Le partenaire financier du gouvernement dans l’exploration pétrolière sur Anticosti, Maurel & Prom, compte se retirer du projet si Québec refuse d’envisager l’exploitation, comme le répète Philippe Couillard depuis des mois. Une telle situation pourrait forcer l’État québécois à injecter des millions de dollars supplémentaires afin de respecter le contrat en vigueur.
« Maurel & Prom est une entreprise cotée en Bourse qui investit dans des projets d’exploration qui ont un potentiel de valorisation pour ses actionnaires. Dans l’éventualité où le gouvernement du Québec aurait une position qui empêcherait d’avoir des perspectives commerciales dans ce projet, il est certain que ça deviendrait un projet dans lequel il deviendrait impossible pour Maurel & Prom de continuer ses investissements », explique au Devoir Jonathan Gagnon, qui est inscrit au registre des lobbyistes en tant que lobbyiste-conseil de l’entreprise.
Le mandat de lobbying de M. Gagnon précise d’ailleurs que Saint-Aubin E&P, la filiale de Maurel & Prom qui investit dans les travaux d’exploration, « ne peut poursuivre ses investissements dans le projet si aucune perspective commerciale n’est envisageable ». Ce mandat, valide jusqu’au 30 juin, vise notamment le premier ministre, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles et celui de l’Environnement.
L’entreprise, qui mène des projets d’exploration dans plusieurs régions du monde, reconnaît que de telles opérations comportent une part de risque, notamment quant au potentiel réel de pétrole et de gaz naturel. « Mais si le gouvernement ne veut tout simplement plus de perspectives commerciales, ça devient un risque qui va au-delà de ce que l’entreprise est prête à assumer », insiste M. Gagnon.
Non, dit Couillard
Or, le premier Philippe Couillard a justement dit à plusieurs reprises, et ce, depuis novembre 2015, qu’il s’opposait à la poursuite des forages avec fracturation sur l’île sise en plein coeur du golfe du Saint-Laurent. Il a notamment souligné que le « saccage » ou la « destruction » d’Anticosti par l’industrie pétrolière ne porterait jamais sa signature.
Des signaux qui inquiètent l’entreprise française Maurel & Prom, qui veut maintenant « connaître les intentions gouvernementales », souligne leur lobbyiste-conseil. En clair : « Est-ce que l’objectif pour lequel Hydrocarbures Anticosti a été créé tient toujours la route ? » Il n’est pas question de « forcer » le gouvernement à poursuivre le projet, mais bien de savoir « s’il y a toujours un appétit » pour l’exploitation d’un éventuel gisement de pétrole et de gaz de schiste.
Est-ce que le gouvernement souhaite aller vers l’exploitation pétrolière sur Anticosti ? « Comme mentionné à de nombreuses reprises, le gouvernement s’est engagé à respecter le contrat le liant à Hydrocarbures Anticosti S.E.C. en ce qui concerne l’exploration sur l’île d’Anticosti, et ce, dans le respect des lois et règlements environnementaux en vigueur », répond le cabinet du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand. Son attachée de presse, Véronique Normandin, précise qu’« il y a eu des discussions et des rencontres entre le gouvernement et l’entreprise », mais que la nature des échanges n’est pas « de nature publique ».
ANTICOSTI
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