Les grosses ficelles de Québec Solidaire

« Québec Libre » sans risque, juste pour récupérer les indépendantistes déçus du PQ à Québec et pouvoir continuer à se prétendre souverainiste

Le jupon « fédéraste » dépasse

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Chronique de Richard Le Hir

Il y a quelque chose de pervers dans la démarche de Québec Solidaire. Après avoir étiré au maximum les délais pour répondre finalement par la négative à l’offre d’alliance du PQ afin de lui infliger le plus grand dommage possible, voici que QS ouvre sa campagne électorale à Québec sur le thème du « Québec Libre ». 


La manœuvre est grossière, trop même pour qu’on la qualifie de machiavélique. En fait, elle n’atteint pas la cheville de Machiavel. On est dans le petit, le crasse, le minable, le registre qu’affectionnent justement tant les fédéralistes qui n’ont que mépris pour l’électorat québécois. 


La région de la capitale nationale, bien connue pour son fort penchant à droite, ne constitue pas un terreau très fertile pour les idées de la gauche sociétale pseudo-progressiste que véhicule Québec Solidaire, et encore moins pour l’indépendance du Québec, comme on le sait depuis le référendum de 1995. 


Très froidement, très cliniquement, et très cyniquement, Québec Solidaire a conclu que son seul moyen de se gagner des votes à Québec lors de la prochaine campagne électorale était de récupérer les référendistes à tout crin du PQ qui ont décidé de bouder leur parti traditionnel et son chef pour avoir remisé jusqu’à 2022 leur hochet préféré. 


Québec Solidaire fera donc une campagne différente à Québec de celle qu’il fera à Montréal. On imagine en effet très mal QS faire campagne sur le thème du « Québec Libre » à Montréal lorsqu’on connaît l’importance de ses appuis dans les milieux anglophones et allophones progressistes acquis au multiculturalisme, au culte de la diversité et à la xénolâtrie (du gr. ancien ξενος, l’étranger, et λατρης, l’adoration, donc à l’adoration des étrangers). 


C’est d’ailleurs à cette xénolâtrie que succombait justement ces jours derniers Seamus O’Regan, le ministre fédéral des Anciens Combattants lorsqu’il a déclaré que « les immigrants étaient meilleurs pour créer des entreprises et des emplois que les gens nés au pays ».   


QS ne prend même pas la peine de dissimuler ou d’enrober son forfait pour lui donner un petit vernis de légitimité. Si la chose ne surprend pas chez un parti dont l’existence est entièrement due aux efforts systématiques de Lucien Bouchard pour liquider la gauche du PQ lorsqu’il en était le chef à la fin des années 1990, il est beaucoup plus surprenant de voir une candidate du calibre intellectuel de Catherine Dorion se prêter à un jeu aussi cynique et méprisant pour l’électorat de la capitale nationale et du Québec tout entier. 


Quant à l’électorat anglophone et allophone de Montréal, il sait exactement à quoi s’en tenir, trop heureux qu’il est de participer à la division du vote indépendantiste au Québec et à repousser ce qu’il perçoit comme une menace à sa sécurité multiculturelle diversifiée trans ceci ou cela. QS est truffé d’agents du fédéral qui veillent au grain, tout comme la CAQ d’ailleurs. Pour ce qui est du PLQ, il ne s’en est jamais caché. 


Après les élections, avec la collaboration aussi active que bienveillante de Radio-Canada et des médias fédéralistes à sa traîne, Québec Solidaire pourra se targuer de s’être affiché clairement souverainiste en campagne électorale et continuera de diviser le vote indépendantiste, pesant de tout son poids contre tout effort de regroupement des forces souverainistes. 


Venez ensuite me dire qu’il n’y a pas de « fédérastes » là-dessous. 



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2 commentaires

  • Laurent Desbois Répondre

    8 août 2018

    Sa vision de l’histoire du Québec ???    On la dirait en bonne partie sortie du cerveau d’un militant libéral fédéral bas de gamme récitant le credo du père Trudeau.


    GND, de ce point de vue, est le représentant typique de la jeune gauche radicale, biberonnée à la détestation de la civilisation occidentale, accusée de tous les maux. GND voit le Québec avec les yeux de la gauche radicale américaine.


    Gabriel Nadeau-Trudeau


    Mathieu Bock-Côté , 3 avril 2018


    https://www.facebook.com/laurent.desbois2/posts/10156679125998140


    https://www.journaldemontreal.com/2018/04/03/gabriel-nadeau-trudeau


  • Gilles Verrier Répondre

    7 août 2018

    Merci M. Le Hir de porter à notre attention cette affaire très intéressante.


    On pourrait aussi l'analyser avec profit suivant une approche moins partisane, par exemple en remontant aux sources du Québec libre. Vive le Québec libre est le mot qui rappelle surtout le coup de gueule du général de Gaulle. C'est aussi un mot d'ordre, une expression qui était clamée comme une revendication par les mouvements indépendantistes antérieurs au PQ. Une revendication claire et directe que le PQ n'a jamais fait sienne en soixante ans d'existence. Et pas davantage aujourd'hui ! Pourrait-on aller jusqu'à dire que « Québec libre » est une expression que le PQ a toujours tenue en aversion ? Probablement. En tout cas, « Québec libre » n'a jamais été la marque de commerce du PQ, même si PKP a provoqué l'étonnement en la reprenant un jour. Que l'on se retrouve aujourd'hui avec la cocasserie que Québec solidaire s'en empare, on peut certes lui reprocher de le faire par opportuniste, mais certainement pas de l'avoir volé au PQ. C'est du bon électoralisme pour Qubec solidaire de prendre la place laissée vacante par le PQ. Après tout, ils se battent pour des votes. 


    Le PQ ne dira donc pas Québec libre. Pas plus en 2018 qu'avant. On ne pourra donc pas juger dans son cas qu'il le fisse par opportunisme ou par conviction. La conséquence prévisible - et c'est loin d'être une nouvelle - les patriotes qui se cherchent un parti pour qui voter, que vous appelez les indépendantistes dont personne d'ailleurs ne se réclame, distribueront leur vote entre la CAQ, Québec solidaire, le PQ ou l'abstention. Avec dans tous les cas le sentiment de n'avoir aucun parti qui les représente vraiment.   


    Le refus du PQ de disputer en campagne électorale la légitimité canadienne et l'illégitimité de sa constitution est sa dernière trahison. Québec libre continuera de faire parti des expressions bannies au PQ. Quand on renonce à penser et qu'on se met à la remorque des stratèges marketing, on est à l'égal des autres partis. On se concurrencera donc sur le plat terrain des formules de gouvernance.  Puisqu'il n'est plus question de combat national, plus aucun parti ne se distingue.


    Gilles Verrier