Un parti populiste, anti-immigration et euro-sceptique, a bouleversé le paysage politique néerlandais en remportant une victoire bluffante aux élections provinciales, faisant de lui le plus important du Sénat alors qu'il n'existe que depuis deux ans.
A l'approche des élections européennes du 26 mai, la lame de fond populiste continue de déferler sur le Vieux continent. La surprise – qui à force n'en est plus une – est cette fois venue des Pays-Bas, où la jeune formation Forum pour la démocratie (FvD) a fait une entrée fracassante au Sénat, lors des élections provinciales du 20 mars.
Classée comme étant de droite populiste, FvD a remporté 13 sièges pour devenir le parti le plus important du Sénat selon l'agence de presse néerlandaise ANP, détrônant au passage celui du Premier ministre Mark Rutte (12 sièges), mis en difficulté trois jours après une fusillade terroriste à Utrecht. Une résultat qui a inspiré au quotidien De Telegraaf un titre révélateur : «Victoire écrasante.»
Dirigée par Thierry Baudet, 36 ans, FvD n'est pourtant devenu un véritable parti politique qu'en 2016, avant de faire son entrée à la Chambre basse du Parlement lors des dernières législatives en mars 2017. Les lignes directrices du parti suivent les traces de ce qui fait le succès des populistes : hostile à l'immigration, euro-sceptique ou encore climato-sceptique. Partisan d'un «Nexit» – une sortie des Pays-Bas de l'Union européenne – Thierry Baudet ne cache pas ses positions anti-immigration, mais n'utilise pas la rhétorique anti-islamiste de son rival politique, le député Geert Wilders, leader du Parti pour la liberté (PVV), qui a perdu des sièges au Sénat.
Le dirigeant du FvD ne s'est pas privé d'attaquer le Premier ministre, l'accusant «d'arrogance et de stupidité», et lui reprochant d'avoir ignoré les électeurs. «Nous nous trouvons dans les décombres de ce qui était autrefois la plus belle civilisation», a-t-il déclaré dans un discours lyrique au soir de son éclatante victoire, devant une foule en liesse.
Au pouvoir depuis huit ans, Mark Rutte se retrouve très fragilisé et se voit contraint d'obtenir le soutien de partis extérieurs à sa coalition : sa formation le VVD et les trois autres partis qui la compose n'ayant plus que 31 sièges (contre 38 avant les élections) sur les 75 que compte le Sénat.
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