Marie Vastel, La Presse Canadienne, thecanadianpress.com, OTTAWA - Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, a argué pendant toute la campagne électorale qu'il travaillerait à défendre le Québec à Ottawa, mais ses députés ont rapidement été contraints d'admettre que la Belle Province ne serait qu'une priorité parmi d'autres pour ce parti pancanadien.
Le NPD a été propulsé au rang d'opposition officielle à Ottawa aux élections du 2 mai dernier, en raflant presque toutes les circonscriptions que détenait le Bloc québécois. Le parti souverainiste, qui ne compte plus que quatre sièges sur les 47 qu'il détenait à la veille de l'élection, se targuait d'exister pour défendre les intérêts du Québec à la Chambre des communes.
Si les néo-démocrates sont venus remplacer les bloquistes à Ottawa, les limites du pouvoir de leurs députés québécois au sein d'un caucus national n'ont pas tardé à se manifester.
En marge de son premier point de presse comme députée du NPD dans Hull-Aylmer, Nycole Turmel a été forcée d'admettre, jeudi, que son parti allait défendre «les valeurs du Québec dans un système canadien».
Ce sera au caucus québécois de ce parti pancanadien de s'assurer que les valeurs de la Belle Province «répondent aussi aux Canadiens», a dit la nouvelle élue.
Questionnée à savoir si une société distincte avait des intérêts distincts, Mme Turmel a rétorqué qu'elle ne voyait pas le Québec et le Canada en opposition.
Cette position est partagée par son collègue Sylvain Chicoine, lui aussi nouvellement élu dans le comté de Châteauguay-Saint-Constant, qui a soutenu que les intérêts des néo-démocrates du Québec et ceux du reste du Canada n'allaient pas «à l'encontre» les uns des autres.
«Je pense que le NPD, sur ses valeurs, ne fera pas de compromis», a plaidé Nycole Turmel, à la suite de sa conférence de presse.
«C'est l'avancement des valeurs et des enjeux qui touchent les Canadiens, Canadiennes (...). Mais je suis certaine que ça va rejoindre les gens du Québec», a-t-elle ajouté.
Mme Turmel a refusé d'admettre, malgré tout, que le caucus québécois serait bien forcé de faire des compromis face aux 44 députés venant du reste du Canada.
Or, le NPD s'est déjà prononcé contre la volonté de l'Assemblée nationale du Québec dans le passé, notamment sur le maintien du registre des armes à feu — pour lequel M. Layton a refusé d'imposer une ligne de parti à ses troupes pour le sauver — et plus récemment sur l'octroi d'une garantie de prêt par Ottawa au projet hydroélectrique du Bas-Churchill à Terre-Neuve-et-Labrador.
Dans ces dossiers, le Bloc québécois s'était rangé derrière le consensus des députés de l'Assemblée nationale.
Cette semaine encore, lors d'un discours à Vancouver mercredi, Jack Layton a en outre appelé les premiers ministres provinciaux à appuyer la réforme des régimes de retraite qu'il espère pouvoir mettre en oeuvre. Plusieurs provinces ont montré de l'intérêt à modifier le Régime de pensions du Canada, mais ce n'est pas le cas du Québec ni de l'Alberta.
De passage à l'émission «Tout le monde en parle», dimanche dernier, Jack Layton s'était de nouveau posé en défenseur du Québec et avait indiqué que le premier geste de son parti à la reprise des travaux parlementaires serait de déposer un projet de loi pour imposer le français comme langue de travail dans les institutions fédérales de la province.
Mme Turmel et son collègue d'Ottawa-Centre, Paul Dewar, ont toutefois profité du premier point de presse du NPD en tant qu'opposition officielle, jeudi, pour annoncer leur plan pour protéger les dénonciateurs dans la fonction publique.
Mais rien n'empêche de défendre ardemment l'un et l'autre, ont-ils répliqué, en insistant que c'est une question d'équilibre entre les différentes priorités.
Quant au fait que le NPD doit maintenant affronter un gouvernement conservateur majoritaire, M. Dewar et Mme Turmel ont rejeté l'idée que leurs efforts soient perdus d'avance, même si avant l'élection les néo-démocrates avaient le pouvoir de renverser les conservateurs minoritaires de Stephen Harper.
À l'instar du discours de leur chef, les deux députés ont dit qu'ils allaient oeuvrer à obliger le gouvernement à rendre des comptes.
«Voilà ce que nous voulons changer à Ottawa: cette notion que rien ne peut être fait. Nous allons accomplir des choses et nous allons faire pression sur le gouvernement pour qu'il le fasse. Et s'ils (les conservateurs) décident de ne pas le faire, ils n'auront pas seulement à se disputer avec nous, mais aussi avec l'opinion publique», a fait valoir Paul Dewar.
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