Pour la plupart, les électeurs républicains soutiennent leur parti non pas en raison de ce qu’il peut offrir économiquement, mais pour des raisons culturelles. Dans une large mesure, les républicains bénéficient simplement de ne pas être des démocrates ceux-ci s’étant tellement déplacés à gauche ces dernières années sur les questions identitaires et culturelles. Une étude récente a montré que les Américains blancs se détournent en grand nombre d’un candidat démocrate si celui-ci a parlé du privilège blanc, que ce candidat se présente ou non comme un modéré sur les questions économiques (voir ici).
De nombreux aspects de l’ordre du jour social progressiste demeurent extrêmement impopulaires. Même en Californie, les électeurs ont rejeté l’instauration de la discrimination ethnique de façon décisive lors d’un référendum de novembre. Malgré le fait que les républicains ne parlent plus de cette question ou n’incluent plus cette question dans leur programme. En outre, le camp conservateur a nettement moins dépensé que les démocrates lors de cette élection. Certains éléments de preuve suggèrent que le virage hispanique vers Trump en 2020 pourrait avoir été motivé par la résistance de cette communauté envers les discours démocrates sur la politique liée au « genre » (voir ici).
Les sondages indiquent que l’écart de salaire entre les sexes en 2020 était plus important chez les Hispaniques que dans toute autre catégorie raciale. Bien que l’on considère généralement qu’un « écart entre les sexes » se fasse au détriment du camp qui fait le moins bien chez les femmes, l’augmentation de la polarisation entre les sexes chez les Latinos a été à l’avantage des républicains en 2020, car les pertes chez les femmes ont été largement compensées par les gains des hommes (voir ici).
Analyser ce qui a permis ces gains parmi les hommes hispaniques, et dans une moindre mesure les femmes, peut fournir de meilleures pistes pour de futurs succès politiques que de débattre des nuances de la politique commerciale.
Sur l’économie, les nouvelles pour les républicains sont plus mitigées ; les électeurs n’aiment pas beaucoup certaines suggestions libérales économiques, mais récompensent néanmoins des politiciens pour la croissance économique que de telles politiques peuvent apporter. Cela signifie que le succès électoral des républicains sera davantage influencé par certaines questions culturelles que par détails de politique économique. Les nationaux populistes peuvent continuer de soutenir des politiques redistributives s’ils croient que c’est la bonne chose à faire. Néanmoins, ils devraient le faire en sachant que cela peut nuire au parti républicain lors des élections si de telles politiques entravent la croissance économique, aliènent les donateurs ou détournent l’attention des questions culturelles qui leur permettent de mieux gagner aux élections.
La figure ci-dessous montre comment les Américains blancs ont répondu à une question sur la sympathie qu’ils ressentaient à propos de Trump, alors candidat lors des primaires républicaines de 2016, sur la base d’une régression qui incluait des variables liées à diverses attitudes, catégories d’identité et statut socio-économique. Comme on peut le voir, les attitudes culturelles sous forme de sentiments envers le politiquement correct, l’immigration et l’identité blanche ont les effets les plus importants. Viennent ensuite les variables démographiques, à savoir le sexe, l’âge et la religion d’un individu. Enfin, il y a le niveau d’instruction, puis le revenu, qui n’ont en pratique aucun effet perceptible.