Nous allons finir par en finir avec le Canada

Discours au Conseil Général Élargi du Bloc Québécois, 12 février 2011

Élections fédérales - 2011 - le BQ et le Québec

Mesdames et messieurs les députés,
Cher(e)s amis militants,
Nous voici à nouveau réunis pour nous préparer à une nouvelle joute électorale. Les rumeurs sont persistantes, les signes s’accumulent, le Canada ira bientôt aux urnes. Nous serons prêts, nous sommes déjà en bon ordre de marche.
Nous le sommes parce que pour nous, cette élection, comme toutes les autres avant elle, n’est qu’un nouvel obstacle à franchir sur la route de la liberté. Chaque scrutin nous donne l’occasion de refaire nos forces et de recomposer nos idéaux.
Le peuple québécois nous donnera encore, j’en suis certain, un appui solide parce que nous savons traduire sa volonté d’exister et que nous portons dans la Chambre des communes et partout au Canada le message simple et clair qui traverse toute notre histoire : nous sommes un peuple, une nation à part entière et nous aurons un jour notre État complet.
Nous n’avons de rancœur envers personne, nous voulons quitter l’État canadien parce qu’il n’est pas le nôtre. Nous n’avons rien contre le peuple canadien, nous disons que nous n’en faisons pas partie.
Nous ne sommes pas chez nous dans le Canada et dans ses institutions. Nous en avons assez de voir l’État canadien saper nos choix démocratiques au nom d’un régime constitutionnel qui nous a été imposé, nous en avons assez de vivre avec des choix de société qui ne sont pas les nôtres, des choix qui souvent même sont contraires à ceux que nous voudrions faire en pleine liberté.
La liste d’exemples est longue. Nous aurons l’occasion d’y revenir en campagne électorale et il ne faudra pas y manquer. Mais surtout, il faudra bien faire la démonstration à l’ensemble de nos concitoyens, que ce ne sont pas les programmes de gouvernement qui sont en cause d’abord et avant tout. C’est le régime canadien qui fait obstacle à notre épanouissement national. Les politiques et les programmes que ce régime peut produire ne sont que des moyens de nous enfoncer toujours plus dans notre statut de minoritaire. C’est notre seul destin au sein du Canada.
Le régime nous prive chaque jour davantage des moyens de décider par nous-mêmes de ce que nous voulons pour nous-mêmes. Il faut continuer à faire réaliser à tous les Québécois que le Canada est irréformable.
Mais plus important encore, il faut redoubler d’efforts pour démontrer que chaque jour qui passe réduit nos moyens mêmes de s’en sortir dans les institutions que le Canada nous impose. Commission des valeurs mobilières, refus de soumettre les entreprises à charte fédérale à la loi 101, réforme de la carte électorale qui fera du Québec à tout jamais une quantité négligeable : tout cela va dans le même sens.
Stephen Harper le redit à mot à peine couvert : le Québec n’inspire plus rien à Ottawa, ni la crainte ni le respect. Et il agit en conséquence. Les messages publicitaires que les Conservateurs ont commencé à nous faire subir sont éloquents : ils ne visent qu’à dresser les Québécois les uns contre les autres. Cela traduit bien le fonctionnement de ce régime : pour placer le Québec sur le respirateur artificiel, il faut briser sa cohésion, saper sa solidarité et ne reculer devant rien pour salir ses aspirations nationales.
Monsieur Duceppe l’a dit à de nombreuses reprises, Ottawa ne fera rien pour considérer le Québec comme son égal. À nous d’en tirer les conséquences politiques : il faut dire aux Québécois que le temps presse et que nous n’avons plus d’énergie à gaspiller à tenter de nous expliquer, de nous faire comprendre, de nous faire respecter. Nous sommes pour le Canada une minorité que Stephen Harper a pensé distraire en lui collant une étiquette ridicule: une nation dans le Canada uni.
Ce que ça veut dire c’est que le Canada nous tient. Et pour nous tenir, il occupe tout ce qu’il peut occuper en retournant contre nous nos impôts, nos institutions, notre langue même. Il nous tient dans le multiculturalisme qui nous réduit au folklore. Pour nous provincialiser davantage, il piétine notre mémoire comme il l’a fait pour le 400e de Québec, il trafique l’histoire, il s’impose dans nos choix culturels, nous écrase à même notre argent. Il n’a jamais été aussi présent chez nous.
Le FJBQ se battra sans relâche auprès des jeunes pour leur démontrer qu’aucune des options politiques fédéralistes, fut-elle libérale, conservatrice, néo-démocrate ou verte, ne peut être bénéfique au Québec parce qu’elles reposent toutes sur le maintien de notre enfermement minoritaire. Ces partis supposent que nous restions à la merci des choix que la majorité va nous imposer. Il faut dire aux Québécois et aux Québécoises qu’il n’y a qu’une seule façon de s’assurer que la politique va se faire selon nos choix, c’est de traiter d’égal à égal, de nation à nation. C’est de réaliser l’indépendance nationale.
Le Québec, nous l’aimons avons passion et sans partage. Et si les militants du Forum Jeunesse et du Bloc n’ont pas le monopole de l’amour du Québec, nous sommes cependant les seuls à considérer qu’il est, comme le disait le père de notre chef, notre seul pays. Et son avenir ne devra plus se décider que chez nous, et par nous!
Nous ne militons pas pour limiter les dégâts. Le temps de la défensive est terminé.
Le FJBQ démontrera aux jeunes que nous sommes à Ottawa pour ouvrir le chemin et brandir notre intérêt national comme le Canada nous impose le sien. Nous ne sommes pas là pour que ce pays fonctionne mieux. Nous sommes là pour se préparer à en sortir.
À l’heure où les défis sont plus grands que jamais pour le Québec, nous ferons valoir à nos compatriotes que ce régime nous condamne à gaspiller notre potentiel et nous contraint à d’éternels compromis ridicules. Nous n’avons aucune raison de continuer à nous satisfaire de demi-mesures. Le Québec regorge d’énergies vives qui n’attendent qu’à s’épanouir à leur juste valeur, il faut maintenant faire sauter le dernier plafond qui les en empêche.
Nous avons tout ce qu’il faut pour prendre notre place dans le monde. C’est par amour pour notre nation que pouvons dire que le Canada nous nous suffit pas : Nous voulons le monde!
Nous serons clairs et agirons en conséquence : nous voulons faire l’indépendance parce que le Canada n’est pas notre pays. Ses choix sont les siens, pas les nôtres. Nous le répéterons sans cesse.
Les mois qui viennent seront passionnants.
Ils nous fourniront des occasions exceptionnelles de faire valoir que le temps est venu.
Le temps est venu de sortir le Canada du Québec. L’avenir du Canada se dessine de toute façon sans le Québec. Autant donc dessiner l’avenir du Québec sans le Canada.
Le temps est venu de faire comprendre aux Québécois que chaque jour de plus dans ce régime est un jour perdu.
Le temps est venu de faire comprendre aux Québécois ce qu’il en coûte de se laisser ratatiner et de tourner en rond.
Nous, du FJBQ, sommes là pour dire que le temps est fini de ne laisser d’autre choix au Québec que celui de ravaler et de se dire que malgré tout « c’est pas si pire ». Ce n’est pas l’avenir que nous souhaitons. Nous sommes prêts à entrer dans l’histoire.

Nous, les jeunes du Bloc, nous avons l’énergie et les convictions pour le faire.
Ensemble, nous allons tout mettre en œuvre pour que cette élection fédérale soit notre dernière!
Je vous remercie.
Simon-Pierre Savard-Tremblay
Président du Forum Jeunesse du Bloc Québécois

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).





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