En 2009, le géant Qatar Petroleum a lancé un programme d’investissement dans la réserve de gaz dans le nord du pays, visant à tripler la capacité de production annuelle de gaz, avant la fin de 2013. Dans la même année 2009, Assad a refusé de signer l’accord proposé par le Qatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite, pour la construction sur le territoire de la Syrie du tronçon de gazoduc destiné à approvisionner les marchés européens en gaz du Qatar et d’Arabie Saoudite (Plan A). En Turquie, Qatar Petroleum comptait utiliser l’ancien trajet de Nabucco, soutenu par les américains et l’UE, mais que l’on savait mort-né en raison du débit trop faible de la réserve azerbaïdjanaise de Shah Deniz II. A la place, en 2010, Assad achève les négociations avec l’Iran pour un gazoduc alternatif passant à travers l’Irak pour arriver directement en Syrie.
Comme par hasard, en 2011, la guerre civile éclate en Syrie. L’Arabie Saoudite et le Qatar ont dépensé 4 milliards de dollars pour l’enrôlement, la formation et l’armement de combattants qui, avec le soutien de la Turquie, seront infiltrés en Syrie sous l’appellation de « rebelles islamistes ». Dans la perspective d’une recherche d’approvisionnement de l’Europe avec du gaz provenant d’une autre source que la Russie, les motivations de l’Allemagne, la France, l’Angleterre, les Pays-Bas (pays de l’UE auxquels le gaz était destiné) pour soutenir le plus possible les rebelles syriens deviennent claires. Cela pourrait expliquer l’attitude extrêmement permissive de l’Allemagne (à la différence de la France et de l’Angleterre) vis-à-vis de la vague des migrants qui balaie l’Europe.
Ce n’est pas une surprise dans les milieux informés que, à partir des rangs des rebelles qui agissent en Syrie, apparaisse plus tard l’Etat Islamique qui prendra par surprise le nord de l’Irak, ce qui empêche l’approvisionnement en gaz de la Syrie par l’Iran, en attendant d’ouvrir une autre route vers la Turquie pour un gazoduc de Qatar Petroleum ( Plan B ). C’est la principale raison du soutien des rebelles syriens par les Etats-Unis et ses alliés européens. Ce qui explique que l’EI soit apparu et se soit développé sous le regard des plus indulgents de la coalition dirigée par les États-Unis, une coalition qui bombarde l’EI depuis plus d’un an sans aucun résultat.
Le concept du renversement de Bachar Al-Assad, pour le remplacer par un gouvernement inféodé aux intérêts américains et des Émirats du Golfe, repose sur la constitution d’une coalition dite « arabe syrienne ». Les plans américains prévoient de former un noyau dur de 5 400 combattants qui deviendront la coalition arabe syrienne, un groupe qui, en théorie, serait formé pour se battre contre l’EI. En réalité, l’objectif de la coalition arabe syrienne est de devenir une force politique et militaire qui fédèrera tous les rebelles syriens et prendra la direction de la Syrie. C’est pourquoi une des importantes missions était de trouver, capturer et convaincre des responsables syriens, désignés par la CIA comme étant utiles dans la formation d’un nouveau gouvernement, après la destitution de Bachar Al-Assad, tous étant inféodés à l’oléoduc de Qatar Petroleum.
Le paradoxe, pour le XXIe siècle, est que les intérêts d’un minuscule sultanat féodal, créé artificiellement et en dehors de toute règle démocratique (le Qatar), qui n’a donné rien de notable à l’humanité, ait conduit à physiquement démolir un ensemble de zones géographiques, pleines de vestiges historiques multi millénaires. Si l’ONU fonctionnait vraiment, le Qatar devrait payer des centaines de milliards de dollars pour la reconstruction de la Syrie.
En 2014, les Etats-Unis ont alloué 500 millions de dollars pour sélectionner, former et armer des rebelles supposés « modérés » pour obtenir une coalition arabe syrienne et les envoyer se battre contre l’armée nationale syrienne. Parallèlement à cela, les États-Unis introduisent en Syrie 1 500 installations de missiles antichars BGM-71E (TOW). Les combattants de la coalition arabe syrienne sont formés en Turquie, par des instructeurs des Forces d’opérations spéciales des États-Unis, à la manipulation de toute sorte d’armes et d’explosifs, et à acquérir des compétences dans l’organisation de guérilla urbaine. Une autre spécialisation consistait à créer sur le territoire syrien, des endroits secrets de dépôts d’armes et de munitions (parachutées par l’armée américaine).
Il n’y eut, dans le nord de la Syrie, que le deuxième groupe de commandos, appelés Escadron 30, composé de 70 combattants formés par les Etats-Unis, qui sera remis au groupe Jabhat al-Nusra, la branche syrienne d’al-Qaïda. Du premier groupe de commandos, comprenant 54 combattants formés par les Américains, seulement 10 d’entre eux agissaient sous les ordres de l’US Army, le reste allant grossir le groupe Jabhat Al-Nusra.
Pendant ce temps la Russie était en train de s’occuper de l’Irak pour contrecarrer le plan B de Qatar Petroleum, par la livraison de 56 hélicoptères d’attaque Mi-28 NE et Mi-35. La Russie a ensuite fourni à l’Irak 12 avions Su-25, surnommés « chasseurs de chars ». En vertu d’un accord négocié par la Russie, 7 autres avions Su-25, sont restitués à l’Irak par les Iraniens et sont envoyés à la base aérienne irakienne de Balad le 13 Juillet 2015 pour être mis en œuvre contre l’EI.
http://reseauinternational.net/qui-lutte-vraiment-contre-isis/
Alors que les Américains ont des graves désaccords avec des gens formés par eux et l’Arabie Saoudite, les troupes terrestres de la Russie qui soutiennent l’armée syrienne avaient déjà commencé à opérer en Syrie.
http://reseauinternational.net/le-premier-mouvement-important-de-russie-en-syrie/
Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a effectué une visite à Moscou pour rencontrer le Président russe Vladimir Poutine. Ils ont discuté des détails d’un mécanisme de coordination des opérations aériennes, navales, et terrestres de la guerre radio électronique en Syrie, afin d’éliminer la collision accidentelle des deux États, et contraindre Israël de ne pas infiltrer les rebelles et d’éviter toute incursion de l’armée israélienne en Syrie, Israël n’ayant pas directement d’intérêt dans le gazoduc. L’adoption de ce mécanisme de coordination et d’arrêt des actions militaires par Israël est essentielle à la liberté d’action des Russes pour le déclenchement des opérations aéroterrestres selon le plan prévu pour la Syrie. Pour comprendre le jeu d’échecs engagé par la Russie, voir le lien ci-dessous :
http://reseauinternational.net/que-cherche-poutine-a-travers-une-action-militaire-en-syrie/
Encore plus intéressant, c’est que l’Arabie Saoudite a déclaré pour la première fois être d’accord avec la proposition russe, à savoir que Bachar Al Assad restera président pendant la période de transition, selon le général Saoudien Anwar Eshki. Ceci équivaut à une capitulation, ce qui signifie la suspension de toute aide aux rebelles syriens. Et pour cette raison, le projet européen de Qatar Petroleum a été définitivement enterré en faveur du projet commun des Iraniens et des Russes.
Traduction Avic – Réseau International
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