Avant d'amorcer tout virage vers un nouveau système de paie, le gouvernement fédéral doit déposer un plan détaillé présentant les options envisagées pour remplacer Phénix, et éviter ainsi une «débâcle» de la sorte, croit un comité sénatorial.
En conférence de presse à Ottawa, mardi, trois membres du comité sénatorial des finances nationales ont dit avoir été «consternés» de constater que personne, au gouvernement, n'ait été tenu responsable du fiasco du système de paie Phénix.
Le sénateur André Pratte a pointé du doigt la «culture de gestion» ayant mené à cette situation, qui a touché plus de la moitié des 290 000 fonctionnaires fédéraux, leur causant une inacceptable «incertitude» en raison des problèmes de rémunération les ayant affectés.
Son collègue Percy Mockler, qui préside le comité, a souligné que cette situation avait à ce point entaché la réputation de la fonction publique qu'elle avait incité des travailleurs à privilégier plutôt un emploi dans le secteur privé.
Le comité a présenté mardi un rapport contenant cinq recommandations à partir des témoignages du vérificateur général du Canada, de représentants syndicaux, de hauts fonctionnaires ou encore de la ministre de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), Carla Qualtrough.
Les sénateurs ont dénoncé le manque d'imputabilité des hauts fonctionnaires ayant donné le feu vert au déploiement d'un système de paie qui n'était pas prêt, mais ils n'en nomment aucun dans leur rapport. La sénatrice Mobina Jaffer a plaidé que cela n'était pas l'objectif.
Cinq recommandations:
- Que SPAC établisse les priorités dans le traitement des demandes d'interventions de paie en attente, ainsi que des cibles de délai de traitement pour celles-ci.
- Que le gouvernement réévalue si les conseillers en rémunération et les employés des ressources humaines sont en nombre suffisant et s'ils reçoivent, ainsi que les fonctionnaires en général, une formation adéquate.
- Que le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, dans son rapport sur les résultats ministériels, rende compte tous les ans au Parlement des coûts totaux associés à Phénix assumés par le gouvernement.
- Que SPAC étudie la possibilité d'avoir recours à d'autres solutions de paie pour les ministères et organismes dont les règles de paie complexes rendent difficile l'utilisation de Phénix.
- Que, avant de se lancer dans une future initiative de transformation de la paie, SPAC soumette au Parlement un rapport présentant les options envisagées pour remplacer Phénix, y compris le coût de chacune d'elles, les incidences escomptées sur les employés, ainsi que les mesures de gestion de projet et de surveillance prévues afin d'éviter de reproduire les ratés de Phénix.