Des militants d'extrême droite affirmaient avoir "raccompagné" des migrants à la frontière franco-italienne dans la nuit de jeudi à vendredi dans les Hautes-Alpes : l'enquête ouverte par le parquet de Gap a été classée sans suite, faute "d'infraction constatée".
Depuis le week-end dernier et une première action au col de l'Échelle, au-dessus de Briançon, ces militants du mouvement "Defend Europe", lié au groupe Génération Identitaire, affirment sillonner la région pour "veiller à ce qu'aucun clandestin ne puisse rentrer en France".
Sur leur page Facebook, ils assurent ce vendredi dans un communiqué traduit en sept langues, vidéo à l'appui, avoir raccompagné au poste-frontière quatre clandestins, "sous la supervision d'un officier de police judiciaire". Sur la vidéo, on aperçoit deux hommes en train d'en escorter un troisième en direction de la police.
Voyant ces militants "revendiquer" ces faits "par voie de presse", le procureur de la République à Gap a ouvert vendredi une enquête préliminaire, révélée par "le Monde". Mais les investigations, "notamment l'audition de migrants", n'ont permis de recueillir "aucune plainte", "ni de constater aucune infraction pénale susceptible d'être reprochée à l'encontre de quiconque", a écrit Raphaël Balland dans un communiqué vendredi soir, concluant qu'en l'état, cette enquête serait "classée sans suite".
Demande de dissolution
Le magistrat n'a pas précisé les faits qui auraient pu apparaître comme délictueux, "Defend Europe" assurant de son côté avoir agi en respectant scrupuleusement la loi. Le week-end dernier, des voix à gauche s'étaient élevées contre leur action en reprochant à l'État de ne pas réagir assez fermement – certains ont réclamé depuis la dissolution de Génération Identitaire.
Après l'action de "Defend Europe", des militants pro-migrants avaient participé à l'entrée en France de clandestins et le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a alors renvoyé dos à dos "ultra droite" et "ultra gauche" en annonçant l'envoi de renforts policiers dans les Hautes-Alpes pour "s'assurer du respect absolu du contrôle des frontières".
Trois des militants pro-migrants, deux Suisses et une Italienne, sont poursuivis pour leur action et détenus dans l'attente de leur jugement.