Lettre ouverte à vous, qui nous gouvernez.
Lettre ouverte à vous, mes amis et camarades, qui vous battez.
Le Québec vit une crise. Une crise grave. Grave à la mesure du monde. Si vous pensez que tout prendra fin bientôt et que tout redeviendra comme avant d'ici les premières neiges d'automnes, c'est que vous faites encore partie d'un passé déjà mort et que la lecture d'un monde nouveau qui nait vous demeure tristement impossible. Car c’est bien de cela dont il est question, en réalité. Il n’est question que de cela. De cet autisme mafieux qu’est le vôtre et qui rend vos cœurs si corrompus qu’ils en viennent à aimer leurs vices comme s’ils étaient les meilleurs de leurs vertus, jusqu’au point de les chérir comme des trésors de vanités et de suffisances. Vos esprits si rapetissés par vos croisades incessantes et funestes, toujours à la recherche de nouvelles victimes à sacrifier sur l’autel maudit du dieu Argent, encensé sans relâche par vos puantes encens néolibérales, ont fait de vous de véritables prêtres-tyrans d’une économie inhumaine qui vend et revend son âme, tous les jours, à tous les démons argentiers du monde, vous rendant dangereusement incapable de concevoir l'histoire dans l'Histoire, de voir et d'entendre les grands signes des temps, racontés partout sur Terre.
Mais regardez donc autour de vous! Non! Pas seulement ici, mais partout! La naissance d'un monde nouveau s'entend tous les jours, toutes les heures, toutes les secondes, dans un présent qui met sang et douleurs à le mettre au monde. Ne l'entendez-vous pas hurler, le monde nouveau-né qui veut vivre? J'ai entendu des choses, de vos bouches, d'une insignifiance terrible. D'une effroyable et microscopique interprétation des choses. Vous ne savez que parler de loi, de droits, d'ordre et d'argent. C'est bien ça. Vous êtes paniqués par votre incapacité à faire une lecture géante des choses, une lecture à l'échelle humaine. Si vous ouvriez vos cœurs, si vous deveniez grands, si vous quittiez vos peurs morbides qui vous terrassent jusque dans l’âme, si vous tourniez enfin la page sur toutes les petites idées qui perdent le monde tous les jours, si vous regardiez pour voir et que vous écoutiez pour entendre…alors vous pourriez être d'authentiques artisans d'une ère nouvelle mais, au lieu de ça, vous vous contentez de refouiller, encore et encore, la fosse à purin du monde afin d'y dégoter de vieux morceaux engloutis de ses échecs pour ensuite vous demander, le plus sérieusement du monde et vous croyant, pour cela, si intelligents, quelle serait la meilleure manière de refaire l'outre brisée avec les quelques fragments souillés qui en restent. Vous connaissez pourtant l'adage "À vin nouveau, outres neuves." Mais, voilà. Vos propres beuveries d’initiés, où vous vous soûlez sans gêne avec tous les jus amers des fruits de vos vols, devenus fermentés tant ils pourrissent à l’abri des regards inquiets et des mains affamées depuis longtemps, vous ont fait perdre la tête et vous lancer dans le vice avec une telle ingratitude, une telle ignominie, qu’elles vous ont rendu imperméables et morts au goût majestueux du vin nouveau qui tombe en pluie sur la terre des hommes et qui les rend ivres de justice et de dignité!
Je vous le dis avec toute ma force d’homme…ce soir, je vous maudis! Je vous maudis même si je sais que mon cœur n’est pas fait pour la haine. Je vous accuse de faire de mes frères et des mes sœurs des esclaves de Mammon! Je veux accuse de battre et d’enchainer leurs enfants, indignés par tous vos crimes, comme s’ils étaient les malfaiteurs que vous êtes! Je vous accuse de nous diviser sciemment les uns contre les autres pour que nous en venions à nous déchirer comme des bêtes sauvages, saignant à blanc nos forces vives qui, vous ne le savez que trop, viendraient à bout de tous les policiers du monde déployés en droite ligne, comme un tsunami d'hommes et de femmes poussés par les rêves que vous ne faites plus et déferlant sur le monde pour le nettoyer de la pourriture qui le ronge et dont vous l’avez contaminé. Je vous accuse de manipuler odieusement nos consciences, nous culpabilisant de ne pas rester d’une passivité angélique lorsque vous utilisez vous-mêmes la violence pour placer de force, et malgré elle, toute une génération neuve en contention douloureuse, attachée sur le lit froid et dur de ce que vous appelez « le droit et l’ordre » et qui ne sert que vous !
En voilà assez! Je me lève, avec tous mes camarades que vous tabassez violemment, et vous crie au visage que vous n’avez plus aucun droit sur nous! Vous n’avez plus aucun droit sur nous car vous êtes coupables d’attenter à la vie de l’âme de notre nation: sa jeunesse. À cet espoir ardent qui la consume de douleur: un monde meilleur et plus juste, enfin lavé de vos maudites austérités que vous jetez sur elle comme une gangrène, histoire de s’assurer qu’il faudra l’amputer de ses bras et de ses jambes, la réduisant pour toujours à l’état de larve, lorsqu’elle arrivera au porte de la mort où vous l’aurez volontairement conduite! Et vous direz que vous êtes bons et que vous lui sauvez la vie! Fourbes ! Hypocrites ! Menteurs et sépulcres blanchis ! Je voudrais vous attacher une meule au cou et vous jeter, moi-même, tous à la mer ! Le Québec ne vous veut plus ! Le monde ne vous veut plus ! Ne nous entendez-vous donc pas hurler votre congédiement? Faudra-t-il que la Terre entière tremble, qu’elle s’entrouve et se déchire pour vous avaler pour toujours dans les enfers? Alors, qu’il en soit ainsi! Vous n’entrerez pas avec nous dans l’ère nouvelle dont on peut déjà voir les perce-neige annoncer la fleuraison! Voici arrivé, non plus seulement le printemps arabe, québécois ou celui des indignés mais le printemps du monde!
Je dis à mes camarades qui sont dans les rues, menacés par vos lois, vos matraques et vos gaz, au Québec ou ailleurs : N’ayez pas peur! N’ayez plus peur! Vous appartenez à l’avenir et à l’espoir! Vos dominateurs appartiennent à la honte et au passé, au vice, au mensonge, à la tromperie, à la répression et au vol! Leur monde est déjà mort. Il est froid depuis longtemps et se décompose sous nos yeux. Nos narines sont pleines de son odeur putride!
Je vous demande de tenir bon! Le jour se lève. La nuit achève. Confiance, mes amis! Vous n’êtes pas seuls! Unissez-vous avec tous les autres combattants du monde qui envahissent de nouveau ses rues pour les arracher aux mains des exploiteurs sans scrupule qui le domine et l’abuse! Restez dignes dans vos douleurs et dans vos humiliations mais sans reculer d’un pas.
La victoire arrive. Un autre monde est déjà gagné car ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre deviennent aujourd’hui les témoins des convulsions et des cris de l’ancien monde, le maudit et le rejeté, qui se disloque et se fend dans un fracas qui dérange tout l’Univers.
Et vous, vous êtes à la fois prophètes et guerriers. C’est vous qui abattrez enfin ses murs indignes, pierre par pierre, et qui les jetterez au feu, juste après avoir gagné la dernière guerre.
C’est encore vous qui bâtirez ensuite les grandes tours vigiles d’un monde renouvelé, là où tout ne se payera plus de sang, de larmes et d’argent.
Si l’espoir est dans l’action, alors vous êtes l’espoir le meilleur et le plus fort.
Que la lutte finale commence.
***
Martin Vaillancourt
martinvaillancourt.info
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10 commentaires
Archives de Vigile Répondre
21 mai 2012Je ne puis comprendre les québécois en accord avec cette supposée loi émise par ce supposé gouvernement. Que vous soyez en accord ou non avec les réclamations d'origine du mouvement étudiant (soit les frais de scolarité), vous ne pouvez pas être d'accord avec une loi voulant réduire une partie de son peuple au silence, qui plus es la relève de celui-ci.
Si ce gouvernement peu s'abaisser à une telle loi qui vas à l'encontre de toute logique humanitaire, combien pensez-vous qu'il pourras vous traiter et vous manquer de respect, vous les gens de la classe ouvrière... Ces jeunes veulent vous ouvrir les yeux sur le niveau de corruption et de non respect de nos "représentants" politiques mais vous préférez fermer les yeux et vous faire vider vos poches sans mots dire.
Malheureusement, le vieil adage n'est plus... « Si jeunesse savais, si vieillesse pouvais » est entrain de disparaitre, la "myopie" de ces derniers annéantie ce grand proverbe car la perspicacité des premiers est critiqués par les seconds.
Petit peuple... changez votre "Me, Myself and I" par le "Us, Ourselves and We". Gardez la tête haute et ne vous laissez pas distraire par les galipettes de ces députés malsains vivant dans leurs châteaux dorés payés à même le salaire dûrement gagnés à la sueur de VOTRE front. Ce temps est révolu, il est temps maintenant de les "détroner" et de gérer de façon plus humaine et équitable les ressources dont nous disposons.
À vous tous, frères et soeurs, étudiants ou non, dégoutés par les bassesses de ce gouvernement, il serais temps de former une nouvelle démocratie, un nouveau mouvement politique travaillant pour et par le peuple.
Non, comme le dit si bien l'auteur du texte, « N'ayez pas peur ! », vous n'êtes pas seul.
Archives de Vigile Répondre
19 mai 2012Le problème monsieur Vaillancourt, c'est que cette grève étudiante a fait monter la popularité de Charest auprès de tous les Elvis Gratton du Québec et que les libéraux ont maintenant de belles chances d'y aller pour un quatrième mandat.
Chaque petit sursaut de l'opprimé fait monter la popularité de l'oppresseur.
Déprimant, mais bien réel. Et pourquoi? Parce que chaque Elvis Gratton québécois protège son statut social et le refuse aux autres.
Stefan Allinger Répondre
19 mai 2012Merci Martin,
Quel bijoux. Vous avez une plume magnifique.
Je suis allé dans les rues de Montréal hier et j'ai senti la force de la vague. Les opposants voudraient ériger des barrages et casser le mouvement mais ils n'ont rien compris.
Stefan Allinger
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
19 mai 2012"Je vous demande de tenir bon ! Le jour se lève. La nuit achève. Confiance, mes amis ! Vous n’êtes pas seuls ! Unissez-vous avec tous les autres combattants du monde qui envahissent de nouveau ses rues pour les arracher aux mains des exploiteurs sans scrupule qui le domine et l’abuse ! " (M.V.)
Mais ne péchons pas par excès d'enthousiasme: ailleurs, l'information n'est pas aussi contrôlée que chez-nous, le berceau de Power... Voyons dès ce matin sur le pense-bête: la population appuie la loi matraque... si on ne tient compte de la méthodologie truquée!
Tout ça dépasse le prétexte des étudiants: il s'agit en fait de contôler les manifs pendant l'élection qu'on s'apprête à voler! Maintenir par l'écoeurantite les étudiants dans l'abstentionnisme; consolider les anglos/allos par une image de désordre, voire de terreur, par l'image et le commentaire des policiers plantés dans toutes les émissions d'opinion; récupérer la population industrieuse de Montréal qui est dérangée dans sa course quotidienne à plus de revenus dans un salaire amputé; montrer à l'ensemble du Québec des grands titres fabriqués pour propager l'idée que le Joker a les choses bien en main, par opposition aux "séparatiss..."
Pas d'autre solution pour les indignés que de monter une stratégie électorale: anything but PLQ la mafia.
Archives de Vigile Répondre
19 mai 2012Pensez-vous qu'un régime qui supprime le droit à la contestation va garder longtemps une deuxième langue "étrangère" au continent ploutocratique ? Si éduquer la jeunesse coûte trop cher, imaginez le coût insupportable d'une deuxième langue officielle...et cet abruti de Legault qui lèche les bottes de Charest !
Mal barrés....
Archives de Vigile Répondre
19 mai 2012Vous n’êtes pas seuls ! Unissez-vous avec tous les autres combattants du monde qui envahissent de nouveau ses rues pour les arracher aux mains des exploiteurs sans scrupule qui le domine et l’abuse !
Ou dois-je aller, je veux me joindre au combat, moi apprenti guerrière que l'on a abbrever de assis-toi, tais-toi, il n'y a rien a faire de toute façon.
Mes ainés et trop de mes paire ont refuser la bataille, mes cadets me montre la voie et je veux la suivre. Je ne veux plus entendre de phrase toute faite, conçu pour ne rien faire. Pour vivre sans vivre vraiment, qui nous condamne a la défaite avant la bataille.
François Munyabagisha Répondre
18 mai 2012Aucune armée combien puissante soit-elle ne peut résister à la marche d'un peuple qui n'a plus peur, qui marche la tête haute propulsé par la vérité, les vertus et l'esprit du bien.
Ce texte «n'ayez pas peur», je vais le lire chaque matin à mon petit déjeuner, j'en ferai mon bouclier au milieu de la journée lorsqu'il me viendra l'envie de faire une marche dans les ruelles 78.
Archives de Vigile Répondre
18 mai 2012Et ils se débattent comme diables en eaux bénites sachant que leurs fin est proche ,N'ayons plus peurs , nous guerriers de la Lumière vaincrons contre les sombres forces de la ploutocratie
Martin Perron Répondre
18 mai 2012Bravo! J'aime vos emprunts bibliques. Je suis moi-même chrétien et fier de l'être. Je suis aussi un patriote qui cherche à lutter contre le pouvoir de l'ombre qui s'est abattu sur nos vies. Comme beaucoup d'autres, je me suis tu trop longtemps mais le poids d'exprimer ma révolte se fait de plus en plus pressant en moi. J'ai éclaté à New-York l'automne dernier avec les manifestants d'Occupy Wall Street et ce n'était pas moi qui parlais mais une force en moi qui s'est écrié: Wake up America! and Justice will be made! Même qu'un policier new-yorkais est venu prêt de tomber en entendant ces paroles tellement c'était fort et puissant. On y est. Les choses doivent changer. Pour ma part, j'aimerais beaucoup rencontrer d'autres patriotes qui partagent les mêmes préoccupations pour échanger, profiter de leurs informations et voir ce qu'on peut faire ensemble pour notre libération nationale. J'habite à Montréal et c'est un appel à tous que je fais.
Serge Jean Répondre
18 mai 2012Magnifique.
Maintenant,DEHORS les faux représentants du peuple.
Jean