Le Devoir jeudi, 31 août 2006
_ Gervais, Lisa-Marie
Avec pour invités de grandes icônes tels Shirin Ebadi, l'avocate iranienne Prix Nobel de la paix, et Sri Sri Ravi Shankar, grand leader international connu pour ses initiatives de paix globale et en lice pour le prestigieux prix, un grand rendez-vous des religions et de la liberté, qui aura lieu du 11 au 15 septembre, promet de ne pas passer inaperçu. Trois autres lauréats du prix Nobel de la paix, l'archevêque Desmond Tutu, le dalaï-lama et Mgr Belo du Timor oriental ont même accepté de se joindre au projet.
«Depuis le 11 septembre 2001, le terrorisme a été la plus grande menace à la paix. Malheureusement, beaucoup de gens ont attribué cette violence uniquement à l'islam», souligne Sri Sri Ravi Shankar, l'instigateur de la Fondation l'Art de vivre. Ce leader spirituel et grand humaniste est chaque année invité par des chefs d'État et des organisations telles que les Nations unies et le Parlement européen pour enseigner ses méthodes de respiration en guise de solution à la violence.
En présence de plus d'un millier d'adeptes de toutes croyances, une série de thèmes fondamentaux tels la religion et la science, le prosélytisme et la liberté religieuse, la religion et les femmes seront abordés lors de ce congrès international.
Le Canada semblait désigné pour accueillir un tel événement. «Shirin Ebadi a dit se sentir plus libre d'aborder ces sujets chauds ici, où il n'y a pas de position pour ou contre marquée et où tout peut véritablement être discuté. Il y a moins de tensions qu'aux États-Unis», souligne M. Sharma.
Parler d'extrémisme religieux et des droits de l'homme. L'idée avait d'abord germé dans l'esprit du professeur à la faculté d'études religieuses de l'université McGill et grand spécialiste de l'hindouisme, Arvind Sharma, alors qu'il participait, il y a une dizaine d'années, à une conférence à New York. Les attaques contre le World Trade Center le 11 septembre 2001 sont venues précipiter les choses.
«On a l'impression que, depuis le 11 septembre 2001, les religions ont une connotation négative. C'est vrai que beaucoup de mal a été fait au nom des religions, mais c'est une force qui peut être aussi très positive et il est plus que temps d'en parler», dit-il.
Selon lui, l'urgence était d'autant plus grande depuis que gagnait en popularité la théorie selon laquelle, au fur et à mesure que les sociétés progressent économiquement et politiquement, la religion tend à disparaître - du moins de la place publique - pour devenir une question d'ordre privé seulement.
«Mais on s'est rendu compte que le fondamentalisme religieux est en croissance partout dans le monde, ce qui prouve que la religion ne perd pas de son importance, bien au contraire», indique M. Sharma, avant de poursuivre du même souffle: «C'est pourquoi il faut se réunir et en parler, pour pouvoir redéfinir ensemble les termes de son entrée dans la sphère publique, d'où elle avait été bannie.»
L'issue du congrès prévoit l'adoption d'une version finale de la Déclaration universelle des droits et responsabilités par les religions du monde. À l'instar de la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU de 1948 qui, selon lui, a servi d'antidote à la montée d'extrémismes laïques, tels le fascisme et le totalitarisme, l'ébauche produite à l'issue du congrès constituerait un remède préventif à la montée de l'extrémisme religieux. Prévenir plutôt que guérir, prône M. Sharma.
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