Oléoduc Énergie Est : ça prend des redevances

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Les redevances ne se versent que sur l'exploitation d'une richesse naturelle. L'imposition d'un droit de passage supposerait que le Québec soit maître absolu de son territoire





Si TransCanada veut convaincre les Québécois du bienfait de son projet d’oléoduc Énergie Est, elle doit proposer un véritable partenariat. Et cela passe inévitablement par le versement de redevances annuelles au Québec.


On le sait, le projet de TransCanada est ambitieux. L’oléoduc Énergie Est fera transiter 1,1 million de barils de pétrole chaque jour entre l’Alberta et le Nouveau-Brunswick. Au Québec, le pipeline s’étirera sur plus de 724 kilomètres.


C’est beaucoup de pétrole et de fric qui passera sous nos pieds chaque jour. Le Québec devra en tirer profit. Combien? Cinquante cents du baril? Un dollar du baril?


Il faut dire que la balle est dans le camp du gouvernement Couillard qui doit maintenant imposer au promoteur ses conditions financières quant à l’acceptation de ce projet de 14,7 milliards $.


Seule voie de sortie


Avec le refus du projet Keystone XL aux États-Unis et de deux autres projets d’oléoducs en Colombie-Britannique, l’industrie pétrolière albertaine est coincée.


Le projet Énergie Est est sa seule voie de sortie pour faire transiter du pétrole à fort volume hors de l’Alberta vers les marchés de l’exportation.


Au Canada, le Québec est considéré comme une province pauvre. Chaque année, le Québec reçoit 10 milliards $ du gouvernement fédéral par l’entreprise du programme de péréquation.


Chaque dollar perçu par le Québec des promoteurs d’Énergie Est aura pour effet de nous rendre moins dépendants de la péréquation et plus riches collectivement.


Si le sous-sol albertain profite à l’Alberta, il doit aussi profiter au Québec, dont le pétrole passera sous nos pieds pour être par la suite écoulé à l’international.


On comprend que, pour le Québec, les risques environnementaux sont grands. L’oléoduc traversera de nombreux cours d’eau stratégiques. Les risques de déversement sont bien réels. Les dégâts potentiels tout autant. Cela a un prix.


Ce sont d’ailleurs ces mêmes arguments qui sont avancés actuellement par les élus de la Colombie-Britannique et de la Ville de Vancouver afin de bloquer deux projets d’oléoducs en partance de l’Alberta.


Le pétrole, là pour rester


Or, quoi qu’en pensent les groupes environnementaux, le Québec continuera de consommer beaucoup de pétrole au cours des prochaines décennies.


En fait, le Québec n’a jamais été aussi accro aux produits pétroliers. Chaque année, le Québec consomme plus de 15 milliards de litres de carburants. C’est davantage qu’il y a 20 ans. Une facture annuelle de 10 milliards $.


Sur les routes du Québec, il n’y a jamais eu autant de véhicules à moteur à essence. Le Québec compte 4,5 millions de véhicules de promenade détenus par des particuliers.


Le nombre de véhicules électriques en circulation au Québec représente en ce moment moins de 0,2 % du parc automobile québécois.


L’industrie pétrolière n’anticipe d’ailleurs pas de déclin significatif de parts de marché avant 2040 au Québec et au Canada.


L’Agence internationale de l’énergie (AEI) prévoit que le prix du pétrole rebondira au cours des prochaines années. Le prix du baril devrait atteindre les 100 $ US en 2020 et la barre des 115 $ US en 2030.


On le constate, la fin du pétrole n’est pas pour demain. Et le Québec doit bien jouer ses cartes afin d’exiger des retombées financières significatives de l’oléoduc Énergie Est.


Ce projet comporte, pour le moment, trop peu d’avantages économiques pour l’accepter tel quel, même avec de la bonne volonté et du Quik aux fraises. TransCanada devra ouvrir son jeu et en offrir davantage.




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