Outré par les façons «cowboy» de procéder de l’UPAC, un député libéral invite Guy Ouellette à venir expliquer sa version des faits à l’Assemblée nationale.
Raymond Bernier s’est dit inquiet par les révélations faites à notre Bureau d’enquête par l’analyste Annie Trudel, publiées dans l’édition de lundi du Journal.
«Je suis inquiet. S’il a des renseignements à donner aux gens, je pense qu’il serait intéressant qu’il puisse venir donner cette information là, suite à votre article.»
Selon Mme Trudel, M. Ouellette a été arrêté la semaine dernière par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) car il avait faire des révélations embarrassantes pour l’organisation policière ainsi que pour l’Autorité des marchés financiers (AMF).
En entrevue lundi matin, M. Bernier, député de Montmorency dans la région de Québec, a affirmé que ses propos laissent planer un doute sur les pratiques des deux organisations.
«On vient de mettre en doute deux organismes importants du gouvernement du Québec. Que se passe-t-il? En ce qui me concerne, ça mérite d’être éclairci.»
Manque de professionnalisme
Alors que l’UPAC n’a encore donné aucune explication ni déposé aucune accusation cinq jours après l’arrestation de M. Ouellette, député de Chomedey, M. Bernier a critiqué la gestion de l’opération par les policiers.
«Je trouve ça tellement cowboy, employons le terme, d’une façon incroyable. Ça manque de professionnalisme, ça manque carrément de sérieux. On ne s’attend pas à ce que des corps policiers travaillent de cette façon-là.»
M. Bernier s’est également inquiété de la façon dont l’UPAC a procédé avec Mme Trudel, qui a été mise en état d’arrestation une quizaine de minutes également, mercredi, quelques heures avant que M. Ouellette soit à son tour arrêté, dans le cadre d’une enquête qui porterait sur des fuites de preuve.
L’UPAC doit s'expliquer
Devant l’absence d’informations, le commissaire de l’UPAC, Robert Lafrenière, pourrait devoir venir s’expliquer devant les députés sur l’opération impliquant M. Ouellette, a indiqué M. Bernier.
«Il y a des motifs à venir expliquer. De quelle façon ça s’est passé. On ne lui demande pas de donner des motifs par rapport à des enquêtes concernant des tierces personnes mais d’expliquer ce qui s’est passé par rapport aux arrestations qui ont ou non été faites, c’est quoi cette histoire-là.»
Tout en soulignant que les députés ne doivent pas bénéficier de traitement de faveur, M. Bernier a toutefois souligné que l’arrestation de M. Ouellette revêt un caractère symbolique qui semble échapper à l’UPAC.
«Étant donné que c’est un parlementaire, que c’est un bonhomme qu’on connaît pour travailler sur des dossiers sensibles, au niveau des différentes commissions, (...) comme c’est un parlementaire c’est plus grave parce qu’il a à voter des lois à légiférer, et voter des règlements. À partir de là, il faut avoir encore plus d’éclaircissements pour la population.»
Autrement, les policiers risquent de laisser planer un doute dommageable sur les institutions.
«On ne peut pas arrêter le monde comme ça. On est rendu où dans notre société où on arrête les gens et on ne sait pas pourquoi on les arrête? C’est inadmissible.»