Ce sont nos morts. Il faut le dire, le répéter.
Les hommes décédés ou blessés dans la tragédie de la grande mosquée de Québec dont on soulignait hier le premier anniversaire ne sont pas des étrangers. Ce ne sont pas seulement des musulmans, c’était plus que des immigrants.
Ils sont des nôtres.
Ici, pas ailleurs
Ce n’est pas l’Université islamique de Médine qui a perdu un professeur apprécié, le 29 janvier 2017. C’est l’Université Laval qui a perdu Khaled Belkacemi, un spécialiste respecté et un maître apprécié de ses élèves.
Soyez assurés que la personne de qui Aboubaker Thabti aurait acheté la maison dont il rêvait n’aurait pas vu quelqu’un dont la mort ne mérite pas qu’on en fasse un drame. Elle aurait vu un partenaire lui permettant de passer à la prochaine étape.
De même, ce n’est pas à Daech qu’Azzedine Soufiane versait les taxes qu’il percevait dans la boucherie qu’il opérait. Cet homme d’affaires contribuait à notre société en faisant travailler du monde ici et en vendant de la très bonne viande.
Il en est de même pour les collègues du comptable Mamadou Tanou Barry. Comme c’est le cas pour ceux qui travaillaient à Revenu Québec avec Ibrahima Barry ou au CSPQ avec Abdelkrim Hassane. Pour eux, c’est un visage familier qui est disparu, pas une vague figure dans le décompte des morts du terrorisme ou de la haine.
Leurs enfants désormais orphelins vont à l’école avec les nôtres. Nous avons peut-être croisé leur conjointe dans la dernière année, sans même le savoir. C’est dans nos rues qu’ils ne marchent plus. C’est à notre société qu’ils ne participent plus.
Une balafre
Oui, c’est une attaque qui visait des gens à cause de leur religion, une foi venue de pays lointains. Ce n’est pas une raison pour nier que c’est un crime contre notre société, contre nos lois, contre nos concitoyens, contre nos frères.
Pour toutes ces raisons, cette tragédie est la nôtre. C’est une balafre sur le visage de notre ville.