Les dernières prises de position sur la nationalisation de l'éolien ont causé quelques remous notamment dans le monde coopératif et auprès des communautés qui s'organisent depuis plusieurs mois pour développer une expertise et assurer des retombées dans leurs régions. Ces coopératives émergentes dans le développement éolien, notamment au Lac-Saint-Jean et dans le Bas-Saint-Laurent, assurent la participation des gens concernés par un parc éolien pour accroître les retombées économiques locales. Permettre aux gens de bénéficier de leur potentiel éolien représente une occasion qui ne doit pas être ratée, d'autant plus que la question de la nationalisation de l'éolien est à mon avis un faux débat. En somme, la nationalisation ne changerait rien à ces états de fait puisqu'Hydro-Québec conserve son monopole.
Rappelons-nous qu'à l'origine, la nationalisation de l'hydro-électricité visait à éviter que des monopoles régionaux n'exigent des prix exorbitants aux consommateurs. L'apparition de tels monopoles régionaux s'expliquait puisque les investissements demandés pour le transport et la distribution de l'électricité étaient massifs et aux mains de ces monopoles. Il était donc tout à fait légitime à l'époque d'intervenir pour légiférer sur les prix et intégrer le réseau de transport et de distribution pour protéger les consommateurs. Cette question ne se pose pas du tout dans le cas des éoliennes. D'abord parce qu'Hydro-Québec est toujours maître d'œuvre en matière de transport et de distribution. Ensuite parce que c'est toujours Hydro-Québec qui détermine les conditions d'achat de l'électricité. Par conséquent, le consommateur est toujours protégé par le monopole d'état même si l'éolien va à des coopératives ou à d'autres formes de projets régionaux.
En réalité, dans le cas des projets coopératifs, il s'agit plutôt d'un partenariat à intervenir entre Hydro-Québec et les communautés pour favoriser le développement de l'éolien tout en soutenant les régions. On évitera ainsi d'exproprier inutilement des propriétaires alors que ceux-ci sont déjà disposés à développer leur gisement éolien dans la mesure où ils en tireront quelques avantages en contrepartie des impacts négatifs sur leur propre territoire. À cet égard, l'acceptabilité sociale n'est possible que dans la mesure où les premiers concernés puissent être les premiers à bénéficier des retombées des parcs éoliens.
Ce partenariat entre les coopératives et Hydro-Québec doit se faire dans des conditions qui puissent assurer la réussite de la prise en charge par les régions. Or, le développement de l'éolien par les coopératives doit être compétitif face aux grands joueurs mondiaux, ce qui exige d'établir certaines conditions en faveur des projets régionaux. En effet, comment les coopératives pourraient-elles investir des montants massifs sans s'assurer des revenus nécessaires? Les prix mondiaux des matières qui servent à construire les éoliennes sont en hausse: le coût de l'acier (tubulures et transformateurs), le coût du cuivre (transformateur) et le prix de l'essence (pales) ont subi de fortes hausses sur le marché nord américain contrôlé par cinq grandes firmes. C'est pourquoi, pour que les coopératives soient en mesure de planifier le coût des investissements et les revenus, le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité demandait récemment au gouvernement d'inclure deux conditions essentielles pour assurer le développement éolien par les régions. En premier lieu, qu'Hydro-Québec assure un tarif d'achat fixe aux promoteurs régionaux pour être en mesure d'évaluer leurs dépenses et leurs revenus et, en deuxième lieu, que les critères d'attribution soient précisés dans un cahier de charge transparent.
Les communautés réunies dans les coopératives ne voudraient pas voir leurs efforts et les retombées de l'éolien leur échapper. Pour cause, pour une rare fois, les régions peuvent aspirer à se servir d'un levier aux fins de leur propre développement économique et en retirer les retombées. Il est important de comprendre que le modèle coopératif permet à la fois une gestion démocratique par des promoteurs régionaux et une redistribution des revenus dans le milieu avec assez de flexibilité pour intégrer d'autres acteurs régionaux, notamment le monde municipal.
Hélène Simard, présidente
Conseil québécois de la coopération et de la mutualité
Pour le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité
Nationaliser l'éolien : un faux débat !
17. Actualité archives 2007
Hélène Simard2 articles
Présidente-directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité
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