En principe, pour nous protéger contre les abus de l’État. Pour protéger nos libertés fondamentales, entre autres celles de se réunir et de manifester. Pour nous protéger également contre les arrestations abusives des policiers.
Or, la fin de semaine dernière, à Toronto, nous avons eu droit à la plus belle démonstration que la Charte canadienne des droits et libertés de la personne était un torchon sur lequel les policiers s’essuyaient les pieds avec la complicité des gouvernements.
Dans un pays où des policiers peuvent inventer de fausses informations sur les citoyens ou les exécuter sur la place publique, il ne fallait surtout pas s’attendre de leur part à beaucoup mieux que ce que nous avons vu.
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On a raconté tellement d’histoires au sujet de la clause dérogatoire et des écoles passerelles, que le Québec a préféré, au nom d'un fumeux principe, sanctionner l’injustice plutôt que d’utiliser cette clause, parfaitement légale et légitime dans les circonstances, pour protéger le français.
Pendant ce temps, les corps policiers canadiens, appuyés en cela par les autorités gouvernementales, ne se sont pas trop enfargés dans les fleurs du tapis. Ils n’ont même pas eu besoin de clause dérogatoire pour suspendre les droits des citoyens lors des manifestations contre le G8 et le G20 tenues à Toronto.
Après que les agitateurs eurent terminé leur précieux travail, les policiers se sont rapidement précipités contre les manifestants et ont arrêté plus de 900 citoyens, sans aucune preuve dans la majorité des cas, bafouant ainsi les règles de la présomption d’innocence et de l’habeas corpus protégées par la Charte.
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Alors que nous avons surtout besoin des chartes à l'occasion de situations exceptionnelles, nous constatons que c’est justement dans ces moments-là qu’elles ne fonctionnent pas. Elles ne protègent pas la langue de la minorité francophone contre celle de la majorité anglophone, mais les privilèges des gens les plus riches qui veulent faire instruire leurs enfants dans la langue de la majorité, l’anglais.
Elle ne protège pas non plus les citoyens contre la violence et les abus des policiers. Quand des policiers emprisonnent arbitrairement, frappent et assassinent des innocents, ce sont d’abord eux qui bénéficient de la présomption d’innocence, ce sont eux qui ont droit à un avocat, ce sont eux qui sont protégés par les chartes, pas leurs victimes.
Devant de telles injustices, comment ne pas comprendre que des citoyens soient de plus en plus convaincus que les chartes sont là pour protéger les criminels, les mauvais policiers et les politiciens véreux, pas les honnêtes citoyens qui exercent leur droit de s’associer et de manifester pacifiquement contre les abus des états qui font la guerre, distribuent allègrement nos richesses aux grandes banques, aux pollueurs et aux exploiteurs des pays les plus pauvres de la planète.
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Pourquoi une charte?
Chronique de Louis Lapointe
Louis Lapointe534 articles
L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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