GARE À L’ARNAQUE DU SIÈCLE (SUITE ET FIN ?)

Power Corp., Hydro-Québec et les Lucides

La boucle est bouclée, et tout se tient

Chronique de Richard Le Hir

Depuis que j’ai commencé à m’intéresser au dossier de la privatisation d’Hydro-Québec le 26 janvier dernier, je vais de découverte en découverte, et de surprise en surprise. Je me fais l’impression du chat qui, découvrant une pelote de laine, n’arrive pas à en détacher son attention tant qu’elle n’est pas entièrement déroulée.
Cette fois-ci, je crois bien que nous tenons le fin mot de l’affaire, même si nous commencions déjà à avoir une idée assez précise de ce qui se passait. Curieusement, c’est sur un site français que j’ai trouvé la réponse à l’énigme, et c’est pourquoi vous trouvez référence aux Lucides dans le titre. En effet, ceux-ci avaient leur rôle à jouer dans l’extravagant stratagème visant à amener Hydro-Québec sous le contrôle de Power Corp.
Et peut-être même était-ce leur seule fonction.
AVANT DE CONTINUER, J’AI QUELQUES PRÉCISIONS À VOUS FOURNIR QUI REVÊTENT UN INTÉRÊT PRIMORDIAL POUR LES PARTISANS DE L’INDÉPENDANCE DU QUÉBEC.
La France est engagée depuis la fin de la deuxième guerre dans un processus de construction de l’Europe. Au fil des années se sont multipliées les initiatives qui ont eu pour effet de mailler les différents États européens dans un réseau d’institutions présentant de plus en plus un caractère confédéral. Vous me voyez venir ?
Il se trouve qu’un nombre de plus en plus important de Français prend conscience des conséquences qu’aura l’intégration européenne sur la capacité de la France à prendre des décisions qui serviront véritablement les intérêts de la France et des Français. Ça vous rappelle quelque chose ?
Au cours des dernières années, un nouveau parti politique a pris vu le jour, l’Union populaire républicaine (http://u-p-r.fr/?page_id=3), dont la mission est « de faire sortir au plus vite la France du piège européen » comme l’indique son fondateur, le haut fonctionnaire (Inspecteur général des finances) et professeur François Asselineau.
Les motifs qu’invoque ce nouveau parti pour justifier sa présence et son action sur le champ politique français sont presque un calque de celles des indépendantistes québécois.
Qui plus est, ils s’appuient sur une analyse très étayée et d’une très grande force que François Asselineau a développée dans une conférence intitulée « Qui gouverne la France » (http://u-p-r.fr/?page_id=291), et qui comporte un volet historique montrant la communauté du parcours du Québec avec celui de la France.

----
(L'exemple de la construction de l'Union européenne)

Qui gouverne la France: extrait 1
envoyé par thie5286. - L'info video en direct.
----
Pour ceux que la question pourrait préoccuper, je précise que je n’ai aucun lien avec ce parti, et que ce n’est que la semaine dernière que j’ai découvert son existence grâce à Vigile.
Cette conférence dure environ deux heures et elle est divisée en 12 extraits dont le 11e s’articule, après le constat que la situation de la France n’est pas si mauvaise que certains voudraient le faire croire (ça aussi, ça devrait vous rappeler quelque chose), autour de la question suivante : « Mais alors, pourquoi ne cesse-t-on pas de dire que la France est en faillite et qu’il faut prendre modèle sur les américains ? ». La réponse offerte est la suivante : « Parce que des appétits puissants ont intérêt à nous le faire croire, pour nous forcer à vendre notre patrimoine.»
Pour les gens pressés de découvrir « le secret de la Caramilk », placez votre curseur au bas de l’écran du 11e extrait à 05:33 et écoutez la suite. Lorsque vous aurez terminé le visionnement de cette bande, substituez des noms comme Power Corp. aux fonds américains, et Énergie NB ou Hydro-Québec aux nom des entreprises françaises, et vous comprendrez la façon dont se joue chez nous la partie.
----

Qui gouverne la France: extrait 11
envoyé par thie5286. - L'actualité du moment en vidéo.
----
Mais ce n’est pas fini, et c’est là que la manoeuvre devient carrément sordide. Cette partie que je viens de décrire ne peut se jouer que si vous pouvez compter sur un « verrouillage des médias » pour propager les messages qui vous permettront de parvenir à vos fins. Le visionnement du dernier extrait de la conférence est particulièrement éclairant à ce sujet.
On comprend donc l’intérêt de Power à détenir le contrôle de certains médias, et le pourquoi du rapprochement de l’empire Gesca avec Radio-Canada. Mais on doit aussi comprendre que tous ces gros intérêts à travers le monde sont maillés entre eux pour avoir un maximum d’efficacité, et qu’il faut, avant d’entreprendre quelque action, avoir une juste idée de la force de ces intérêts.
On voit donc aussi le rôle que jouait le manifeste des Lucides dans la stratégie de Power pour créer au Québec des « conditions favorables » à la privatisation d’Hydro-Québec. Si l’on peut parfaitement comprendre le rôle que jouait André Pratte dans cette affaire à titre de représentant de son employeur La Presse du réseau Gesca contrôlé par Power, on a beaucoup de difficulté à comprendre ce que venaient faire dans cette galère des gens comme Lucien Bouchard et Joseph Facal. Se sont-ils fait manipuler, ou savaient-ils parfaitement ce qu’ils faisaient, et au bénéfice de qui ?
C’est à travers ces nouveaux médias que sont ici Vigile, et en France le Réseau Voltaire, pour ne retenir que ceux-là, que nous sommes en mesure de découvrir ce qui se trame dans notre dos, à notre insu.
Encore ce matin, Vigile affichait un lien http://www.voltairenet.org/article164899.html avec le Réseau Voltaire sur lequel on pouvait retrouver ceci :
« La SPP (note de RLH aux lecteurs de Vigile : Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité->8271]; cette information peut être confirmée sur le site du gouvernement fédéral [http://pm.gc.ca/fra/media.asp?id=1084) a créé le Conseil pour la compétitivité d’Amérique du Nord (Conseil nord-américain de la compétitivité) qui fonctionne comme un groupe officiel de travail trinational. Il réunit des représentants d’une trentaine de compagnies géantes d’Amérique du Nord, dont General Electric, Ford Motors, General Motors, Wal-Mart, Lockheed-Martin, Merck et Chevron.
Les recommandations du NACC sont axées sur la « participation du secteur privé », considérée comme « un facteur décisif pour améliorer la position concurrentielle des États-Unis sur les marchés du monde et comme un catalyseur de l’innovation et de la croissance ». Le NACC a insisté sur l’importance de la mise en place d’une politique destinée à maximiser les gains. »
« L’agenda fixé par les USA privilégie l’accès sans entrave des compagnies pétrolières aux ressources naturelles canadiennes et mexicaines, notamment au pétrole et à l’eau. Le Conseil de compétitivité US stipule que « la prospérité des États-Unis se base essentiellement sur un approvisionnement sûr en énergie importée ». La sécurité énergétique des USA est considérée comme une priorité absolue, si bien qu’on incite le Canada et le Mexique à autoriser la privatisation des entreprises gérées par l’Etat, comme la compagnie pétrolière publique du Mexique Pemex –Petroleos Mexicanos. En janvier 2008, Halliburton [la multinationale anciennement dirigée par le vice-président Dick Cheney] a signé un contrat avec Pemex d’un montant de 683 millions de dollars pour le forage de 58 nouveaux puits de pétrole dans les États de Chiapas et de Tabasco, ainsi que pour superviser l’entretien des oléoducs. Il s’agit du plus récent des contrats, pour un montant de 2 milliards de dollars, décroché par Halliburton avec Pemex sous les gouvernements de Calderon et de Fox, ce qui, de l’avis de l’opposition, n’est que la façade publique de la privatisation prônée par le capital monopoliste US [1]. La politique des États-Unis cherche aussi à s’assurer un accès illimité aux ressources hydriques (hydro-électriques) du Canada. »
On se souviendra que Paul Desmarais Jr siège au Conseil nord-américain de la compétitivité, en compagnie de David Ganong (l’industriel de la confiserie au Nouveau-Brunswick auquel le premier ministre de cette province, Shawn Graham, avait confié la présidence d’un comité chargé d’étudier et de faire rapport sur la 2e entente entre Énergie NB et Hydro-Québec), et Michael Sabia (http://www.pm.gc.ca/fra/media.asp?category=1&id=1200), entre autres.
L’ampleur de cette machination et les moyens employés sont absolument saisissants et témoignent d’une dégradation sans précédent de la démocratie, non seulement chez nous, mais comme nous le voyons avec cet exemple, dans le monde. Si nous sommes impuissants à régler le sort du monde, appliquons-nous au moins à régler le nôtre. Une enquête publique sur les dessous de cette affaire au Québec s’impose de toute urgence.


Laissez un commentaire



9 commentaires

  • Serge Charbonneau Répondre

    13 avril 2010

    Jean Charest: "Y'é faite".
    Mais qu'est-ce que "Jean Charest" ?
    Un vaillant pion qui aura fait son brin de boulot.
    Qui donc sera le suivant ?
    La corruption, la privatisation ne cesseront pas avec le départ de Charest et même avec le départ des libéraux.
    Ce qu'il faut, c'est mettre en place des moyens d'obligation de transparence et des moyens de révocation comme s'en ont donné certains gouvernements progressistes.
    Nous devrions avoir une Constitution offrant la possibilité de référendum révocatoire. À mi-mandat, comme en Équateur, en Bolivie ou au Venezuela, nous pourrions demander avec la signature de 15% des citoyens, un référendum pour destituer le gouvernement.
    Jean Charest, "Y'é faite", mais qui sera le suivant ?
    Il ne faudra pas se fermer les yeux même si Charest cède sa place.
    Hydro-Québec continuera d'être une compagnie rentable très convoitée par le privé.
    Les États continueront d'être réduits.
    Les impôts continueront d'épargner les gros portefeuilles.
    Les abris fiscaux continueront d'être en fonction.
    Les paradis fiscaux seront toujours utilisés (se souvenir du fameux G20 de Londres (l'an dernier).)
    Jean Charest n'est qu'un pion au service de ces gens qui se réunissent derrière des portes closes et qui décident de notre mode de vie.
    Serge Charbonneau
    Québec
    P.S.: On va tout faire pour transformer la bombe de Bellemare en un pétard mouillé. Et le pire, c'est que cela risque d'arriver. Reparlons-nous-en dans un mois, nous verrons bien si nous serons en campagne électorale!

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    12 avril 2010

    Oui, M. Le Hir, "Y'é faite". Aussi ne pouvons-nous pas dite:" Charest et ses sous-fifres". Charest n'est qu'un perroquet, le dernier des sous-fifres de Desmarais. Suffit de parcourir la liste de ses fréquentations non recommandables dans "La Nébuleuse", P. Bourgeois, éd. Le Québécois, 2008
    McLaren,Mulroney,G.Charbonneau, Cogger, M. Danis, Karlheinz Schreiber, L. Lavoie, etc.

  • Xavier Duval Répondre

    12 avril 2010

    Mr. Le Hir, je crois que vous apprécierez cette vidéo
    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/une-conference-pour-comprendre-le-65148
    Il s'agit d'une conférence de Pierre Hillard, un spécialiste français de politique internationale qui donne une conférence sur le nouvel ordre mondial.
    Personnellement, je l'ai trouvé moins intéressant que mr. Asselineau, mais je crois que ça vaut tout de même la peine d'y jeter un oeil.

  • @ Richard Le Hir Répondre

    12 avril 2010

    @ Lawrence Tremblay,
    M. Tremblay, bonsoir,
    Jean Charest a commencé à tisser il y a longtemps la corde avec laquelle il va se pendre. Il ne reste plus qu'à attendre, et avec les révélations de Marc Bellemare ce soir, ça ne devrait plus tarder longtemps. Comme on dit communément au Québec, "Y'é faite".

  • Serge Charbonneau Répondre

    12 avril 2010

    C'est une mise en lumière efficace que nous fait M. Le Hir.
    Le dessein néolibéral est clair.
    Il s'agit de rendre inopérant le contrôle des États.
    (Réduction de la taille de l'État. C'est-à-dire, faire disparaître ces empêcheurs d'exploiter comme bon leur semble.).
    Réductions des impôts, donc réductions des moyens d'intervention des États.
    (et aussi, par la bande, une légère amélioration des profits).
    Le but de la réduction des impôts n'est pas tant d'améliorer les profits que de rendre caducs les moyens de l'État.
    L'État ne peut plus répondre à la demande des soins de santé. Et hop, le privé s'en occupe (en faisant payer l'utilisateur-payeur bien sûr).
    Les universités sont à l'abandon, et hop! Le privé vient à la rescousse pour former de la main-d'œuvre robot rentable. Et tiens, bourse pour les futurs employés de Exxon, de Power, de Lafarge, de Dofasco, de SNC-Lavalin, de… main d'œuvre sur mesure reconnaissante et rentable.
    Pour qui donc toutes ces magouilles: mise au service de médias, contrôle sur l'économie mondiale, contrôle sur les ressources naturelles planétaires, contrôle militaire… contrôle partout ? Pour qui ?
    Pour l'oligarchie mondiale.
    Qui est l'oligarchie mondiale ? Voyons le G8, voyons Bilderburg, voyons la commission Trilarérale, voyons le Council for Foreign Relation (CFR). Ça donne une idée.
    On relie l'Hydro et la situation française, on peut penser aussi à l'exploitation de l'Afrique (voir Noir Canada d'Alain Daigneault). L'oligarchie met son gros grain de sel un peu partout.
    Pensons à Copenhague… pensons aux sables bitumineux de l'Alberta, pensons à l'Iran, pensons au Venezuela. l'énergie… J'exagère… possible, mais l'Afrique est honteusement exploité. Les politiques du FMI et de la BM lui sont terriblement nocives. La Grèce est acculée au pied du mur par l'UE par le FMI et la BM, le Portugal suivra et ensuite l'Espagne. Et nous? Oui, et nous. M. Le Hir nous entraîne en France où Power et Total brassent de grosses affaires. Pour moi, le monde est dans une mouvance bipolaire. C'est la lutte de l'Oligarchie mondiale contre les nationalistes de partout.
    Vous savez… le protectionnisme, comment on vous le fait voir détestable et "xénophobe".
    «Achetez du Québec d'abord» aujourd'hui c'est mal vu.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    12 avril 2010

    Bravo M. Le Hir!
    Vous venez certainement de décortiquer l'arnaque. Magistral!
    Comme vous le dites si bien, tout se tient. La boucle est bouclée. Ce qu'il faut maintenant, c'est déloger ces imposteurs et ces rapaces ( Charest et ses sous-fifres et Power Co. )
    Quels sont les moyens à prendre? Il y a urgence!
    Lawrence Tremblay.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 avril 2010

    Le thème de la mondialisation est, l'ordre marchand contre l'État nationale:
    http://www.vigile.net/Les-pions-Sarkosy-et-Charest
    Un autre site de référence que je suggère:
    http://contreinfo.info/
    Peu importe les cocoricos souverainistes des uns et des autres, ce qui importe de savoir c'est leurs loyautés à l'intérêt nationale. À cet égard la politique est en acte et non en rhétorique.
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    12 avril 2010

    Je crois bien que M. LE HIR frappe dans le "mille". Pas surprenant que la compétitivité aille d'abord chercher ses conditions gagnantes en se donnant des droits d'accès aux principales richesses énergétiques et en tapant fort sur les programmes sociaux que des générations sont parvenus à se donner et à donner aux générations à venir. En ce qui me concerne je ne suis pas du tout surpris de voir Joseph Facal tripoter avec ce beau monde pas plus que je ne l'étais de voir l'ex président d'Espagne, M. Aznar tripoter avec G.W. Bush et la droite Latino américaine. Les écrans de fumée s'évapore pour laisser voir les vraies visages de ceux qui prétendent disposer de la lucidité pour éclairer le pauvre peuple... Mon oeil.
    Merci, M. LE HIR pour cette analyse fort éclairante.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 avril 2010

    M. Le Hir encore une fois, bravo pour ce travail de recherche digne de moines tibétains...
    Toutefois, il y a une choses qui doit être précisé. Le rôle des Lucides.
    Je persiste à croire qu'il existe des souverainistes de centre et de centre-droit, qui ont un angle de vue différent des souverainistes de centre-gauche et de gauche et qui sont tout à fait souverainiste.
    Je persiste à croire que Lucien Bouchard est souverainiste...et entre nous c'est tant mieux...je ne voudrais pas le voir surgir par surprise sur une tribune fédéraliste à 3 jours d'un prochain référendum....
    Et suite à votre papiel...je persiste à croire que la contribution des Lucides au débat de gestion du peuple québécois n'a que très peu d'impact sur les desseins machiavéliques des Crasseux comme Paul Desmarais, Stephen Harper, Jean Charest, Nicolas Sarkozy, et les républicains américains...Au pire, ils ont été manipulé...
    On va oublier immédiatement une commission d'enquête publique sur cette histoire. Charest bloque toute enquête de ce type. On se doute bien pourquoi...
    Je crois que l'on devrait se concentrer sur un mouvement qui forcerait immédiatement la démission de Jean Charest et son gouvernement...
    D'ailleurs plus de 2500 québécois ont joint mon groupe sur Facebook http://www.facebook.com/group.php?gid=113104958699712 demandant la démission immédiate de Jean Charest
    Je crois que les astres favorables sont en voie de synchronisations...