Des milliers de Grecs ont protesté ce 22 janvier sur les îles égéennes qui accueillent les plus importants camps de migrants, réclamant le départ immédiat de milliers de demandeurs d'asile.
Des milliers d'habitants ont manifesté ce 22 janvier sur les ports des îles de Lesbos, Samos et Chios, proches de la Turquie, brandissant de nombreux drapeaux grecs, pour demander le départ immédiat de milliers de demandeurs d'asile. Une grève générale de 24 heures, avec fermeture des magasins et des services publics, était également observée dans ces îles. Le slogan principal de cette journée d'action était : «Nous voulons récupérer nos îles, nous voulons récupérer nos vies».
Au bord de l'asphyxie, le camp de Moria sur l'île de Lesbos, dont les conditions sordides sont dénoncées par le Haut commissariat aux réfugiés de l'Onu (HCR) et de nombreuses ONG de défense des droits de l'Homme, accueille plus de 19 000 demandeurs d'asile pour une capacité de 2 840 personnes.
On ne peut pas sortir le soir, les gens se font poignarder
La situation est également dramatique à Samos où 7 500 migrants se trouvent dans le camp de Vathy, d'une capacité de 650 personnes, aux portes de la ville.
A Chios, le centre d'accueil et d'hébergement de Vial est prévu pour 1 000 personnes mais près de 5 000 demandeurs d'asile y vivent dans des conditions également sordides.
En novembre, le gouvernement a annoncé la création de nouveaux camps, pour plus de 5 000 personnes chacun, sur les cinq îles de la mer Egée qui abritent au total près de 42 000 migrants (Lesbos, Chios, Samos, Kos et Leros). Mais les responsables locaux s'y opposent fermement, exigeant que la capacité des centres soit limitée à 1 000 personnes.
La Grèce en première ligne des flux migratoires
A Lesbos, en particulier, les violences entre demandeurs d'asile sont fréquentes. Deux d'entre eux ont été tués à l'arme blanche dans le camp de Moria en janvier. Une Afghane de 18 ans est hospitalisée, entre la vie et la mort après avoir été poignardée cette semaine. En outre, trois demandeurs d'asile se sont suicidés ces dernières semaines dans des centres de rétention en Grèce.
«On ne peut pas sortir le soir, les gens se font poignarder», a témoigné à l'AFP l'un des manifestants sur le port de Mytilène, à Lesbos.
La Grèce a été en première ligne dans la crise migratoire de 2015 – année durant laquelle le pays a vu transiter 850 000 personnes à destination de l'Europe centrale. Et elle est redevenue l'an dernier la première porte d'entrée des migrants en Europe. Le HCR a comptabilisé en 2019 plus de 59 700 arrivées en Grèce par mer et plus de 14 800 par voie terrestre, principalement via la frontière avec la Turquie. Soit un total de 74 600 arrivées en 2019. Plus de 3 000 nouveaux migrants sont entrés en Grèce depuis le début de l'année 2020, dont la moitié par la mer, selon le HCR.
Récemment, le ministre adjoint de l'Immigration Georgens Koumoutsakos a déclaré que la Grèce vivait une «fatigue migratoire», demandant une «solidarité réelle» à la communauté internationale.