras-le-corps», a-t-elle affirmé.
Dans son mémoire déposé à la commission Bouchard-Taylor, le Parti québécois demandait «l'éclairage» des commissaires sur le port de signes religieux par les employés de l'État. Les commissaires ont tranché, mais Mme Marois a refusé, hier, de se prononcer sur le sujet. Elle veut plutôt revoir MM. Bouchard et Taylor devant une commission parlementaire à Québec pour les questionner sur leurs 37 recommandations.
Par ailleurs, selon Mme Marois, la crise des accommodements a bel et bien eu lieu. Les commissaires sont plutôt arrivés à la conclusion qu'il n'y a pas eu autre chose qu'une «crise de perceptions» causée notamment par les médias. «Oui, il y a eu une forme de crise. Elle était peut-être moins grande que ce qu'on a pu en dire, mais il y en a eu une», a-t-elle dit, refusant de blâmer les médias pour leur couverture des cas d'accommodements raisonnables.
Le Parti québécois propose un renforcement de la loi 101, une Constitution québécoise énonçant les principes et valeurs communes des Québécois, de même que des modifications à la Charte des droits et libertés.


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