Pour ouvrir le débat

QS et la question nationale 2016-2018

Aller de l’avant de manière positive et entreprenante

Tribune libre

Tout de la conjoncture politique du Québec nous le montre, depuis les récentes déclarations d’Option Nationale lors de son congrès de fin janvier 2016, en passant par les volontés de « convergence » des Organisations unies pour l’Indépendance animée par Claudette Carbonneau, jusqu’aux appels du pied de Pierre Karl Péladeau : Québec solidaire se trouve sommer de développer des propositions concrètes quant à la question de l’accession à l’indépendance du Québec et des chemins à privilégier pour y parvenir. Or c’est là une question qui est loin d’être simple et dont on ne pourra pas se débarrasser en se contentant de dénigrer vertement le leadership du chef du PQ.

C’est en ce sens que nous avons pensé utile à Presse-toi à gauche d’initier un vaste chantier de débats et de réflexion sur cette question. Histoire de se clarifier les idées, de se faire une tête « un peu mieux éclairée » à ce propos. En ce sens nous appelons tous ceux et celles qui le désirent, à réagir, à écrire, à participer à cet échange que nous lançons aujourd’hui avec ce texte d’envoi : Aller de l’avant de manière positive et entreprenante. En nous, en vous souhaitant un échange/débat le plus fécond et le plus convivial qui soit.

Il ne s’agit ici que de lancer le débat, à travers quelques propositions de fond. Manière de les tester auprès des militants de QS et de commencer à les lancer, pour discussions, dans l’arêne publique. Aussi l’idée centrale qui guidera ce court texte est-elle passablement simple : montrer qu’il serait possible d’ores et déjà de penser à une stratégie d’accession à l’indépendance du Québec qui correspondrait parfaitement aux particularités de QS et qui éviterait tout à la fois deux embûches problématiques : (1) le refus à priori d’unité d’action avec le PQ (ou les Organisations unies pour l’indépendance) ; (2) l’acceptation d’une alliance de facto avec le PQ dans la seule perspective électorale de 2018. En somme il y a un chemin intermédiaire que l’on pourrait choisir de tracer et qui permettrait –ici et maintenant, en ce début 2016— de faire non seulement avancer les idées de QS sur l’indépendance du Québec, mais encore de participer à leur mise en œuvre dans la société toute entière.

De quoi s’agirait-il ?

Un mouvement citoyen pour l’indépendance

De tout simplement mettre toutes les énergies dont nous disposons dans la stimulation d’un véritable « mouvement citoyen pour l’indépendance » ; un mouvement qui pourrait prendre appui –dans la convergence— sur les efforts initiés par les Organisations unies pour l’indépendance, mais qui chercherait à aller plus loin. En s’employant à élargir ses bases et à rendre son fonctionnement plus démocratique, mais aussi en lui définissant un programme de luttes et de mobilisations citoyennes, pensées de manière très concrètes autour de quelques grands axes définis par l’actualité politique qu’affronte le Québec ici et maintenant.

On pourrait par exemple dessiner au moins déjà 4 axes importants renvoyant directement à la question de la souveraineté du Québec et autour desquels pourraient se concrétiser des mobilisation citoyennes grandissantes qu’il s’agira d’animer et de faire croître dans les mois à venir, et cela dans la perspective d’aider à la recomposition d’un large mouvements social indépendantiste : (1) la lutte contre le pipe line Énergie est ; (2) la lutte pour la préservation d’Anticosti ; (3) la lutte contre le traité de libre-échange Asie\Pacifique1 ; (4) la lutte contre l’agrandissement du Port de vrac de Québec2. Ces 4 thèmes touchent tous en effet, chacun à leur manière, à la négation du droit à l’auto-détermination du Québec et mettent particulièrement bien en relief les intromissions sans égards du « fédéral » dans les conditions d’existence et de vie des Québécois, notamment en termes environnementaux.

On pourrait même faire accompagner ces 4 possibles axes par un cinquième –plus global et plus politique— qui semble faire de plus en plus écho à de larges secteurs du mouvement indépendantiste : (5) celui de la lutte pour le droit d’élire une assemblée constituante par le biais de laquelle le peuple du Québec pourra activement affirmer la souveraineté qu’il commencera ainsi à mettre en œuvre.

Travailler d’ores et déjà à l’indépendance

L’intérêt d’une telle approche résiderait pour QS dans le fait qu’il ne se trouverait pas acculer à agir dans le seul cadre de la scène électorale appréhendée de 2018. Et qu’il pourrait développer une intervention sociopolitique originale (en pleine conformité avec ses aspirations profondes) et aucunement sectaire, lui permettant de travailler d’ores et déjà avec tous ceux et celles qui le veulent au développement des luttes pour l’indépendance.

Elle permettrait aussi de voir venir avec plus de sérénité et aussi peut-être dans une meilleure position politique, la campagne électorale annoncée de 2018. Il ne faut pas oublier en effet –et là je pense à tous ceux et celles qui ont dans la tête l’exemple de la Catalogne— que le scrutin uninominal à un tour dont nous pâtissons au Québec et au Canada, ne favorise aucunement un parti comme QS et tend au contraire à dramatiquement « périphériser » le poids qu’il pourrait avoir comme les propositions qu’il pourrait faire. Aussi reste-t-il avant toute chose à QS d’occuper la place qu’il peut le plus facilement prendre ici et maintenant et qui lui permettrait par la suite de se trouver, sans aucun doute, en meilleure position.

N’y-a-t-il pas déjà là une manière de ne pas mettre la charrue avant les bœufs, et de travailler d’ores et déjà activement pour l’accession à l’indépendance, en allant de l’avant de manière positive et entreprenante ?

Qu’en pensez-vous ?


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4 commentaires

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    11 mars 2016

    @ Jean Brilland
    Je vous confirmes que la personne (très crédible et déterminée) en charge de la transition énergétique pour le futur gouvernement du Parti Québécois est déjà nommée.
    L'union se fera sur une proposition de politique d'État d'envergure ; et, je partage avec vous la conviction qu'elle porte sur la transition énergétique.
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mars 2016

    Merci monsieur Mouterde pour cette contribution.
    ___
    Pour faire des milles sur ce que CJ Pomerleau écrit en commentaire publié le 10 mars à 22h34:
    Une véritable quatrième révolution est en cours (https://www.youtube.com/watch?v=q3ewZaZuCTM ) - Cette quatrième révolution, n'est pas celle que Couillard espère (http://www.ledevoir.com/politique/quebec/420321/repenser-l-etat-du-quebec-la-bible-de-couillard ) .
    Ca prendra du courage pour aller chercher ce pouvoir. Pour l'heure, je fais confiance que le silence de PKP est un signe qu'il fourbit ses armes pour la prochaine élection. Il est celui qui doit proposer et Couillard de répondre. Pas l'inverse.
    Cette révolution monsieur Pomerleau, sera énergétique ou elle ne le sera pas. Notre humanité demande cette transition. Elle l'aura via le diktat des oligarques ou par le courage, l'inspiration, et la générosité de leaders comme PKP.
    Pour aller chercher ce pouvoir, PKP doit faire confiance et oser comme Lesage et Lévesque l'ont fait, en s'engageant dans la voie d'une plus grande indépendance énergétique.
    PKP doit dire OUI à un projet porteur qui nous amènera inéluctablement à l'indépendance du Québec et ce, même si le mot référendum, indépendance ou souveraineté n'a pas été prononcé. Nous parlons ici, d'un projet qui obligera une véritable réingénierie de l'Etat et où PKP prends ses décisions pour permettre à ce à projet structurant le voir le jour.
    L'anglicisation de Montréal va se poursuivre à vitesse grand "V" tant et aussi longtemps que nous n'irons pas chercher le pouvoir. La déchirure entre les parties souverainistes et la difficulté persistantes pour ces parties de s'unir, oblige un changement de stratégie.
    Les citoyens doivent donc une fois de plus s'occuper de leurs affaires. C'est par ce mouvement citoyen que quelque chose vas basculer pour les forces souverainistes. Pour ce faire, le PQ, ON, la CAQ, QS devront suivre, voire aider à l'émergence d'un mouvement du peuple pour un Québec libre.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    10 mars 2016

    Il n'y a aucune souveraineté possible hors du pouvoir.
    Les deux raisons pour faire la souveraineté :

    Un- Pour garantir l’existence dans la pérennité de notre nation française en Amérique.
    Deux - Pour rétablir la première condition de la démocratie : « Il n'y a pas de démocratie sans souveraineté » (Jacques Sapir)
    Le véhicule de la souveraineté est l'État, dont le contrôle est le véritable enjeu de la politique ; par qui et au profit de qui.
    La division du vote souverainiste a pour conséquence de livrer le contrôle de notre État aux mains d'un régime animé par un radicalisme idéologique (The fourth revolution) déstructurant pour notre nation et préjudiciable aux laissés pour compte du néolibéralisme.
    Reprendre le contrôle de notre État s'impose comme une nécessité première.
    Québec Solidaire, pour des raisons d'intérêts partisans, n'a aucune intention de signer un pacte avec la Parti Québécois. Et persiste donc à diviser le vote et devenir ainsi un allié objectif des libéraux.
    La convergence devra donc se faire au niveau des militants qui auront compris l'urgence de reprendre le contrôle de notre État. Ce ralliement devra se faire sur des enjeux précis, tel, celui que vous évoquez : le blocage du pipeline Énergie Est.
    JCPomerleau

  • Peter Benoit Répondre

    10 mars 2016

    Je pense que c'est l'IRAI qui sera le point de mire des indépendantistes en suggérant la meilleure approche pour la démarche (référendum ?).
    Pour ce qui est de la proportionnelle, elle devrait faire partie de conditions post-référendaires dans un projet de constitution. Personnellement, je préfère le parlementarisme tel qu'il est malgré ses défauts à une myriade de formations politiques qui rendent un pays ingouvernable et incapable de décider.
    Pour les enjeux de l'élection de 2018, il y en aura pour tous les goûts. Peut-être qu'il faudra avant les élections se partager certains comtés au moyen d'une liste commune.
    Pour éviter l'arnaque que Daniel Breton a subi avec QS, il faudra évidemment une entente écrite.