Pétrole: changement de cap à Québec

Malgré Anticosti, l'État est prêt à investir dans l'industrie, dit Normandeau

Le va-et-vient de JJC et Normanteuse - indécent...


Robert Dutrisac , Alexandre Shields - Après le démantèlement de la filiale gazière et pétrolière d'Hydro-Québec, ce qui a conduit à la vente de ses droits sur le pétrole de l'île Anticosti, le gouvernement Charest change de cap et projette de faire d'importants investissements dans cette filière prometteuse.
Ainsi, Hydro-Québec détient un intérêt pouvant s'élever à près de 40 % dans le projet Old Harry dans le golfe du Saint-Laurent. Non seulement le gouvernement Charest ne forcera pas Hydro-Québec à céder cet intérêt au secteur privé, mais l'État envisage de prendre des participations dans d'autres gisements gaziers et pétroliers au Québec, a affirmé, hier, la ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Nathalie Normandeau.
La vice-première ministre a indiqué que l'engagement financier de l'État dans l'industrie gazière et pétrolière pourrait dépasser les prises de participation de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) dans plusieurs sociétés comme Talisman, Pétrolia, Gastem et Junex. «Est-ce qu'on peut aller plus loin dans nos participations? Je dis: non seulement la question se pose, mais je pense que ça pourrait être une excellente idée. Tout ça pour maximiser les retombées et la façon dont on pourrait contrôler nos ressources naturelles», a-t-elle déclaré dans un point de presse.
C'est au ministre des Finances, Raymond Bachand, que revient la tâche de déterminer les meilleures façons de maximiser ces retombées, avec ou sans une participation directe de l'État. «Il y a plusieurs façons de faire les choses et parfois [ce sont] les redevances où on ne prend pas le risque d'investir des milliards en fonds publics», a-t-il souligné hier. Mais d'autres avenues sont à explorer. «Il faut devenir riches en réduisant nos risques et il y a beaucoup d'outils financiers pour faire cela», a dit Raymond Bachand.
Dans cet ordre d'idées, Hydro-Québec a obtenu, en versant 500 000 $ à Corridor Resources en 2003, une option pour acquérir entre 18,75 % et 40 % du projet Old Harry et de celui de Cape Ray, a confirmé, hier, Hydro-Québec. Old Harry est le gisement pétrolier et gazier qui présente le plus important potentiel au Québec.
Pour exercer son option, Hydro-Québec serait appelée à investir de 25 % à 50 % des frais de forage, un investissement graduel de plusieurs centaines de millions. Or le gouvernement libéral a décrété un moratoire jusqu'en 2012 sur l'exploration du gisement Old Harry, le temps de procéder à des évaluations environnementales stratégiques qui portent sur le bassin de la baie des Chaleurs, le bassin d'Anticosti (nord du golfe du Saint-Laurent) et le bassin de Madeleine (sud du golfe).
Hier, tant Nathalie Normandeau que le premier ministre Jean Charest défendaient la décision de démanteler Hydro-Québec pétrole et gaz, ainsi que la vente des réserves pétrolières de l'île Anticosti, réserves qui pourraient valoir des milliards de dollars.
La filiale de la société d'État prévoyait dépenser 330 millions entre 2002 et 2010; elle n'a investi que 30 millions de 2002 à 2005. «Le rôle du gouvernement, ce n'est pas de jouer au casino avec l'argent des contribuables pour des activités d'exploration», a dit Mme Normandeau.
Selon la ministre, ces investissements de 30 millions «n'ont pas donné de résultats [...] qui auraient convaincu le gouvernement d'aller plus loin».
Quant à la vente des droits sur l'île Anticosti à la société Pétrolia, la ministre a avancé, sur les ondes de Radio-Canada, qu'«on ne connaissait pas encore la technique de fracturation pour extraire le gaz de notre sous-sol». En fait, la technique de fracturation hydraulique était déjà utilisée aux États-Unis depuis une décennie.
«Le meilleur des deux mondes»
Même si l'État peut investir dans l'industrie, le gouvernement Charest continue de miser sur le secteur privé. «Est-ce qu'on peut arrêter au Québec de démoniser le secteur privé? C'est créateur de richesse et c'est créateur d'emplois», a soutenu Mme Normandeau.
«On a le meilleur des deux mondes», a fait valoir, hier, Jean Charest à l'Assemblée nationale. Des royautés pour Hydro-Québec et des redevances pour l'État, sans les risques. «Les contribuables québécois n'ont pas à prendre des risques dans une industrie à très, très haut risque», a-t-il dit.
De son côté, la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, a tenté de savoir à quel prix Hydro-Québec avait cédé ses droits, ce que le gouvernement refusait toujours, hier, de révéler. «Le premier ministre a tout vendu à rabais en plus d'avoir liquidé l'expertise interne que nous avions à Hydro-Québec», a-t-elle déploré.
Le président de Pétrolia, André Proulx, a par ailleurs répété que l'entreprise savait dès 2008, soit au moment de l'acquisition des permis de la société d'État, qu'elle avait mis la main sur un secteur représentant un très bon potentiel pétrolier. Et selon lui, «Hydro-Québec savait la même chose que nous».
L'action de Pétrolia a profité directement du débat entourant le contrôle des ressources pétrolières qui seraient enfouies dans le sous-sol d'Anticosti. En à peine deux jours de séances à la Bourse de Toronto, le titre de l'entreprise a gagné plus de 50 %. Preuve que l'attention médiatique a du bon, la même action avait grimpé d'à peine 2 % la semaine dernière, dans la foulée de l'annonce des résultats positifs des travaux d'exploration menés l'été dernier. Bref, tout ce débat constitue une bonne nouvelle pour une société qui souhaite recueillir plus de 100 millions pour poursuivre ses travaux.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 février 2011

    Elle commence a comprendre le bon sens .
    Les Québécois ne sont pas contre l'exploration de leur ressources ,c'est qu'ils croient qu'une bonne partie des retombés de cette richesse doit servir les besoins présent et futur et non les intérets de l'entourage de Jean Charest.
    C'est assez les portes secrete ,les portes coulissantes ou Charest se cache pour ne pas dire clairement aux Québécois comment il entend nous faire bénéficier collectivement de cette richesse qui appartient a tous.
    Jean Charest vas s'éviter des gros probleme dans le futur et aussi les Québécois si on s'assoie pour en discuter de maniere raisonnable plutot que de le faire derriere des portes fermés comme le fait actuellement Jean Charest
    Quand les choses sont claires au départ il n'y as pas de probleme a ce que des investisseurs se présentent mais surtout pas en décidant en catimini que ce seras un cheval pour les insvestisseurs et un lapin pour l'ensemble des Québécois.

  • Gaston Boivin Répondre

    16 février 2011

    En ce qui concerne Old Harry, si vraiment Hydro-Québec possède cette option de participer jusqu'à concurrence de 25 % à 40% dans les profits à condition de contribuer jusqu'à concurrence au maximum de 50% dans les dépenses de forage selon le degré de sa participation en levant cette option, cela n'est pas négligeable, d'autant plus que l'état québécois pourrait recevoir au surplus jusqu'à concurrence de 12.50% de redevances sur ce que produirait la partie québécoise de Old Harry. À considérer également, d'après ce que j'ai pu en comprendre en fouillant sur internet, que la participation d'Hydro-Québec en levant l'option serait sur tout le projet d'Old Harry, donc tant sur la partie québécoise que sur celle de Terre-Neuve. Cette participation s'étendrait aussi sur le projet de Cape Ray à Terre-Neuve qui n'est pas très éloigné de la partie Terre-Neuvienne de Old Harry, mais là il y a comme un hic, en ce que ce projet, qu'on pouvait voir visuellement sur le site d'Accord Resources inc au temps de la signature de l'entente intervenue en 2002-2003 avec l'Hydro-Québec, n'y apparaît plus en 2011!?
    Le 1er févier 2005, Accord Resources inc. a témoigné, par l'intermédiaire de monsieur Norman W. Miller, à la Commission parlementaire de l'économie et du travail, alors en consultation sur le secteur énergétique du Québec, son contexte, ses enjeux et son questionnement et y a également déposée un mémoire intitulé ''Une opportunité énergétique pour le Québec'' (On peut retrouver le témoignage de monsieur Miller dans le Journal des débats, 37ième législature, travaux parlementaires, 1er février 2005, vol 38, no. 46; et le mémoire présenté en tapant sur Google: Mémoire présenté par Corridor Resources inc. intitulé ''Une opportunité énergétique''): Ce mémoire est fascinant et excitant relativement à l'avenir économique du Québec considérant les immenses réserves de pétrole et de gaz que contiennent, selon ses explications, le Golfe St-Laurent et ses côtes. Toute personne qui a pu le lire ou prendre connaissance du témoignage de monsieur Miller à cette Commission n'a pu qu'être convaincu du potentiel très prometteur du Québec en ces matières. Dans ce mémoire, il était également déclaré que, relativement au projet de Old Harry, Corridor Resources avait signé de nombreuses ententes de confidentialité et de zone d'exclusion avec des compagnies pétrolières d'envergure internationale, certaines d'entre elles comptant parmis les plus importantes du genre au monde. Plusieurs de ces entreprises ont même réalisé un travail exhaustif sur les informations détenues par Corridor Resources et ont indiqué leur intérêt à participer au forage de cette structure avec elle dans la mesure où une solution serait trouvé pour assurer la validité des permis.''Il est assez incomprhéhensible, malgré tout le bien qui nous a alors été dit sur notre capacité énergitique, qu'Hydro-Québec cède quelques années plus tard tous ses droits sur l'île d'Anticosti à la compagnie Pétrolia.
    En ce qui concerne l'entente avec Pétrolia, tant mieux si Hydro en divulgue la teneur, mais, considérant la réserve de madame Normandeau à l'effet d'en révéler seulement ce qui peut l'être, je suis convaincu que ce qui en sera divulgué sera expurgé des détails qui font l'essence même de toute entente.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 février 2011

    Commentaire publié sur le site du Devoir...
    Rarement voit-on une politicienne parler avec autant d'aplomb à travers son
    chapeau. Excusez l'anglicisme.
    Une journée c'est noir (on ne joue pas au casino avec le fric des
    contribuables, donc on a bien fait de liquider l'expertise d'HQ dans la
    prospection gazière et pétrolière) et le lendemain, c'est blanc (ces mêmes
    activités sont merveilleuses et on y va à fond la caisse -- euhhh à fonds
    de la Caisse ?).
    Nathalie, on voit clair dans ton petit jeu, Pinocchio à côté de toi, c'est
    de la petite bière.
    Nathalie NORMANSONGES.
    -- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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