Le dirigeant indépendantiste catalan Carles Puigdemont a annoncé jeudi d’Allemagne qu’il renonçait à redevenir président de Catalogne et désigné un nouveau venu en politique, Quim Torra, comme candidat à sa succession.
« Notre groupe propose le camarade député Quim Torra à la présidence » de l’exécutif régional, a déclaré M. Puigdemont dans un enregistrement vidéo, après des mois de blocage politique dans la région du nord-est de l’Espagne aux 7,5 millions d’habitants.
Il propose qu’un éditeur catalan de 55 ans, Quim Torra, tente d’être investi par le parlement régional dans les prochains jours.
Figure de l’indépendantisme catalan, Quim Torra a brièvement présidé pendant quelques mois en 2015 la puissante association Omnium cultural.
Inconnu du plus grand nombre dans la région, Quim Torra a fait son entrée en politique tout récemment et présente l’avantage de ne pas être l’objet de poursuites judiciaires.
Dans une publicité électorale diffusé avant les élections régionales de décembre, lui-même s’était présenté aux électeurs en disant : « je suis avocat, éditeur, et j’ai travaillé toute ma vie pour la liberté de mon pays », sous-entendu la Catalogne.
Figurant sur la liste de M. Puigdemont comme personnalité indépendante, il a été élu en décembre au parlement régional où les indépendantistes ont conservé la majorité des sièges.
Jeudi soir, le commentaire de Madrid a été laconique : « Quel que soit le candidat, le gouvernement espagnol rappelle qu’il a l’obligation de respecter la loi et d’être en conditions d’assumer ses responsabilités », s’est limité à commenter une source de l’exécutif espagnol, ajoutant que « la Catalogne a besoin d’un gouvernement légal et effectif ».
L’échéance du 22 mai
Mercredi, le gouvernement de Mariano Rajoy était intervenu pour barrer la route à une réélection de Carles Puigdemont, forçant les séparatistes à présenter un nouveau candidat s’ils voulaient enfin former un gouvernement.
Le Conseil des ministres avait saisi la Cour constitutionnelle pour qu’elle annule une loi votée la semaine dernière au Parlement catalan, censée permettre d’investir en son absence M. Puigdemont, installé hors d’Espagne depuis la sécession mort-née.
M. Puigdemont avait triomphé le 21 décembre aux régionales convoquées par Madrid quand sa liste avait réuni le plus de voix dans le camp indépendantiste.
Mais en l’absence d’élection d’un nouveau président d’ici le 22 mai, les Catalans seraient automatiquement rappelés aux urnes.
En revanche, l’élection d’un président régional qui formerait son gouvernement permettrait à la région de se libérer de la tutelle de Madrid, imposée après la vaine proclamation de la « République catalane » en octobre.
« Le délai pour former un gouvernement avant la convocation d’élections arrive à son terme », a rappelé M. Puigdemont.
« L’intolérance et le manque de respect de l’État envers la volonté des citoyens de Catalogne sont apparus clairement aux yeux du monde », a-t-il accusé, avant d’inciter le prochain exécutif régional à bâtir un pays indépendant.
Carles Puigdemont se trouve en Allemagne dans l’attente d’une éventuelle extradition vers l’Espagne, qui voudrait le juger pour « rébellion » et « détournement de fonds publics ».
Son arrestation par surprise en Allemagne fin mars, alors qu’il était en route vers la Belgique, a certes tourné à son avantage quand un tribunal allemand l’a remis en liberté, en avril, en rejetant l’accusation de « rébellion » formulée par l’Espagne.
Mais reste à savoir ce que va décider finalement le tribunal allemand qui examine cette demande d’extradition.
Les indépendantistes catalans n’avaient jusqu’ici proposé à la présidence de la région que des candidats dont la justice avait bloqué l’investiture.
Outre M. Puigdemont, ils avaient proposé les candidatures de Jordi Sanchez et Jordi Turull, tous deux incarcérés.