Peter Trent, ancien maire de Westmount. Archives La Presse
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Peter Trent n'en revient tout simplement pas. «C'est Louise Harel qui a créé le monstre. Je trouve ça paradoxal qu'elle prétende vouloir maintenant régler les problèmes de Montréal.»
L'ancien maire de Westmount a longtemps incarné l'opposition aux fusions municipales, projet défendu par la ministre des Affaires municipales de l'époque, Louise Harel.
En voyant Mme Harel annoncer sa candidature à la mairie de la métropole, Peter Trent a été jeté à terre. Au point de sortir du silence dans lequel il s'est muré depuis quatre ans.
Pour l'ex-maire, tous les problèmes de Montréal sont causés par la «méga-ville» imposée par Mme Harel. Et non, comme celle-ci le prétend, par la politique de défusion adoptée par la suite par les libéraux.
«Louise Harel est comme l'architecte qui vient sauver la bâtisse qu'il a lui-même mal construite.»
Il n'est pas le seul Anglo-Montréalais à voir Louise Harel comme le symbole d'une réforme honnie et mal digérée. «Elle est de retour!» s'exclamait la semaine dernière le chroniqueur Henry Aubin, dans The Gazette. Il soulignait que Mme Harel avait conduit sa politique au mépris de l'opinion publique et avait «ignoré des protestations dans lesquelles des dizaines de milliers de personnes lui demandaient d'être consultées.»
«Louise Harel a démontré dans le passé son manque de respect pour la démocratie», renchérit Karin Marks, actuelle mairesse de Westmount.
Louise Harel est souverainiste? «Il y a longtemps que la communauté anglophone à Montréal ne voit plus les souverainistes comme des bonshommes sept heures», assure Peter Trent.
Elle ne parle pas anglais? «C'est certain que c'est un manque de politesse et de respect pour la moitié de la population montréalaise», dit Peter Trent. Mais ça non plus, il n'en ferait pas une maladie.
Il y a bien sûr des voix plus virulentes. «Même si Gérald Tremblay gagne les élections, il est probable que Louise Harel le poussera à adopter les positions les plus extrêmes du Parti québécois», s'inquiète Don Wedge, chroniqueur au Westmount Independent, dans une chronique parue cette semaine.
Un «monstre»
Des commentaires durs, à la limite de l'insulte, pleuvaient sur le site web de The Gazette, hier. «Je ne suis pas fou de Tremblay, mais je le prendrais n'importe quand plutôt que ce monstre», écrivait un lecteur faisant allusion à la candidature de Louise Harel.
«Montréal va devenir une république de bananes si elle est élue», s'inquiétait un autre. «Quelle sorcière», concluait un troisième.
Reste que la candidature de Louise Harel éveille surtout, dans la communauté anglophone, le spectre d'une réforme viscéralement rejetée. Et que la critique qu'on lui adresse le plus souvent est de manquer de sens démocratique.
Louise Harel est perçue comme une représentante de «l'État-nounou» qui se mêle de tout, dit Beryl Wajsman, rédacteur en chef du Suburban, un hebdo de la banlieue anglo-montréalaise.
Ce retour d'une tendance centralisatrice inquiète autant dans les villes de banlieue «défusionnées» que dans les arrondissements de Montréal.
L'arrivée de Louise Harel présage de nouvelles tensions, comme celles qu'on a connues en 2001, avertit Marvin Rotrand, conseiller de l'arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. Ce membre de l'équipe Tremblay craint une «attaque» en règle contre les arrondissements. Et il s'interroge sur le message qu'une éventuelle élection de Louise Harel enverrait aux villes qui ont choisi de rester à Montréal, au moment des défusions, en échange d'une plus grande marge de manoeuvre pour les arrondissements. «Les divisions vont revenir, ça va être comme le jour de la marmotte!», prévoit-il.
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