Il existe une ligne trop ténue qui relie les récentes sanctions anti-russes et anti-iraniennes du Congrès à la crise opposant Riyad et ses satellites au Qatar et qui, très curieusement, sent le gaz !
Selon les experts en énergie qui suivent de près les évolutions du marché de l'énergie, les sanctions décidées contre l'Iran et la Russie au nom de la " lutte contre le terrorisme " n'ont aucun rapport avec le terrorisme.
D'autres prétextes invoqués contre l'Iran, la Russie ou le Qatar ne sont pas non plus à l'origine de cette campagne particulièrement hostile à l'Iran, à la Russie et au Qatar. L'enjeu majeur est le gaz et la question que suscite d'emblée cette source irremplaçable d'énergie.
Qui aura le contrôle de grands gisements gaziers du monde ?
Depuis 1914, le monde a constamment été le théâtre de conflits et de guerres motivés par la quête du pétrole. Or l'or noir cède peu à peu sa place au gaz naturel dans la mesure où l'Europe se tourne vers des énergies propres, et que la Chine modernise son industrie.
Sur le plan géopolitique, personne n'a aujourd'hui autant d'intérêt que les dirigeants américains à déclencher une véritable guerre du gaz : à Riyad, le président américain a allumé d'ailleurs la mèche de ce conflit, en annonçant la création d'une "OTAN sunnite" contre l'Iran. Au contraire de ce que certains analystes confirment, les contours de la politique moyen-orientale de Trump sont bien précis : Washington vise à s'emparer du marché mondial de production du gaz en plaçant dans le viseur la Russie, l'Iran et le Qatar.
Le 15 mars 2009, l'ancien émir du Qatar, Hamad Ben Al Thani a rencontré le président syrien Assad pour lui proposer la construction d'un gazoduc reliant le champ gazier irano-qatari Pars-Sud à l'Europe. Ce pipeline devait traverser la province syrienne d'Alep puis la Turquie avant d'atteindre l'Europe. Assad a répondu par négation à cette proposition pour la simple raison que le projet, en cas de réalisation, jetait de l'ombre sur la présence puissante des Russes sur le marché mondial du gaz. Étant partenaire stratégique de Moscou, Damas ne voulait pas ralentir les exportations gazières russes. Un plan alternatif n'a pas tardé de faire le jour : en 2011, l'Iran a proposé la construction d'un gazoduc de 1500 kilomètres de long reliant le champ gazier iranien à l'Europe via le territoire irakien, syrien, libanais et la Méditerranée. La guerre syrienne a empêché la réalisation de ce projet. Quelques mois avant le début de la guerre en Syrie, les stratèges des États-Unis et de l'OTAN avaient mis en garde contre la réalisation d'un projet qui pourrait changer la carte énergétique en Eurasie dans le sens des intérêts des pays asiatiques et européens! Ce changement, disaient à l'époque des experts occidentaux, ferait pencher sensiblement la balance du côté iranien face à l'Arabie saoudite.
Mais qu'a fait le Qatar dans toute cette histoire pour avoir attiré les foudres des USA et de leurs alliés?
Le réalisme du Qatar a consisté surtout à renoncer très vite à toute rivalité avec la Russie. Trop puissante, elle aurait rapidement eu raison des velléités expansionnistes du Qatar. Autant donc, revenir au concept d'exporter du gaz via la Syrie et la Turquie vers l'Europe et amorcer les négociations directes avec l'Iran.
Doha a entamé ses négociations l'an dernier avec Téhéran et un accord de principe a été obtenu pour construire un gazoduc conjoint, transitant le gaz du champ gazier conjoint Pars-Sud vers l'Europe via la Méditerranée. Cette avancée majeure constitue "une catastrophe géopolitique" pour l'Arabie saoudite et les États-Unis; d'où le contre-plan signé USA/Israël/Arabie saoudite lequel consiste à renforcer les pressions sur la Russie, l'Iran et le Qatar.
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