Ça faisait partie du plan. L’initiative « L’Autre 150e », promise par Jean-François Lisée dès son élection comme chef du PQ, a été lancée la semaine dernière et, déjà, elle dérange les fédéralistes.
L’idée est la suivante : pour toute l’année, on célébrera, à bon droit, le 150e anniversaire de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, soit la constitution du Canada en une fédération de provinces. À cette occasion, des centaines de millions de dollars seront investis pour susciter la fête et dépeindre une image positive du pays, ce qui est tout à fait légitime.
Cela dit, à travers la
promotion, il est tout aussi légitime de proposer une initiative pour offrir une contrepartie, avec des moyens par ailleurs beaucoup plus modestes que ceux déployés par le fédéral.
propagande
Tout bon festival a sa version « OFF », après tout !
Des réactions
Évidemment — et ça prenait ça pour que le projet lève — ça a fait réagir différents intervenants fédéralistes, dont plusieurs de mes collègues. Encore une fois, c’est légitime et c’est très bien ainsi.
Lise Ravary craint une initiative qui sera pénible pour bien des Québécois attachés au Canada. C’est vrai, mais ceux-là ne sont pas obligés de s’abonner à la page Facebook qui permet de suivre l’événement.
Mon co-Spin Doctor Jonathan Trudeau se demande si cette campagne ne risque pas plutôt d’avoir un effet repoussoir sur la clientèle qu’on vise à rejoindre. Honnêtement, c’est une excellente question, dont on pourra juger à l’usage. Cela dit, pour trouver « les grises barbichettes chicanières », il faudra chercher plus longtemps.
Il y a également Fatima Houda-Pépin qui, sans s’exprimer sur l’initiative du PQ, propose un texte très intéressant sur le côté sombre de cet anniversaire et, plus spécifiquement, sur la démission constitutionnelle de Philippe Couillard. Allez lire, c’est bon. Personne ne lui a reproché de cracher dans la soupe en tout cas.
Finalement, il y a Jean-Marc Fournier qui signe un texte étrange, pétri d’une étonnante hargne en l’endroit de Joseph Facal, où s’adressant à ce dernier et à François Cardinal sur la situation du bilinguisme, il pleurniche quant à L’Autre 150e. On raconte que certains, dans de lointaines contrées, se questionnent encore sur le lien qu'il est allé y chercher.
Cela dit, d'autres au PLQ ont de la suite dans les idées. Démontrant leur volonté d’embrasser l'ère post-factuelle annoncée par Donald Trump, son service des communications s’est fendu aujourd’hui d’une image digne des couvertures des vieux romans « Chair de poule » ou « Frissons » qu’on lisait quand on était ado. Breitbart News n’aurait pas fait mieux.
Le vrai « casseux de party »
Cela dit, il y a un problème avec l’accusation de base qu’on fait à Jean-François Lisée, c’est-à-dire qu’on lui reproche de gâcher le party.
À ça, je répondrai par une question : de quelle fête parlez-vous au juste?
Sentez-vous un enthousiasme débordant pour célébrer le 150e anniversaire du Canada, vous ? Percevez-vous un intérêt délirant de la population ? Moi non plus.
Non, mais, je veux dire, je me souviens de 1992... On nous avait servi une chanson d’une mièvrerie hallucinante, qui passait en boucle à Radio-Canada. De mon jeune âge, je me rappelle que ça avait été un vrai matraquage de célébrations. Ça bougeait. Époque post-Meech oblige, on avait mis le paquet !
(Oui... Ça fait vraiment juste 25 ans... Pas 50...)
Cette année, on dirait plutôt qu’on a oublié qu’il y avait un party à organiser...
Au point où on a même omis de le prévoir à l’agenda du premier ministre ! Justin Trudeau a en effet préféré aller se faire dorer la couenne aux Bahamas chez un riche philanthrope musulman plutôt que de lancer lui-même les festivités de l’anniversaire du pays qu’il gouverne.
Ce n’est pas des farces, même la reine Elizabeth semble avoir plus le cœur à la fête que notre propre premier ministre .
Peu d’intérêt
Ce dont ça témoigne, c’est que le 150e suscite bien peu d’intérêt, même chez celui qui devrait se présenter comme son organisateur en chef. On peut également remarquer que notre très fédéraliste gouvernement libéral à Québec n’a pas non plus souhaité tenir une activité dans notre capitale pour souligner son lancement.
Dans l’absolu, on peut raisonnablement penser que bon nombre de personnes ont été avisées que cet anniversaire avait lieu justement grâce à la campagne présentée par le PQ. En ce sens, la prédiction de mon collègue Jonathan se réaliserait.
L’un dans l’autre, ce sera assez difficile d’accuser Jean-François Lisée de vouloir gâcher une fête à laquelle même Justin Trudeau ne juge pas utile de participer. Il faudra à tout le moins admettre que le premier élément est davantage dans l’ordre des choses que le second.
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