L’indépendance n’est pas un état de choses. C’est un devoir.
Václav Havel
Nul doute que l’avènement d’un pays, en bonne et due forme, en remplacement du statut de province dans une fédération, demande un sérieux effort de réflexion. Il s’agit, en l’espèce, d’être capable de formuler les contours de cette contrée – le Québec – qui soient aptes à frapper l’imagination et à emporter l’adhésion de la majorité de nos concitoyens et de nos concitoyennes.
Jusqu’à maintenant, nos mandataires politiques, à l’Assemblée nationale, ont choisi d’essayer de gouverner dans le cadre constitutionnel canadien, cherchant à ménager la chèvre et le chou. Faisant fi de l’éclatement du pacte entre les deux peuples fondateurs de la fédération, lors du rapatriement unilatéral de la constitution, ils s’affairent comme si rien n’était, en se contentant de jouir de leur statut et en aménageant leur subordination par des effets de manche. Ce qui constitue, en soi, une démarche vouée à l’échec et propice à toutes les dérives.
Mais l’aveuglement volontaire de nos députés-es n’est que la pointe de l’iceberg! Les travaux de Richard Le Hir nous ont largement démontré que d’autres forces sont à l’œuvre et militent à notre dépossession tranquille, à notre aliénation culturelle et à notre assujettissement. Il y a, bien sûr, une caste de privilégiés-es – les oligarques de notre régime – qui n’en finissent plus de tenter de pérenniser leurs avantages. Et surtout d’infléchir nos politiques vers le développement de leurs affaires. Contrer cette influence pernicieuse devrait mobiliser nos meilleures énergies si nous voulons sortir de leurs visions à courte vue centrées sur le néolibéralisme, la pensée unique et l’unidimensionnalité de leur existence.
À preuve, cette famille de faillis, issue de la ville minière de Sudbury (le plan Nord, cela vous dit quelque chose?), qui cherche, par tous les moyens, à retrouver sa respectabilité perdue en s’ingéniant à s’accaparer le pouvoir de décision de nos élus-es, depuis des décennies, selon leur desiderata d’enrichissement, et ce, au détriment de la population québécoise. Elle continue son travail de sape en plaçant ses pions à la mairie de Montréal, au gouvernement du Québec, à la Caisse de dépôt et de placement, à Hydro-Québec, aux Hautes études commerciales, à l’Institut économique de Montréal et dans de multiples conseils d’administration de firmes et d’organisations économiques, sociales et culturelles. Surtout! Elle possède une chaîne de journaux, répartis sur l’ensemble du territoire québécois, qui veillent, par l’influence de leurs chroniqueurs-euses et de leurs éditorialistes, à prêcher la bonne nouvelle aux masses avides de comprendre le monde dans lequel elles vivent.
Nous avons nos ennemis de l’indépendance parmi cette famille richissime et leurs affidés, mais pas seulement! Il faut aussi compter sur certains de nos Anglo-québécois qui, eux, par atavisme, mais surtout par nostalgie d’un temps révolu, voudraient retrouver leur gloire ancienne et, surtout, leur monopole sur les affaires économiques de la Belle province. Ils peuvent tabler sur le pouvoir d’attraction de la culture anglo-saxonne qu’ils ne cessent de propager à travers leurs journaux – The Gazette et le Suburban en sont les plus emblématiques –, leurs médias électroniques, leurs universités et toute l’infrastructure érigée, au fil des ans, dans la vie sociale et culturelle québécoise. Ils demeurent les plus difficiles à convaincre qu’un pays, axé sur le nationalisme citoyen, pourrait être à leur avantage puisqu’ils ne seraient plus considérés comme des rhodésiens, mais bien dans l’optique d’une égalité de fait avec leurs concitoyens. Cette minorité agissante demeure la plus imperméable à un discours qui les délivrerait de leur syndrome de colonisé (face à l’Angleterre, bien sûr!).
Les natifs québécois d’expression française ne donnent pas leur place, en ce qui concerne les petites trahisons – et les grandes – et leur opposition réfractaire à notre émancipation nationale. C’est qu’ils ont tout à perdre dans cet aboutissement, dû à leur position autoproclamée d’élites satisfaites et arrogantes. Le procès de ces collaborateurs-trices (dans le sens plein de la collaboration indigène aux spoliateurs de notre québécitude), issues-es des particularismes de l’«indirect rule», est, depuis fort longtemps, amorcé, ici sur Vigile, en ce qui a trait aux journalistes, aux chroniqueurs-euses et aux pitres de tout acabit travaillant pour la Société Radio-Canada. Mais, il y a plus.
Plusieurs intellectuels-les sévissent dans l’univers médiatique, en cherchant seulement à conforter leur position dans la Cité ou à faire valoir leur marotte personnelle en oubliant le rôle qui est le leur – et que Václav Havel leur rappelait, à juste titre –, soit le «devoir de bien entendre les paroles des puissants, de les surveiller, de crier gare et de prophétiser le mal qu'elles peuvent signifier ou entraîner.» Quatre cas d’espèce devraient attirer notre attention : celui de Mathieu Bock-Côté, celui de Bernard Descôteaux, celui de Michel David et celui d’Antoine Robitaille. Nous laisserons de côté les Pratte et Dubuc de ce monde, ces ex-marxistes-léninistes passés à l’ennemi, corps et âme, au profit des oligarques qui leur signent leur chèque de paie.
Première partie
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6 commentaires
François Ricard Répondre
23 avril 2014Il faut faire simple et direct.
Nous sommes pour l'indépendance. Le Québec sera une république démocratique.
Si élus majoritaires, nous enclencherons immédiatement le processus d'indépendance en proposant à la population une constitution.
Cette constitution pourrait avoir l'air de ceci dans ses premiers articles:
Article 1 : La République Démocratique du Québec a deux assises: la démocratie et la laicité.
Article 2 : La fonction législative est dévolue à l’Assemblée nationale et au Sénat.
L’Assemblée nationale compte 125 représentants : 75 élus au suffrage universel et 50 élus à la proportionnelle. La durée du mandat est de 4 ans.
Le Sénat compte 125 citoyens provenant de 125 districts choisis par tirage au sort.
La durée du mandat: 2 ans.
Article 3 : La fonction exécutive comprend le Président, le Vice-Président et les ministres.
Le Président et le Vice-Président sont élus au suffrage universel.
Article 4: Le pouvoir juridique
Les juges nationaux et les juges de la Cour suprême du Québec sont choisis par la
Commission parlementaire permanente sur la justice de l’Assemblée nationale.
Article 5 : Les partis ,politiques sont financés, de base, par l’État.
Seuls les membres d’un parti politique peuvent contribuer à sa caisse à hauteur de 100$
par année.
Article 6 : Tout citoyen, toute citoyenne, possédant le droit de vote, peuvent se présenter aux pos tes de Président et de Vice-Président.
Article 7 : Le droit à l’information est le droit fondamental du citoyen et de la collectivité de savoir et de faire savoir ce qui se passe et ce que l’on a intérêt à savoir.
Radio-Québec sera chargée de diffuser une information nationale et internationale complète et impartiale.
Article 8 : La matière grise, nos cerveaux, est une richesse renouvelable. Nous nous devons de la bien exploiter. À cet effet, l’instruction sera publique, obligatoire et gratuite.
Obligatoire jusqu’à 18 ans; gratuite à tous les niveaux.
Marcel Bernier Répondre
23 avril 2014@ Micheline Otis
Le pouvoir médiatique doit passer sous la loupe de notre critique constructive. Les gens qui œuvrent dans ce domaine ont joui d'une immunité délétère et il s'agit maintenant de leur mettre le nez dans leurs déjections, puisqu'ils collaborent à notre assujettissement, à notre dépendance et à notre aliénation.
Alors qu'ils se devraient de garder une étanchéité face au pouvoir exécutif et au pouvoir judiciaire, ils en sont rendus à établir des liens incestueux avec ces pouvoirs, le cas de Martine Biron en étant la parfaite illustration.
Il est temps de mettre de l'ordre dans ce fouillis indescriptible du mélange des genres.
Quant au serment d'allégeance à la Couronne britannique et à une puissance étrangère des députés-es de l'Opposition, notre supplique a été vaine et nous nous sommes retrouvés face à une belle indifférence, sauf de la part de Martine Ouellet. De toute façon, c'était prévisible, comme l'avait si bien subodoré Pierre Cloutier, collaborateur, ici sur Vigile, mais il reste que cela nous indique qu'on est encore loin de gens responsables dotés d'une colonne vertébrale digne de ce nom.
Hélène Trudeau Répondre
23 avril 2014Oui Pierre Cloutier on parle d'indépendance dans l'article 1 et on met gouvernance à la poubelle. Mais aussi on se remet à parler à M. et Mme Tout le monde. On refait de l'éducation populaire, on repart l'engagement populaire certes avec Twitter et al, mais aussi en reprenant les petits déjeuners thématiques et autres trucs thématiques DANS LE MILIEU au lieu des cocktails à 100 $ 200 $ qui font peur aux gens ordinaires et créent une caste qui se prend pour une élite. Il faut réveiller la population en lui parlant un langage qui l'intéresse : environnement, sport (des clubs sportifs...), liberté de parole. Il faut expliquer la péréquation comparée aux milliards que les Québécois envoient à Ottawa en impôts, taxes, droits d'accise, taxes directes et indirectes, visibles et cachées. TOUT UN PROGRAMME.
Archives de Vigile Répondre
22 avril 2014M. Bernier,
Puisque vous abordez les problème des médias, j'en profite pour dire que je crains énormément que les médias, en particulier Gesca, donnent plus de place à la CAQ et relèguent le PQ en 3e,voire même en 4e place,
C'est ce qui semble s'annoncer aux nouvelles de RDI et de LCN où on parle de la CAQ en premier. J'ajoute que j'ai trouvé les députés du PQ agir en bons petits gars polis et gentils lors de leur assermentation. On était loin de renoncer à prêter serment à la Reine. Trop risqué!!!
Il va falloir leur rappeler que ce n'est pas en voulant se montrer plus que parfait et en n'osant pas de lever le ton et de dénoncer qu'ils vont attirer l'attention du public.
S.V.P. quelqu'un pouvez-vous m'aider à les remettrer sur la bonne 'track'???????
Marcel Bernier Répondre
22 avril 2014Patience! Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Je travaille, en premier lieu, pour l'émancipation nationale de mon peuple.
Quant à qui serait le ou la meilleur-e leader de la formation politique du Parti Québécois, j'ai ma petite idée, à ce sujet. Cependant, il me manque certaines pièces du puzzle, à savoir les positions qu'ils et elle entend-ent mettre de l'avant pour faire avancer notre char vers cette république axée sur la justice sociale, sur la dignité humaine, sur des principes d'égalité, de liberté et de solidarité.
Je me situe, dans les débats, comme un citoyen engagé, n'en déplaisent à ceux et celles qui voudraient m'enrégimenter dans une cause qui n'est pas la mienne. La seule qui mérite mon entier investissement, c'est la cause du peuple.
Pour ce qui est de l'intellectuel assis par rapport au con, je laisse parler le poète :
J´ai tant de gens à voir, tant d´images..
Des enfants, des femmes, des grands hommes,
Des petits hommes, des marrants, des tristes,
Des très intelligents et des cons,
C´est drôle, les cons ça repose,
C´est comme le feuillage au milieu des roses...
Pierre Cloutier Répondre
22 avril 2014Vous faites des phrases, mais où voulez-vous en venir exactement? Vigile n'est pas la place pour écrire un roman. On a besoin d'idées fortes exprimées clairement et simplement. Mieux vaut un con qui marche qu'un intellectuel assis. Que fait-on avec l'article 1 du programme du PQ? Que fait-on avec la gouvernance souverainiste? Que fait-on avec les mots "souveraineté" et "référendum"? On les garde ou on les jette aux poubelles?
Pierre Cloutier