C'est une offensive en règle contre ArcelorMittal. Arnaud Montebourg a reçu le soutien de plusieurs figures de la majorité ainsi que d'élus mosellans de tous bords, après avoir évoqué jeudi « l'éventualité d'un contrôle public, même temporaire » du site de Florange.
Recevant « Les Échos » en fin de semaine, le ministre du Redressement productif va plus loin. Il travaille bien sur un projet de « nationalisation transitoire » de Florange. « Le problème des hauts-fourneaux de Florange, ce n'est pas les hauts-fourneaux de Florange, c'est Mittal », dit-il.
Le géant de l'acier, qui n'exploite plus ces hauts-fourneaux depuis plus d'un an et demi, avait fini par accepter fin septembre de donner deux mois à l'Etat pour trouver un repreneur. Mais il a exclu du « package » toute la filière froide du site. Or Arnaud Montebourg dit avoir « deux offres » de reprise, à condition que l'ensemble du site soit en vente.
Mis sous pression par le gouvernement, ArcelorMittal s'est montrée vendredi inflexible, voire menaçante : la vente de l'intégralité du site de Florange « mettrait en péril la viabilité du reste des activités d'ArcelorMittal en France, où le groupe emploie 20.000 salariés » .
Les leçons de Gandrange
Engagé dans un bras de fer à quelques jours de la date butoir du 1erdécembre, le ministre du Redressement productif l'affirme sans ciller : « Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu'ils n'ont pas respecté la France. »
Instruit par les mésaventures de Nicolas Sarkozy qui n'a pas pu empêcher la fermeture du site de Gandrange et l'a payé électoralement, Arnaud Montebourg estime que « les mensonges de Mittal depuis 2006 sont accablants » et qu'il « n'a jamais tenu ses engagements » vis-à-vis de l'Etat français. Aussi sort-il l'argument massue de la nationalisation.
Rentable, le site de Florange, est un établissement inscrit au greffe du tribunal de commerce de Nancy que l'Etat peut reprendre sans l'aval de son propriétaire moyennant indemnisation. L'idée serait une association avec un opérateur industriel, minoritaire dans le capital le temps de stabiliser l'activité. Mais l'Etat est particulièrement impécunieux. Le prix éventuel du site de Florange demeure un mystère. Sollicités, ni le ministre ni ArcelorMittal ne s'avancent sur la question. Mais la mauvaise conjoncture pousse les prix à la baisse, indique un expert.
Détermination réelle de la part d'un gouvernement qui ne croirait plus à la négociation avec un groupe qu'il accuse d'avoir déjà manqué à sa parole ? Ou nouveau coup de pression pour contraindre ArcelorMittal à plier, ou au moins accorder un délai ? Une chose est sûre : le dossier Florange est emblématique, non seulement pour le ministre du Redressement productif, mais aussi pour François Hollande, qui y était allé pendant la campagne présidentielle et y avait promis la rédaction d'une loi sur la reprise des sites rentables.
Cette loi ayant été repoussée à l'an prochain, il faut trouver d'autres moyens d'actions. Et montrer aussi que l'exécutif est prêt à tout tenter. Arnaud Montebourg a déjà utilisé l'interpellation publique pour installer un rapport de force. Mais ArcelorMittal, qui n'a que faire de l'opinion publique française, est un interlocuteur coriace.
Or l'amont du site de Florange est un de ses actifs les moins rentables en Europe. Conscient que la demande d'acier ne retrouvera pas ses niveaux d'avant-crise, ArcelorMittal entend réduire les surcapacités du marché pour faire repartir les prix à la hausse. Même si cela impose une restructuration considérable de l'ancien « Airbus de l'acier », Arcelor.
Après la fermeture de Gandrange en 2009, puis des hauts-fourneaux de Liège en début d'année, vient, selon le sidérurgiste, le tour de ceux de Florange. ArcelorMittal compte toujours engager samedi la procédure de plan social. La partie de poker engagée avec l'exécutif va au moins durer toute la semaine.
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