Depuis quelques mois, nous assistons, dans les enceintes des parlements du Québec et d’Ottawa, à une débandade eu égard autant au ton acrimonieux qu’aux termes disgracieux utilisés dans les échanges entre les députés. D’un côté, le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre a été expulsé de la Chambre des communes pour avoir refusé de retirer ses propos après avoir traité le premier ministre Justin Trudeau d’« extrémiste » et de « cinglé ». De l’autre, le premier ministre François Legault a soulevé l’ire de l’opposition à l’Assemblée nationale en traitant les maires et mairesses de «quêteux» en point de presse suite à leur demande de fonds publics pour pallier le déficit engendré par le transport en commun.
Or, nonobstant les effets nocifs des attaques acerbes des premiers ministres, force est de constater qu’ils ont de surcroît pour effet collatéral de jeter de l’huile sur le feu et, par conséquent, d’envenimer outrageusement les débats dans les Chambres respectives. Le respect, le civisme et la modération aux temples des élus ont perdu leurs lettres de noblesse. Le décorum s’est métamorphosé en un climat belliqueux indigne des représentants du peuple.
Nos parlements ont délaissé le décorum et oublié leur raison d’être, à savoir l’utilisation d’un ton approprié aux sujets parfois délicats qui y sont abordés Les attaques personnelles n’ont littéralement pas leur place au sein des parlements. À cet effet, il devient impératif que les présidents des Chambres respectives fassent preuve de crédibilité à défaut de quoi le climat prendra rapidement des allures d’arène de combat au détriment de la défense du bien commun.
Le pragmatisme de Gabriel Nadeau-Dubois
Dans la crise que traverse actuellement Québec solidaire (QS), il faut reconnaître le courage de son co-porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois (GND), qui a ouvert son jeu eu égard aux changements majeurs auxquels seraient confrontés les militants de QS au cours des prochains mois, advenant qu’ils acceptent le recadrage proposé par GND.
Dès sa création, QS s’est défini comme un parti social-démocrate qui, comme corollaire, se situait à la gauche de l’échiquier politique, et conséquemment, accordait une place prépondérante aux recommandations de ses militants. Or, GND désire maintenant que QS soit un parti de gouvernement, un parti politique qui aspire au pouvoir en utilisant une démarche pragmatisme. Une orientation qui tranche nettement avec les débats houleux qui ont cours lors des Conseils nationaux de QS aujourd’hui et qui risque d’aboutir à des frictions acerbes entre les militants.
Quant à la structure bicéphale de QS, force est de constater que la démission d’Émilie Lessard-Therrien de son poste de co-porte-parole de QS a causé un choc au sein du parti, certains membres remettant en question ce mode de fonctionnement.Toutefois, à ce sujet, GND préfère se donner du temps avant de prendre position sur cette formule de direction tout en reconnaissant sa pertinence encore aujourd’hui.
GND joue son va-tout. En agissant avec une telle ouverture, je suis d’avis qu’il emprunte un chemin chaotique mais empreint d’une ouverture toute à son avantage. Toutefois, il lui reste une tâche colossale, à savoir celle de mobiliser sa base militante. À mon avis, QS n’a pas le choix. Ou il persiste à végéter dans l’opposition à tout jamais, ou il emprunte le chemin d’un parti qui aspire à prendre un jour le pouvoir.
Henri Marineau, Québec
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