Je suis en mission commandée. Il est minuit, Docteur Laurin. Samedi qui vient, pas samedi qui suit, le Mouvement Montréal français tient son Grand rassemblement annuel. Cela se tiendra donc le 6 juin à 13h30 au parc des Faubourgs, angle Ontario et De Lorimier (métro Papineau). Et, pour l’amour du français, IL FAUT REMPLIR LE PARC! Pour cela, vous pouvez nous aider. Pour cela, vous devez nous aider. Mais certains voudront se faire tirer l’oreille. D’autres se laisseront désirer et, au moment du dernier droit, feront mine d’oublier. D’autres inventeront les excuses les plus folles, les états de santé les plus alarmants. Alors, il ne me reste que cette chronique, ou plutôt cette supplique, pour vous convaincre d’y être.
Vous dire que le français recule à Montréal ne vous apprendra rien. Suffit d’avoir des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Vous dire que si Montréal perd son accent sur le « E », c’est le Québec qui suivra, c’est comme qui dirait une vérité de La Police (montée). Alors que Boston est anglais, que Toronto est anglais, que Winnipeg est anglais, que Philadelphie est anglais, qu’Ottawa est anglais et que Chicago est anglais, voilà-t-il pas qu’un dénommé Rozon voudrait que Montréal soit bilingue… just for laughs! Juste pour remplir ses poches qui sont sans fond. Il ne viendrait jamais à l’idée du petit monsieur (cette épithète, j’y tiens) qu’on ne brade pas une ville pour une poignée de cacahuètes. La singularité française de Montréal est une valeur inestimable pour qui comprend qu’un territoire de langue française en Amérique du Nord est un atout pour le commerce, le tourisme et les échanges de toutes sortes. Au contraire, bilinguiser pave la voie à l’anglicisation lente, sûre et certaine et, du coup, nous fait rentrer dans la banalité nord-américaine, mais pour occuper quel rang? On n’a que faire d’une autre mégapole anglophone… et il y a déjà New Orleans pour se donner une petite « french touch » sans conséquence.
Samedi qui vient, pas samedi qui suit, il faut faire un effort pour se rendre au parc des Faubourgs, toute affaire cessante. Montréal n’est pas une ville bilingue, voilà pourquoi l’on accourt au parc des Faubourgs. Au parc, citoyens! Que vous soyez de toutes origines, de toutes couleurs comme Benetton, défendre Montréal français, c’est aussi défendre la diversité culturelle, c’est aussi contrer l’hégémonisme anglo-américain, faire dévier de sa voie le rouleau-compresseur de l’anglais qui nivelle. C’est un combat d’avant-garde et non d’arrière-garde, comme le prétendent les imbéciles heureux.
Quoi faire pour « faire sortir le vote », vous faire sortir de chez vous le 6 juin prochain, renoncer au confort et à l’indifférence? Quel dieu invoquer? Je vous chanterais bien « Mummy », qu’interprétait Pauline Julien et que reprend Geneviève Lenoir avec autant de talent, mais je chante comme une casserole. Je vous lirais bien des textes du linguiste Claude Hagège, du poète Gaston Miron, je vous referais cent une fois le poème Speak White de Michèle Lalonde, mais je n’ai pas de beaux cheveux blonds. Je pourrais encore vous provoquer en rameutant le poète Claude Péloquin et ses célèbres vers : « Vous êtes pas tannés de mourir, bande de caves? C’est assez! », mais certains d’entre vous n’apprécieraient pas cette manière. Alors, il faudrait que je vous en supplie, que je vous dise qu’à deux pas de la Maison Ludger-Duvernay, siège social de la SSJB de Montréal, il y a des néons « Open » sur la devanture des commerces, qu’un dépanneur en biais avec l’auguste société continue de nous accueillir qu’en anglais, quand bien même la majorité de sa clientèle est française.
Pour que vous veniez samedi, il faudrait que j’aie votre numéro de téléphone et que je le laisse aux dizaines de téléphonistes bénévoles qui sans relâche présentement appellent les Montréalais à la résistance, à ne pas prendre les choses à la légère, à se tenir DEBOUT pour le français. N’attendez pas non plus que votre parti politique vous incite à y aller, car il ne le fera sans doute pas, tout simplement parce que le Mouvement Montréal français a des objectifs qui dérangent, comme le fait de prôner un seul méga CHU français pour Montréal, qui est pourtant d’une logique élémentaire. Comme le fait de prôner le cégep français pour les immigrants… Raison de plus alors pour vous pointer le 6 juin et envoyer un message à votre parti, qui dirait, comme dans la si belle chanson de Paul Piché : Voilà ce que nous voulons!
Parlant de chanson, il y aura des artistes entraînants côté scène, avec notamment le groupe Bernadette, qui est un mélange entre Mes aïeux et les Cowboys fringants, idéal pour les 7 à 77 ans. Car n’hésitez à amener votre progéniture, c’est un rassemblement qui est aussi festif. Bien entendu, il y aura quelques discours, mais ils seront courts et percutants.
Certains auront l’excuse de travailler, mais bon, qu’est-ce qui vous empêche de déclarer que votre grand-mère est décédée, après tout, votre patron aura sûrement oublié la dernière fois qu’elle est morte. Côté éthique, qui a-t-il de mal à ce que les défunts soient réquisitionnés de temps à autre quand il s’agit d’une bonne cause? Et ne me faites pas le coup du gazon à couper… il peut attendre comme le mien. Venez en famille, avec vos voisins, apportez quelques collations, une pomme et un drapeau, vous êtes libre. Le français a besoin de vous et comme le dit le slogan du rassemblement : Une langue pour tous! Tous pour une langue!
Si d’ici là, vous avez cinq minutes à donner, contactez d’urgence le jeune Philippe du Mouvement Montréal français, responsable de la mobilisation. On le rejoint au 514-843-8851, poste 241. Aucune aide ne sera refusée. Entre-temps, faites circuler l’information auprès de vos amis, sur Facebook, ou autrement… il s’agit là de gestes militants d’une incalculable valeur.
Ma femme n’y sera pas, car elle se remet d’une hospitalisation… alors il faut bien que je la remplace! Pas un centimètre du parc qui demeure inoccupé. Vite, il me faut des volontaires. Je ne refuserai personne. Ce rassemblement doit être GÉANT, on ne peut se permettre d’oublier quelqu’un à la maison. Même le bon Dieu est mis de la partie et prié de faire en sorte qu’il fasse beau. Et, pour ceux qui hésiteraient encore, j’ai inventé un jeu pour l’occasion. Cela s’appelle « Où est JPD? » – je sais, c’est vaguement inspiré du jeu « Où est Charlie? » – cela consiste à me trouver parmi la foule rassemblée au parc des Faubourgs. Qu’est-ce qu’on gagne? Un autocollant du Mouvement Montréal français et un grand sourire! Et que je n’en voie pas un me poser un lapin!
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé