Pendant que les organismes internationaux dissertaient sur l'action à prendre en Libye, le régime du colonel Kadhafi reprenait le contrôle de l'est de la Libye, ville par ville, sans même avoir à mener des combats particulièrement violents, face à de petites bandes d'insurgés mal armés et mal dirigés.
Hier, l'armée était aux portes de Benghazi, le bastion de la rébellion... et l'on n'avait toujours pas entendu parler des massacres massifs de civils annoncés par ceux qui réclamaient l'intervention militaire des forces étrangères. Ce qui s'est passé semble plutôt avoir été une brève guerre civile qui sera vite terminée en raison de la faiblesse de la faction rebelle.
Ces événements mettent en relief le manque de jugement de ceux qui, parmi les dirigeants occidentaux, ont tenu pour acquis dès le début du soulèvement que le colonel Kadhafi était fini, Nicolas Sarkozy au premier chef.
Dans une tentative désespérée de rehausser son image et de faire oublier les cafouillages de la France en Tunisie, il a officiellement reconnu le «Conseil national» des insurgés sans même en discuter avec ses alliés européens, ni même avec son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé... Une autre de ces décisions impulsives dont est friand le président français, celle-là prise sous l'influence de l'écrivain Bernard-Henri Lévy, qui signait la semaine précédente dans le Journal du Dimanche un «reportage» exalté qui contredisait tous les comptes rendus des envoyés spéciaux de la presse française, lesquels avaient tout de suite vu que cette insurrection était une affaire d'amateurs.
La France paiera cher d'avoir misé sur le mauvais cheval. Kadhafi a immédiatement rompu les relations diplomatiques avec Paris et il invite maintenant les Russes et les Chinois à remplacer les Occidentaux dans l'exploitation des faramineuses ressources pétrolières de son pays. (ns)
Barack Obama, de même qu'Angela Merkel ont été plus sages, en refusant de s'engager à intervenir militairement avant d'avoir pu évaluer le sérieux de la rébellion et la représentativité du «Conseil national de transition» basé à Benghazi.
Il fallait se poser les bonnes questions avant de sauter dans le train d'un groupe dont on connaissait fort peu de choses, à commencer par celle de savoir s'il était représentatif du peuple, à tout le moins d'une majorité de Libyens. Dans ce pays sans presse libre ni instituts de sondage, on ne sait pas ce que pensent les citoyens en leur for intérieur, mais pour l'instant, rien n'indique qu'une majorité souhaitait une révolution au profit de la partie orientale du pays.
Il fallait aussi se demander qui menaient les insurgés, dont les seules personnalités politiques sont deux anciens ministres qui ont eu longtemps partie liée avec le régime de Kadhafi.
Tout le monde a d'abord cru que ce dernier délirait quand il a accusé les rebelles d'être des «drogués» à la solde d'al-Qaïda... mais il appert qu'il y avait du vrai dans ces affirmations. Rémy Ourdan, du Monde, a décrit des groupes de «chabab» (les jeunes qui ont servi de chair à canon à cette «armée» sans chef ni stratégie) complètement intoxiqués au hachisch. Et avant-hier, le responsable d'al-Qaïda au Sahara, Abou Yahya, dans un message sur vidéo, a appelé les insurgés à «poursuivre leur combat»...
Selon Tanguy Berthemet du Figaro, sur les 31 membres que compterait le «Conseil national», seuls sept noms ont été révélés au public. Il cite un avocat proche des islamistes, qui se réjouit de ce que le mouvement a maintenant l'appui des «musulmans radicaux».
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