p style="text-align: justify;">Texte paru le19 février 2015 dans le journal Svobodnaia Pressa. Le rédacteur interroge le directeur du FSB (successeur du KGB) pour la Crimée, un journaliste et politicien criméen, ainsi que le directeur d’un centre d’analyse politique et économique.
Sous la pression de États-Unis, le pouvoir de Kiev a l’intention de propager le chaos social ukrainien jusqu’en Crimée. «Sous la supervision du Département d’État des États-Unis, le pouvoir à Kiev a conçu une série de projets destinés à la Russie et à la Crimée », a déclaré aux journalistes le directeur du département du FSB pour la Crimée, Viktor Palaguine. Selon celui-ci, les autorités ukrainiennes ont préparé un programme spécial, «l’immigrant poutinien », qui consiste en une « campagne de relations-publiques parmi les Criméens ayant une éducation et une formation supérieure, les représentants de l’intelligentsia locale, ceux qu’on désigne sous le vocable de classe créative, qui soutiendront l’Ukraine et compromettront la Russie ».
Un autre projet de Kiev est intitulé «le gambit de Crimée». Son objectif est l’intégration au sein des organes de pouvoir de la Russie d’une série de Criméens disposés favorablement envers l’Ukraine. Leur travail consistera à saboter les activités de l’appareil bureaucratique. Subsistent en outre les plans d’organisation d’un «conseil des ministres de Crimée en exil». Conformément aux instructions du Département d’État, les Tatars de Crimée doivent aussi être l’objet d’un groupe de programmes. Une campagne de désinformation est planifiée sur les réseaux sociaux populaires, qui doivent être conquis par les médias ukrainiens, avec l’aide de certains journalistes en Russie. Des moyens importants ont été mis à disposition pour réaliser ces projets, selon Palaguine.
Toutefois, la démarche ne se limite pas à l’intervention des idéologues de la «révolution orange» dans le domaine de l’information en Crimée. En effet, les services spéciaux de la République Fédérale on trouvé à ce jour sur la presqu’île quatre caches remplies d’armes. Environ quinze programmes sont destinés à conduire à la déstabilisation de notre pays.
Rare sont ceux qui, même à Kiev, croient encore que l’Ukraine parviendra à reprendre la Crimée. Les résultats du référendum de l’an dernier ont clairement fait apparaître l’état d’esprit des habitants de la presqu’île. De nombreuses enquêtes sociologiques le confirment ; elles ont été menées tant par des Russes que par des services d’enquêtes étrangers. Bien sûr, on imagine mal que cela suffirait à inciter les États-Unis à renoncer à leurs plans de déstabilisation de la situation dans notre pays.
C’est la raison pour laquelle nous devons nous attendre dans un proche avenir à voir fleurir dans les médias libéraux les publications sur le thème de la difficulté de vivre en Russie lorsqu’on est Criméen. On y racontera que les prix ont grimpé, que les salaires ont perdu leur pouvoir d’achat. L’insatisfaction se mettra à chauffer et entravera le travail des autorités. Les publicistes et blogueurs libéraux vanteront également leurs «succès».
Évidemment, la campagne visant à discréditer le pouvoir russe en Crimée pourra être un succès seulement dans la mesure où la campagne de relations-publiques parviendra à s’étendre à toute la Russie. Et chez nous, il existe des gens qui sont prêt à cela. Parmi nos « défenseurs des droits de toutes sortes » et nos « opposants », nombreux sont ceux qui dès aujourd’hui admettent ouvertement qu’ils aident l’Ukraine par tous les moyens possibles. Ils prétendent que Kiev veut la paix et que la Russie incite à la guerre. Mettant sur le compte d’une erreur d’ajustement de tir d’artillerie l’assassinat des journalistes russes Igor Korneliouk et Anton Volochine, certains de nos éditeurs dépeignent Nadejda Savchenko comme « une prisonnière politique », « une malheureuse femme » réduite à souffrir de la faim dans « les geôles d’un régime sanguinaire ».
Toutefois, explique le journaliste et politologue criméen, Serguei Koulik, les plans du Département d’État des États-Unis se heurtent à l’absence de base sociale dans laquelle faire croître une tendance pro-ukrainienne en Crimée.
Le plan consistant à créer une classe créative pro-ukrainienne en Crimée paraît peu vraisemblable. Les dernières enquêtes du Centre Levada montrent que le soutien aux autorités russes est très élevé dans la presqu’île. Il ne peut être question d’un soutien de Kiev par les Criméens, même de la part de ceux qui ont quitté l’Ukraine ces dernières années pour s’installer en Crimée. Nous sommes parfaitement informés de la situation réelle à Kiev, et accueillons de nombreux réfugiés du Sud-est. Le blocus instauré par Kiev , et particulièrement la limitation de la fourniture d’eau ne contribuent pas à sa popularité, au contraire, de tels agissements détournent toute sympathie.
Il est possible qu’à Kiev on compte sur les Tatars de Crimée. Mais la tendance pro-ukrainienne est très faible dans ce groupe. Dans ma Crimée du Nord, un taux de chômage élevé et le manque de logement sévissaient parmi les Tatars criméens. Aujourd’hui, on leur alloue des logements. A Simferopol, plus de 70 familles ont reçu les clés de leur nouveau logement. A Djankoe, une dizaine, encore. Les gens commencent à recevoir un soutien concret. Les Tatars de Crimée, dépourvus d’emplois, ont été obligés de cultiver leur lopin de terre et de vendre leurs surplus agricoles le long de la route de Moscou. Mais aujourd’hui à cause du blocus, les agriculteurs encourent de fortes pertes. Ils ne peuvent en outre plus irriguer leurs terres à cause de la fermeture des canaux d’arrivée d’eau. De nombreux Tatars de Crimée, qui se disaient patriotes ukrainiens, se sont mis à réfléchir et à se demander s’ils avaient besoin de l’Ukraine. La Russie fournit de l’aide et à conféré à ce groupe le statut de peuple opprimé.
En Crimée l’appellation «classe créative» sonne bizarrement. Avant, personne ne se serait désigné ainsi. Les attaques terroristes, c’est une autre histoire, une menace beaucoup plus réelle. Ils peuvent faire appel aux activistes pro-ukrainiens pour fomenter des dissensions interethniques. Mais il faut tenir compte du fait qu’aujourd’hui, la plus grande partie des activistes pro-ukrainiens s’en est allée en Ukraine, malgré qu’ici, ils n’étaient pas persécutés. Nombreux sont ceux qui collaboraient avec les fondations américaines, et qui ont volontairement quitté la Crimée. Demeure encore le danger de sabotage des activités de l’administration. Voici peu, le dirigeant de la Crimée, Serguei Aksionov s’est rendu dans un hôpital et a demandé au médecin-chef pour qui il travaillait. Parfois, on a l’impression qu’il existe un sabotage rampant.
On dit que beaucoup de gens se plaignent de la hausse des prix depuis le retour de la Crimée dans le giron de la Russie.
Personne ne nous avait promis des salaires et des pensions plantureux. Nous savions tout à fait que le niveau des salaires était plus élevé en Russie qu’en Ukraine, mais que les prix y étaient aussi plus hauts. Maintenant la Crimée est devenue une des régions les plus chères de la Fédération de Russie. Mais il ne s’agit pas d’une conséquence de notre réunion à la Russie. Cela provient de ce que l’Ukraine a installé un blocus de la presqu’île, et les communications avec le continent sont compliquées, et les frais de transport, liés à l’utilisation de la traversée des marchandises au moyen du bac, augmentent les coûts de production.
La décision des Criméens eux-mêmes, de tirer profit de la période de transition, joue également un rôle. L’été dernier, la députée à la Douma fédérale, Svetlana Maximova nous a rendu visite. Elle s’étonna de ce que même à Moscou, les prix ne sont pas aussi élevés qu’en Crimée. Mais les Criméens ont haussé les prix de leurs services et marchandises, en motivant cela par le fait qu’en Russie, tous les prix étaient élevés. Voilà comment nos spéculateurs ont voulu se faire de l’argent. Avant, dans ma région de Djankoe, on pouvait avoir un appartement de deux pièces pour 500 roubles par mois. Maintenant, on en demande 18000 roubles. Et des gardes-frontières ainsi que des soldats sont arrivés, augmentant la demande de logements.
Comment est l’humeur de l’intelligentsia?
La majorité de ceux qui voulaient obtenir des bourses de l’Occident, et collaborer avec les fondations créées par ce dernier, sont partis en Ukraine, mais il en reste quelques-uns. Les 23 années passées à l’intérieur de l’Ukraine n’ont pas été sans laisser de trace. Nous avons acquis une sorte d’immunité à la propagande de Kiev. Nous avons vécu dans le « champ informationnel » de l’Ukraine et nous savons parfaitement ce qu’est la politique de l’Ukraine. Les Criméens n’éprouveront certainement pas en masse de la sympathie envers l’Ukraine contemporaine. Je n’exclus pas qu’ils puissent financer des programmes en vue de briser la stabilité politique dans la presqu’île, mais ces programmes ne rencontreront aucun succès. Toutefois, le risque existe de voir revenir dans quelques temps des activistes d’organisations islamistes radicales, dont une grande partie combat aujourd’hui dans les rangs de Kiev, au Donbass.
Depuis longtemps, plusieurs années, les Américains financent le travail subversif en Ukraine, explique Alexei Martynov, Directeur de l’Institut International des États Nouveaux (The international institute of the Newly Established States). Il est très important de comprendre à l’aide de quels instruments les États-Unis peuvent réaliser leurs plans en Crimée. A l’époque où se déroula dans la presqu’île le référendum concernant le retour de la Crimée dans son « havre natal » comme disait le Président Poutine, des milliers d’ONG étaient actives en Crimée. Jusque maintenant, je ne pense pas que l’Ukraine ait communiqué son registre d’inscription des organisations sociales. La loi ukrainienne exigeait l’inscription de telles structures à Kiev. Aujourd’hui, nous n’avons pas de registre de ces organisations. Celles-ci continuent à exister, sur base de la loi ukrainienne. Les Criméens soucieux de la légalité ont procédé au transfert de l’enregistrement de leurs organisations sociales dans le cadre des lois de la Russie, et elles fonctionnent de façon tout à fait légale. Mais un grand nombre d’ONG continue à participer à des programmes occidentaux, à recevoir un financement, et ne se mettent pas en règle vis-à-vis des organes russes. Je considère que ce sont précisément ces structures que les programmes américains commencent à utiliser pour déstabiliser la situation sur le territoire de l’Ukraine. Mais je doute fortement du succès de leurs activités. Le FSB et le Ministère de l’Intérieur ont formé leurs départements en Crimée et travaillent activement à démasquer les activités antigouvernementales de toute personne.
Leurs activités peuvent-elles trouver une base sociale dans la Crimée d’aujourd’hui?
La base sociale des activités des Américains a toujours été un sac de dollars. Ils sont intimement convaincus de ce qu’une fois mis en présence des billets verts américains, tout citoyen fera n’importe quoi pour en obtenir. Cette thèse a été confirmée au jour le jour, au cours de la longue période d’activité des structures américaines en Ukraine. En Ukraine, ils n’ont pas rencontré la résistance qui les attend aujourd’hui en Crimée; ce sera une autre histoire. Ils comptent sur le fait qu’en Crimée vivent aujourd’hui des gens qui auparavant vivaient en Ukraine. Il est vrai qu’au milieu de la forte concentration pro-russe qui s’est manifestée au cours du référendum, il est toujours possible de trouver un faible pourcentage de mécontents ou de gens ouvertement affiliés aux programmes ukrainiens.
De nombreux représentants de la classe créative moscovite sympathisent avec l’Ukraine. Est-il possible qu’ils coordonnent aujourd’hui leurs activités avec ceux qui partagent leurs idées en Crimée?
Tout d’abord, appelons les choses par leur nom. La classe créative, ce sont ceux qui créent quelque chose. Comment peut-on aujourd’hui s’appeler classe créative, et être en même temps gredin et traître? Je pense que les gredins et les traîtres qui, malheureusement vivent maintenant dans notre société, coordonneront leurs activités avec n’importe quelle autre activité pourvu qu’elle soit anti-russe; ils s’abreuvent à la même source que ceux qui participent aux activités subversives en Crimée.
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