La théorie de la conspiration est très à la mode ; car si elle ne sert pas aux majorités silencieuses à comprendre, elle sert aux minorités au pouvoir à menacer. C’est la police de la pensée et les imbéciles qui utilisent à tort et à travers cette gluante expression. Tout en pratiquant la « conspiration ouverte » évoquée en 1945 par H.G. Wells, nos élites et les médias dénoncent puérilement et en trépignant une très utile théorie de la conspiration.
Il y a longtemps qu’Augustin Cochin avait exposé sa théorie de la confiscation dans nos modernes démocraties, républiques ou autres nations unies. Cochin, écrivain catholique et grand lecteur de Durkheim et du russe Ostrogorski, analyste des campagnes politiques états-uniennes, expliquait pourquoi ce sont toujours « eux » qui décident et pas « nous » ; on est en 1793, quand les sociétés de pensée ont décidé de refaire l’Homme, la Femme, la France, l’Humanité, le reste. Et le triste programme est toujours le même depuis cette époque :
La société fondée, il est fatal qu’un cercle intérieur se forme qui la dirige à son insu. Où la liberté règne, c’est la machine qui gouverne. Ainsi se forme d’elle-même, au sein de la grande société, une autre plus petite, mais plus active et plus unie, qui n’aura pas de peine à diriger la grande à son insu. Elle se compose des plus ardents, des plus assidus, des mieux au fait de la cuisine des votes.
Chaque fois que la société s’assemble, ils se sont assemblés le matin, ont vu leurs amis, arrêté leur plan, donné leur mot d’ordre, excité les tièdes, pesé sur les timides. Comme leur entente date de loin, ils tiennent en main toutes les bonnes cartes. Ils ont maté le bureau, écarté les gêneurs, fixé la date et l’ordre du jour.
Il y a donc ceux qui combinent et ceux qui roupillent, ceux qui conspirent et ceux qui se contentent de respirer, le grand public inconscient. Hippolyte Taine aussi se montrait très déçu par la passivité de la plèbe attablée aux cafés lors des massacres de septembre 1792. La plèbe est toujours Charlie.
Cochin encore :
Avec le régime nouveau les hommes disparaissent, et s’ouvre en morale même l’ère des forces inconscientes et de la mécanique humaine. Celui-ci (le régime) pousse son chemin de désastre en désastre, produisant une forêt de lois contre-nature dont le succès dans les sociétés et le vote à la Convention sont aussi fatals, que leur exécution dans le pays est absurde ou impossible.
Absurdes et impossibles, c’est bien comme cela que nous apparaissent les intentions du Parlement socialo, de l’OTAN et de la grosse Commission de Bruxelles.
Alors soyons clairs : nous n’avons pas voulu de cette Europe et de l’euro, nous les avons ; nous n’avons pas voulu de cette immigration, nous l’avons ; nous ne voulons pas d’un conflit avec la Russie, nous l’aurons grâce aux faucons US. Elle est là, la « conspiration », et pas dans les « théories de la conspiration » qui obsèdent tant nos médiatiques.
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