Lors de la conférence de presse sur le gaz naturel, organisée le 5 septembre dernier en marge de la rencontre du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) à Montréal, le titulaire de la Chaire de recherche en science du climat de l’université Concordia et membre du GIEC Damon Matthews a démontré avec études et chiffres à l’appui que le gaz naturel ne constitue absolument pas un choix énergétique valable dans le contexte de lutte aux changements climatiques.
Ce constat scientifique contraste abruptement avec la propagande intense à laquelle sont soumis les Québécois et Québécoises depuis plusieurs années, tant de la part de Gaz Métro que du gouvernement de Philippe Couillard. En effet, que ce soit dans le texte de la politique énergétique du Québec ou sur le site de la compagnie gazière, le gaz naturel est indistinctement présenté comme une énergie propre et moins émettrice de GES que les produits pétroliers qu’il vise à remplacer. Sur le site de Gaz Métro on peut lire : «Du point de vue de l’environnement, le gaz naturel émet significativement moins de GES que le diesel lorsqu’on les compare « du puits à la roue », c’est-à-dire tout au long du cycle de production et de consommation». Cette affirmation est notoirement fausse. Comment comprendre une telle dérive de l’information?
Un premier élément de réponse provient des agences gouvernementales telles que l’Environmental Protection Agency (EPA) américaine qui minimisent systématiquement les émissions de GES provenant des fuites de méthane tout au long du cycle de vie du gaz. Selon l’EPA, les fuites de gaz sont estimées à 1,5 %. Toutefois, plusieurs études démontrent que la moyenne des fuites recensées sur le terrain serait plutôt de l’ordre de 3% et plus. Or, au-delà de 1,3 % d’émissions fugitives, le gain d’économie de GES qui se produit lors de la combustion dans un moteur au gaz par rapport au diésel devient nul. Donc, la conversion des moteurs diésels vers le gaz est un pas dans la mauvaise direction. On peut en dire autant pour le chauffage. Mais ce n’est pas tout.
Gaz métro emploie présentement 140 lobbyistes qui s’activent auprès du gouvernement québécois et les municipalités dans le but de créer un environnement politique et règlementaire favorable à l’expansion du gaz au Québec. Et nous avons tous été témoins de la campagne de charme de Gaz Métro dans les médias, avec ses images d’adultes souriants au travail et d’enfants heureux confortablement logés et protégés par la douce « énergie bleue ».
La propagande porte malheureusement ses fruits empoisonnés. Par exemple, la ville de Montréal a converti le chauffage au mazout de ses petits chalets de parcs vers le gaz naturel au lieu de l’électricité. De même, la ville de Boucherville a décidé de chauffer sa piscine municipale au gaz plutôt que d’opter pour une combinaison d’électricité et de géothermie. Et c’est une flotte d’autobus au gaz que le gouvernement Couillard veut déployer pour desservir les banlieues de Montréal, au lieu d’autobus électriques alimentés avec une énergie renouvelable de chez nous. On peut multiplier les exemples. Comme l’a souligné le collectif scientifique sur la question du gaz de schiste au Québec : « Le gouvernement utilise le Fonds vert pour subventionner l’expansion du réseau de Gaz Métro ainsi que la conversion au gaz naturel de camions et la construction de navires asphaltiers-bitumiers-chimiquiers alimentés au GNL. Il pilote l’implantation de stations multicarburants et finance l’exploration de gisements de gaz naturel en Gaspésie ».
Avec tout ce que nous savons aujourd’hui des impacts du gaz naturel sur le climat, il ne fait plus aucun doute que l’offensive gazière au Québec répond à une stratégie de développement d’une filière industrielle au détriment de la transition énergétique et de la lutte aux changements climatiques. Des groupes d’intérêts liés au gaz aux États-Unis et au Canada ont le Québec dans leur mire. Ils ont trouvé dans l’équipe du gouvernement de Philippe Couillard des alliés serviles et peu scrupuleux. Mais ne soyons pas dupes. L’utilisation du Fonds vert pour faire le virage vers le gaz naturel est une fraude bien orchestrée. Il faut se débarrasser du gaz sans tarder.
Louise Morand
Comité vigilance hydrocarbures de L’Assomption
17 septembre 2017
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