En matière d’infiltration communautariste, les Belges n’ont rien à nous envier. Pour preuve, la trajectoire de Mahinur Ozdemir. La première femme parlementaire voilée du pays – à la double nationalité (belge et turque) – a toutefois vu ses ambitions en Europe être refrénées suite à des propos négationnistes. La voici recasée ambassadrice par Erdogan, lequel entend placer ses pions au Maghreb.
D’un point de vue vivre-enembliste, l’histoire de Mahinur Ozdemir tient du conte de fée post-moderne.
Voilà une Turque (mais Belge aussi), fille d’épicier installé à Schaerbeek, qui, après avoir gagné la célébrité en devenant en 2009 la première élue voilée du pays – sinon d’Europe – se retrouve propulsée ambassadrice de Turquie en Algérie.
Dans la famille Ozdemir je demande le père
L’histoire de cette Cendrillon à la sauce « diversité » est taillée sur mesure pour endormir tranquillement les enfants de bobos. Elle commence à Bruxelles. Et comme dans tout conte qui se respecte, il y a un loup. Mais dans cette histoire-ci, il n’est pas seul. C’est carrément une meute dont il est question, celle des Loups Gris, cette organisation nationaliste turque d’extrême-droite mafieuse qui a pris racine à Bruxelles comme ailleurs en Europe du Nord (Allemagne, Pays-bas, Suède) avec l’essor de l’immigration turque. Le père de notre héroïne en a été un des piliers à Schaerbeek. Tout dans le parcours politique de Mahinur Ozdemir transpire cette idéologie même si formellement on ne pourra pas la qualifier de « louve grise ». Faudrait-il encore que cette institution ultra-conservatrice accepte la mixité pour s’ouvrir aux femmes…
A lire aussi: « La gravité du fait politique islamiste en France est fortement sous-estimée »
Cultivant à peu près toutes les phobies, les Loups-Gris sont anti-grecs, anti-kurdes, anti-chrétiens (c’est un des leurs qui avait tenté d’assassiner le pape Jean-Paul II), antisémites et homophobes dans la foulée. Historiquement considérés comme le bras armé du parti d’action nationaliste (MHP) ils se sont progressivement rapprochés de l’AKP d’Erdogan et des islamistes (plus tard, on les retrouvera actifs dans le conflit syrien pour prêter main forte au califat de l’EI).
Erdogan s’invite au mariage
Dès lors, rien d’étonnant à ce que le sultan plébéien Erdogan ait honoré de sa présence le mariage religieux célébré en Turquie de cette starlette du communautarisme à la belge avec l’attaché parlementaire d’une élue islamo-conservatrice turque. Quant à la robe de cérémonie, peut-être fera-t-elle moins rêver les petites filles… quand elles apprendront qu’elle tenait plus du burkini meringué que de la robe de bal qui sert de plan final aux frères Grimm.
L’ascension fulgurante de cet effrayant produit de la diversité commence à peiner lorsque Joëlle Milquet, grande promotrice du communautarisme, cède les rênes de son parti, le CDH, à un nouveau président Benoît Lutgen. En 2015, alors que la question du génocide arménien taraudait l’opinion publique à l’occasion des célébrations organisées autour de son centenaire, Lutgen pose un ultimatum à Ozdemir qui conduit à l’exclusion de celle-ci du parti.
A lire aussi: « Erdogan a toujours été un faux démocrate et un vrai islamiste »
De tous les élus de cette mouvance inscrite dans le sillage des Loups Gris et d’Erdogan qui ont infiltré l’ensemble des formations belges (PS, libéraux, écologistes, etc) elle est la seule avoir été sérieusement recadrée. Emir Kir au PS, dont le poids politique repose sur le même électorat radical turc, n’a jamais été inquiété. Il n’hésite même plus à inviter et à commenter ses photos en compagnie d’élus turcs d’extrême-droite.
Siégeant un temps comme élue indépendante, Ozdemir a préféré mettre un terme à sa carrière belge qui prenait une tournure en eau de boudin. Erdogan lui a trouvé un poste où se refaire honorablement. De son côté, il a placé une fidèle au cœur d’un processus clé: sa (re)conquête de l’Afrique. Erdogan qui vient d’envoyer des troupes en Libye pour s’assurer d’y maintenir un régime favorable dans la lignée de Frères musulmans compte trouver des alliés au Maghreb. Il n’a pas hésité à se rendre en Tunisie pour vendre son projet. Aujourd’hui, avec Ozdemir en Algérie, il installe une jument de Troie avec pour objectif final de devenir incontournable dans les transactions qui portent sur les matières fossiles dans la zone Sud-Est de la Méditerranée. Et entre la Libye, le Maghreb et la Turquie, il y a la Grèce…