La Russie a réagi au rejet par l'AG des Nations unies de sa résolution appelant à un moratoire sur les sanctions économiques durant la pandémie de Covid-19. Moscou a tancé les pays opposés au texte, dont les Etats-Unis ou l'Union européenne.
Comme le rapporte l’agence de presse américaine AP le 22 avril, plusieurs pays, dont les Etats-Unis, ont bloqué une nouvelle résolution russe présentée devant l’Assemblée générale des Nations unies (AG) visant à lever les sanctions unilatérales adoptées contre des pays, pour certains en développement, touchés par la pandémie de coronavirus.
En effet, selon nos confrères outre-Atlantique, le projet défendu par la Russie s’est heurté au rejet des Américains, mais également des Britanniques, des Canadiens, des Japonais, des Sud-Coréens ou encore de l’Union européenne (UE). Conformément au protocole de vote spécial en vigueur au sein de l’AG en période de pandémie, une seule objection suffisait à ce que la résolution soit tuée dans l’œuf.
Sur Facebook, le ministère ukrainien des Affaires étrangères est même allé jusqu'à se féliciter d’avoir «bloqué une nouvelle résolution manipulatrice de la Russie aux Nations [unies]». «La Russie n'abandonne pas ses tentatives de faire adopter des résolutions manipulatrices [...] et chercher à perturber le régime des sanctions. Le 22 avril, la Fédération de Russie a déposé un nouveau document. Le texte a été modifié, mais son essence manipulatrice n'a pas changé», est-il précisé.
Multiplication des appels à la levée des sanctions
Ce projet de résolution était une version modifiée de celle proposée par la Russie début avril, et rejetée à l’époque par les Etats-Unis, l’UE, le Royaume-Uni, la Géorgie et l’Ukraine.
Commentant ces deux échecs à quelques semaines d'intervalle dans un communiqué de presse, la mission russe aux Nations unies a fustigé les pays dont le refus de soutenir le texte a, selon elle, «clairement démontré que leurs appels à la solidarité et à l’aide aux pays en développement afin de combattre de Covid-19 n’étaient rien de plus qu’une posture propagandiste», notant que les opposants à la résolution «n’avaient pas répondu à l’appel pertinent du secrétaire général [Antonio Guterres]». Le 23 mars dernier, le Portugais avait lancé un appel au «cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde», arguant qu’était venu le «temps de la solidarité, pas de l’exclusion».
Par ailleurs, depuis plusieurs semaines, de nombreux pays se positionnent de leur côté pour un moratoire sur les sanctions économiques pendant la durée de la pandémie. «Le Groupe des 77 [une coalition de pays en développement à l'ONU] et la Chine considèrent qu'à ce stade, la promulgation et l'application de mesures économiques coercitives unilatérales auront un impact négatif sur la capacité des Etats à réagir efficacement, en particulier dans l'acquisition de matériel et de fournitures médicales pour traiter convenablement leur population face à cette pandémie [...]. Nous appelons donc la communauté internationale à adopter des mesures urgentes et efficaces pour éliminer le recours à des mesures économiques coercitives unilatérales contre les pays en développement», avaient expliqué les membres du G77 et la Chine dans un communiqué de presse commun diffusé le 3 avril.
Parmi les pays les plus touchés par les sanctions économiques unilatérales, principalement américaines, figurent l’Iran, le Venezuela ou encore Cuba.
Enfin, AP fait savoir qu’une autre résolution, émanant cette fois-ci de l’Arabie saoudite, a également été rejetée. Le royaume wahhabite proposait l'injection de 5 000 milliards de dollars dans l’économie mondiale «afin de contrer les impacts sociaux, économiques et financiers de la pandémie».