Deux ti-culs se toisent dans la cour d’école. « Maudite tapette », lance l’un. « Ah oui ? » rétorque l’autre, fendant, mais confus, « c’est quoi une tapette ? » « Ben, j’pense que c’est un gars qui en tape un autre », répond le premier.
Chez les adultes, on se traite de raciste à qui mieux mieux, mais personne ne s’entend sur la portée du mot en 2019.
Est-ce une théorie discréditée de l’existence d’une hiérarchie entre les « races » qui, selon la science, n’existe pas ? Une détestation irrationnelle d’êtres humains différents ? La critique politique d’une religion ?
Porter des dreads quand on est blanc, c’est raciste ? Chanter des chants d’esclave quand on est blanc, c’est raciste ? J’ai rangé ma guitare : je ne jouerai plus de blues.
Un Blanc qui se fend en quatre pour convaincre qu’il n’est pas raciste le devient-il doublement ?
Voilà ce qui arrive quand nous ne nous entendons plus sur le sens de mots importants.
Le racisme non blanc ?
En 2017, l’auteure britannique noire Reni Eddo-Lodge a publié Le racisme est un problème de Blancs, une charge à fond de train contre le racisme systémique. Succès monstre et mondial.
Karen Wang, une candidate libérale d’origine chinoise à l’élection partielle de Burnaby South, en Colombie-Britannique, a diffusé un message via l’application WeChat pour demander aux électeurs de voter pour elle parce qu’elle est la seule candidate « d’origine chinoise » du comté, au lieu de voter pour le leader du NPD Jagmeet Singh « d’origine indienne ».
Elle a dû démissionner.
Le multiculturalisme enferme les néo-Canadiens dans l’identité et les querelles de leurs ancêtres. Insister pour qu’ils s’intègrent au « nous » canadien ou québécois serait aussi une exigence raciste.
Racialiser nos rapports sociaux à ce point ne peut qu’accroître le ressentiment qui alimente le racisme et la confusion créée par les accusations de racisme qui fusent de partout.