Depuis une semaine environ, un maelstrom d’informations bidon s’étale au
téléjournal et à la une de votre journal. Chaque chaîne télé, chaque poste
radio, tous ces journaux propriétés de grands trusts médiatiques et chaque
reporter ambitieux à la solde de ces médias obséquieux insistent mordicus
pour vous asséner son commentaire insidieux et vous faire partager son
emphatique interprétation des événements qui ébranlèrent les puissances
impérialistes en septembre 2001.
Cette débauche d’articles dissimule la vérité sur ce qui s’est vraiment
passé en ces jours dramatiques. Mais ce n’est pas ce que Thierry Meyssan
tente d’élucider depuis tant d’années qui devrait vous préoccuper. Quel
intérêt y a-t-il à prouver qu’ils ont dissimulé, caché la vérité,
paraphrasé des contes de fées et psalmodié des contre-vérités à propos de
ces événements tant décriés (1) ? Tout cela n’a aucun intérêt pour les
peuples opprimés.
Ce jour-là, l’Empire a été frappé en plein coeur (New York – Washington –
Pentagone) par des hurluberlus venus d’Orient, d’où l’empire avait extradé
la misère en rapatriant la plus-value, les immenses profits, les ressources
naturelles et les richesses.
L’origine tiers-mondiste des kamikazes ne justifie pas la méthode utilisée
mais elle permet de comprendre le motif de cette action anarchique.
Mais ce n’est pas du tout cette action d’éclat qui constitue le tournant et
l’événement historique le plus important. Cette interprétation des
événements du onze septembre 2001 est l’apanage des médias bourgeois et des
États impérialistes clients ou fournisseurs de l’Empire qui voudraient de
la sorte tous vous embrigader dans un Requiem funèbre orwellien justifiant
la fascisation des États capitalistes, la suspension de l’Habeas corpus,
des libertés civiles et de la présomption d’innocence au nom de la lutte
contre un terrorisme qu’ils ont eux-mêmes financé – et incubé.
Depuis cette journée fatidique du 11 septembre 2001, mère de toutes les
attaques meurtrières, disent-ils, combien d’innocentes victimes, femmes,
vieillards, enfants, honnêtes gens sont tombés sous les bombes terroristes
des faiseurs de paix et de pseudo démocratie ? Des centaines de milliers,
le saviez-vous ? Et des centaines de milliers d’autres ont été blessés soi
disant collatéralement, ou ont retrouvé leur résidence bombardée, leur
champ miné, ou leur usine saccagée, le saviez-vous ? Dans le tiers-monde
essentiellement, voilà pourquoi vous l’ignoriez.
Saviez-vous que depuis 2001 des millions de civils congolais (six millions
environ, des noirs il est vrai !) sont morts assassinés – déchiquetés,
parfois même dévorés – cannibalisés – dans le fond de la savane africaine à
l’abri de la plume indolente et indifférente de nos reporters larmoyant sur
la tragédie new-yorkaise (3 500 victimes) ?
Ils ont répété à satiété à la télé qu’après ces événements tragiques plus
rien ne serait jamais pareil, que notre monde avait changé à tout jamais.
Qu’y a-t-il de plus usuel et familier que les crises économiques
successives, les guerres de rapines et de conquêtes en série, la pauvreté
et les famines endémiques, les SDF et les sans abris harcelés, les jeunes
pourchassés, le chômage et les épidémies, la soif et la faim généralisées
dans tout le tiers-monde ? Les soupes populaires et les comptoirs
alimentaires trop achalandés, les vieillards maltraités et la misère
urbaine dans nos mégalopoles délabrées ? Jamais ce monde du XXIe siècle
n’aura autant ressemblé à celui du XXe siècle mais en plus misérable et en
plus insécuritaire.
On nous apprenait récemment qu’au XXIe siècle au lieu de compter dix mille
organismes super riches concentrant entre leurs mains cupides l’essentiel
de la richesse mondiale, ils ne seraient plus que 737 entités à posséder le
capital et à diriger nos destinées (2). Aucun changement de fond à
l’horizon dans cette information.
Il y a pourtant un aspect qui, lui, a véritablement et radicalement changé
la réalité contemporaine. Cet événement survenu à la suite du onze
septembre n’a pas eu lieu aux États-Unis mais à cause des États-Unis et de
sa mise en oeuvre de représailles guerrières, meurtrières et terroristes.
Jusque-là, si l’on excepte ce que certains ont considéré comme une fausse
victoire du peuple vietnamien (Noam Chomsky), il était convenu que les
petits peuples, particulièrement ceux du tiers-monde, ne pouvaient résister
à la formidable machine de guerre sophistiquée de l’Empire, tout comme il
était admis que tout petit pays devait plier l’échine et verser son tribut
aux magnats de la finance, à la Banque Mondiale, au FMI et aux trusts
impérialistes, dès que le maître de l’Empire leur faisait signe de se
soumettre à leur suzerain.
Voilà que le 7 octobre 2001, aux confins de l’Asie, aux limites de la Chine
impérialiste et de la Russie capitaliste, un petit peuple sous développé,
sans drones ni artillerie lourde, sans avions furtifs ni porte-avions, un
peuple armé de son seul courage et de vieux fusils, tenait tête à l’Empire
et se préparait à lui infliger une défaite cinglante (3). Après l’invasion
afghane dont George W. Bush avait prématurément proclamé la victoire
définitive sur un porte-avion désarmé, alors que ses troupes étaient
incapables de pacifier ce pays temporairement occupé, le monde ne sera plus
jamais le même.
Après la résistance afghane rien ne sera plus jamais pareil, cette fois
l’expression est justifiée.
Depuis lors les États-Unis se dirigent vers la faillite budgétaire et aucun
peuple n’a été assujetti par la force des armes à l’impérialisme
états-unien. Les Ivoiriens poursuivent leur révolte et déstabilisent ce
pays néo-colonial français ; les Iraquiens achèvent de chasser le dernier
soldat Yankee d’occupation ; l’Empire ne réussit rien de palpable ni en
Somalie ni au Pakistan, il y perd même du terrain ; la Syrie et l’Iran
n’ont pas été soumis ; le Liban a chassé le gendarme américano-sioniste de
ses terres en 2006 ; le peuple gazaouïs ne se soumet pas et résiste ; au
Yémen, la partie s’éternise entre l’ancien et le nouveau scélérat candidat
à la présidence ; en Libye rien n’est joué et la résistance persiste et
s’organise (4) ; même en Égypte et en Tunisie l’Empire n’est pas encore
assuré de totalement liquider la révolte populaire avec ses élections bidon
pseudos « démocratiques » (5).
Non vraiment rien ne va plus pour l’Empire américain depuis ce jour où de
noirs avions ont quitté ses porte-avions d’invasion afin de réprimer un
petit peuple qui n’avait rien à voir avec ces attentats macabres du onze
septembre. L’Empire avait juste oublié qu’un autre empire s’était quelques
années auparavant cassé les dents sur ces farouches afghans.
Les crises économiques, financières, boursières, budgétaires récurrentes,
le chômage et la misère humaine, bientôt de nouveaux défauts de paiement,
marquent indubitablement ce nouveau millénaire. Rien là qui soit vraiment
différent d’auparavant, si ce n’est la succession de défaites militaires
américaines. Voilà qui est inédit et terriblement rafraîchissant.
Depuis le 7 octobre 2001 chaque peuple dans le monde a appris que
l’impérialisme états-unien n’était pas invincible, que c’était un tigre de
papier et un colosse aux pieds d’argile que chacun d’entre eux pouvait
battre et chasser de chez-lui en autant qu’il reste uni, déterminé et
combatif.
En effet, le monde a bien changé entre le 11 septembre et le 7 octobre 2001
!
(1) http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=26486
_ (2) http://www.centpapiers.com/737-maitres-du-monde-controlent-80-de-la-valeur-des-entreprises-mondiales/81601
_ (3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_d'Afghanistan_(2001)
_ (4) http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=26500
_ (5) http://www.legrandsoir.info/La-revolution-avortee.html
_ http://www.centpapiers.com/le-maillon-faible-la-crise-arabe-2/64422
Que s'est-il passé le 11 septembre 2001?
Après la résistance afghane rien ne sera plus jamais pareil, cette fois l’expression est justifiée
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